• August Wilhelm von Schlegel to Luigi Bossi

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Mailand · Date: 15.12.1805
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Luigi Bossi
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Mailand
  • Date: 15.12.1805
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335976727
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 1. Der Texte erste Hälfte. 1791‒1808. Bern u.a. ²1969, S. 251‒252.
  • Incipit: „[1] Geneve ce 15 Dec. 1805
    Monsieur
    Jʼai été tellement flatté de lʼhonneur que vous mʼavez fait en mʼadressant vos savantes observations sur [...]“
    Manuscript
  • Provider: Düsseldorf, Goethe-Museum
  • Classification Number: 964/1966
  • Number of Pages: 6 Seiten, 5 beschrieben
    Language
  • French
[1] Geneve ce 15 Dec. 1805
Monsieur
Jʼai été tellement flatté de lʼhonneur que vous mʼavez fait en mʼadressant vos savantes observations sur les inscriptions du lion de Venise, que jʼai mis un vif intérèt à les faire connoître dans mon pays et à les communiquer à des savans compétens dans cette matiere. Jʼai envoyé un exemplaire au redacteur de la Gazette universelle de litérature à Jena, en le priant dʼen faire lʼextrait dans sa feuille. Mais les communications avec lʼAllemagne étant beaucoup interrompues par la guerre, je nʼen ai point encore su lʼarrivée. Jʼai demandé à notre fameux poète Goethe, qui en même tems est connoisseur en fait dʼantiquités, et qui a fait deux voyages [2] en Italie, quelle est son opinion sur le style des lions en question.
Ayant fait lire ici votre lettre à Monsieur Favre dʼune des familles les plus distinguées de Genève, qui comme vous cultive les lettres uniquement par goût, il mʼa communiqué les observations ci-jointes, que vous lirez certainement avec plaisir, quoiquʼelles tendent à établir que les inscriptions sont effectivement Runiques. Mr. Favre est de cet avis sur la simple inspection du dessein ajouté à votre lettre, sans avoir lu la dissertation de Mr. Akerblad. Jʼai oublié de vous dire en repassant par Turin, que Mr. Zoega, savant antiquaire Danois à Rome, est aussi dʼavis que les inscriptions sont Runiques. Il paroît que la chose est suffisamment obscure pour que les opinions puissent être partagées.
Quant à moi je nʼai fait aucune étude [3] de lʼalphabet Etrusque et des Runes, ce nʼest que le style de la sculpture qui pourrait me determiner pour lʼune ou lʼautre de ces hypotheses. Mais je vous avoue quʼaprès avoir très attentivement considéré ces lions à Venise, jʼai été extremement embarassé pour leur assigner une epoque vu quʼils ne ressemblent à aucun autre monument de lʼantiquité, à moi connu. Jʼobserverai cependant que la plus ancienne sculpture a generalement travaillé avec une symetrie rigoureuse, comme nous le voyons dans les lions Egyptiens; que ces lions quoique visiblement destinés pour être le pendant lʼun de lʼautre, ne sont pas symetriques, lʼun étant couché lʼautre accroupi. De plus, dans la plus ancienne sculpture il y a plus de conventionnel et moins dʼimitation de la nature par exemple la criniere nʼest indiquée que [4] comme un capuchon mince, qui se termine par un bord tranchant et regulierement decoupé; aux lions de Venise non seulement la criniere est detaillée en touffes mais le poil crepu qui court le long de lʼepine du dos est marqué. Je serois donc plutôt porté à croire que ce travail tel quʼil est actuellement, remonte peu au delà des tems de Constantin. Ensuite cʼest à un sculpteur à decider, si les lions auroient pu être antérieurement des dragons, et être transformés en lions en conservant les inscriptions. Jʼai de la peine à croire quʼun dragon eut pu avoir la hauteur du lion accroupi, à moins quʼil ne faille entendre par dragons des grifons, et même alors la grosseur de la tête, qui naturellement est moindre dans un grifon me paroîtroit faire obstacle, etc etc.
[5] Quoiquʼil en soit, je me flatte que vous accueillerez avec bonté la discussion de Mr. Favre et mes insignifiantes remarques. Madame de Stael me charge de bien de complimens pour vous, et jʼai lʼhonneur dʼêtre avec la plus haute estime
Monsieur
Votre très humble et
très obéissant serviteur
A W Schlegel
[6]
[1] Geneve ce 15 Dec. 1805
Monsieur
Jʼai été tellement flatté de lʼhonneur que vous mʼavez fait en mʼadressant vos savantes observations sur les inscriptions du lion de Venise, que jʼai mis un vif intérèt à les faire connoître dans mon pays et à les communiquer à des savans compétens dans cette matiere. Jʼai envoyé un exemplaire au redacteur de la Gazette universelle de litérature à Jena, en le priant dʼen faire lʼextrait dans sa feuille. Mais les communications avec lʼAllemagne étant beaucoup interrompues par la guerre, je nʼen ai point encore su lʼarrivée. Jʼai demandé à notre fameux poète Goethe, qui en même tems est connoisseur en fait dʼantiquités, et qui a fait deux voyages [2] en Italie, quelle est son opinion sur le style des lions en question.
Ayant fait lire ici votre lettre à Monsieur Favre dʼune des familles les plus distinguées de Genève, qui comme vous cultive les lettres uniquement par goût, il mʼa communiqué les observations ci-jointes, que vous lirez certainement avec plaisir, quoiquʼelles tendent à établir que les inscriptions sont effectivement Runiques. Mr. Favre est de cet avis sur la simple inspection du dessein ajouté à votre lettre, sans avoir lu la dissertation de Mr. Akerblad. Jʼai oublié de vous dire en repassant par Turin, que Mr. Zoega, savant antiquaire Danois à Rome, est aussi dʼavis que les inscriptions sont Runiques. Il paroît que la chose est suffisamment obscure pour que les opinions puissent être partagées.
Quant à moi je nʼai fait aucune étude [3] de lʼalphabet Etrusque et des Runes, ce nʼest que le style de la sculpture qui pourrait me determiner pour lʼune ou lʼautre de ces hypotheses. Mais je vous avoue quʼaprès avoir très attentivement considéré ces lions à Venise, jʼai été extremement embarassé pour leur assigner une epoque vu quʼils ne ressemblent à aucun autre monument de lʼantiquité, à moi connu. Jʼobserverai cependant que la plus ancienne sculpture a generalement travaillé avec une symetrie rigoureuse, comme nous le voyons dans les lions Egyptiens; que ces lions quoique visiblement destinés pour être le pendant lʼun de lʼautre, ne sont pas symetriques, lʼun étant couché lʼautre accroupi. De plus, dans la plus ancienne sculpture il y a plus de conventionnel et moins dʼimitation de la nature par exemple la criniere nʼest indiquée que [4] comme un capuchon mince, qui se termine par un bord tranchant et regulierement decoupé; aux lions de Venise non seulement la criniere est detaillée en touffes mais le poil crepu qui court le long de lʼepine du dos est marqué. Je serois donc plutôt porté à croire que ce travail tel quʼil est actuellement, remonte peu au delà des tems de Constantin. Ensuite cʼest à un sculpteur à decider, si les lions auroient pu être antérieurement des dragons, et être transformés en lions en conservant les inscriptions. Jʼai de la peine à croire quʼun dragon eut pu avoir la hauteur du lion accroupi, à moins quʼil ne faille entendre par dragons des grifons, et même alors la grosseur de la tête, qui naturellement est moindre dans un grifon me paroîtroit faire obstacle, etc etc.
[5] Quoiquʼil en soit, je me flatte que vous accueillerez avec bonté la discussion de Mr. Favre et mes insignifiantes remarques. Madame de Stael me charge de bien de complimens pour vous, et jʼai lʼhonneur dʼêtre avec la plus haute estime
Monsieur
Votre très humble et
très obéissant serviteur
A W Schlegel
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