• August Wilhelm von Schlegel to Alexander von Humboldt

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Berlin · Date: 08.08.1842
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Alexander von Humboldt
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Berlin
  • Date: 08.08.1842
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 343347008
  • Bibliography: Briefe von und an August Wilhelm Schlegel. Gesammelt und erläutert durch Josef Körner. Bd. 1. Zürich u.a. 1930, S. 585‒586.
  • Incipit: „[1] Bonn 8 Août [18]42
    Mon illustre patron et ami,
    Jʼai vraiment joué de malheur lʼannée passée dans mon voyage à Berlin. Je [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: id-512528756
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,LXXV,Nr.3b(1)
  • Number of Pages: 4 S., o. U.
    Language
  • French
[1] Bonn 8 Août [18]42
Mon illustre patron et ami,
Jʼai vraiment joué de malheur lʼannée passée dans mon voyage à
Berlin. Je vous ai manqué de bien peu puisque votre dernière lettre est datée de 4 Mai. En partant dʼici quinze jours plus tard, jʼavais déjà appris à mon grand regret que je ne vous y trouverais plus. Mais je nʼai pas voulu manquer de me rendre à la première invitation du comité académique, quoique jʼeusse lieu de présumer que les choses nʼétaient pas encore fort avancées, et quʼil nʼy avait nullement urgence. Après trois mois de séjour lʼépoque de votre retour était encore incertaine, et lʼoccupation qui mʼavait appelé, nʼen aurait point été avancée si jʼétais resté plus longtemps. Dès la mi-août M. Boeckh était parti pour les bains de mer, et vers la fin du mois tout se dis[2]persait à lʼapproche des vacances de lʼuniversité. Dʼailleurs ma santé était déjà altérée par un genre de vie si opposé à mes habitudes casanières, et de retour dans mon hermitage jʼai passé très-mal la moitié de lʼhiver, de sorte que cela mʼa jeté dans une espèce de léthargie, dont je me suis pourtant relevé le plus tôt que jʼai pu.
Je désespère presque de vous voir jamais chez moi, tant de passages entre
Berlin et Paris ne vous ayant pas une seule fois laissé de loisir de faire le petit détour de Bonn. Les journaux annoncent votre venue sur le Rhin. Ce serait un grand bonheur pour moi, si vous pouviez arriver quelques jours avant le commencement des grandes représentations, afin de renouveler nos dîners tête à tête chez Very. En effet vous ne trouveriez quʼune cuisine très-bourgeoise, mais nos entretiens ne seraient pas moins animés, sous ce rapport je ne vieillis pas.
[3] Vous me feriez une grâce, si vous vouliez prendre connaissance de mes travaux préparatoires pour la nouvelle édition des Œuvres du grand Frédéric. Ils sont entre les mains de M. Boeckh. Six semaines seulement après mon arrivée jʼai présenté au Comité un Mémoire à la fin duquel jʼai fait ma profession de foi. Ensuite jʼai travaillé sur le second volume de lʼHistoire de mon temps, dont les deux tiers mʼont fourni matière à deux gros cahiers dʼanalyse grammaticale. Dites-moi, je vous en prie, si Vous êtes dʼaccord avec moi sur le principe et sur le mode dʼexécution. Après cela je Vous raconterai toutes me relations avec le Comité et je mettrai la correspondance sous vos yeux. Je fais des vœux pour que la noble et grande pensée de notre [4] Roi adoré soit dignement réalisée et je mets la main à lʼœuvre autant quʼil est en moi. Jʼai beaucoup médité ce sujet: un volume des œuvres est constamment sur ma table de nuit.
Je me suis empressé de Vous offrir un exemplaire
de mes Essais uniquement pour me rappeler à votre souvenir, car vous nʼy aurez presque rien trouvé de nouveau. Depuis quelques années je mʼamuse à faire des vers français, cʼest à dire des chansons et des épigrammes qui ne sont pas destinées au public. Vous en devinez facilement les sujets: je ne dis rien de plus, je voudrais piquer votre curiosité.
Veuillez agréer, my dear Sir, lʼhommage de mon admiration, et lʼassurance de mes sentiments dévoués, que tout loyal chevalier doit au chancelier de son ordre.
[1] Bonn 8 Août [18]42
Mon illustre patron et ami,
Jʼai vraiment joué de malheur lʼannée passée dans mon voyage à
Berlin. Je vous ai manqué de bien peu puisque votre dernière lettre est datée de 4 Mai. En partant dʼici quinze jours plus tard, jʼavais déjà appris à mon grand regret que je ne vous y trouverais plus. Mais je nʼai pas voulu manquer de me rendre à la première invitation du comité académique, quoique jʼeusse lieu de présumer que les choses nʼétaient pas encore fort avancées, et quʼil nʼy avait nullement urgence. Après trois mois de séjour lʼépoque de votre retour était encore incertaine, et lʼoccupation qui mʼavait appelé, nʼen aurait point été avancée si jʼétais resté plus longtemps. Dès la mi-août M. Boeckh était parti pour les bains de mer, et vers la fin du mois tout se dis[2]persait à lʼapproche des vacances de lʼuniversité. Dʼailleurs ma santé était déjà altérée par un genre de vie si opposé à mes habitudes casanières, et de retour dans mon hermitage jʼai passé très-mal la moitié de lʼhiver, de sorte que cela mʼa jeté dans une espèce de léthargie, dont je me suis pourtant relevé le plus tôt que jʼai pu.
Je désespère presque de vous voir jamais chez moi, tant de passages entre
Berlin et Paris ne vous ayant pas une seule fois laissé de loisir de faire le petit détour de Bonn. Les journaux annoncent votre venue sur le Rhin. Ce serait un grand bonheur pour moi, si vous pouviez arriver quelques jours avant le commencement des grandes représentations, afin de renouveler nos dîners tête à tête chez Very. En effet vous ne trouveriez quʼune cuisine très-bourgeoise, mais nos entretiens ne seraient pas moins animés, sous ce rapport je ne vieillis pas.
[3] Vous me feriez une grâce, si vous vouliez prendre connaissance de mes travaux préparatoires pour la nouvelle édition des Œuvres du grand Frédéric. Ils sont entre les mains de M. Boeckh. Six semaines seulement après mon arrivée jʼai présenté au Comité un Mémoire à la fin duquel jʼai fait ma profession de foi. Ensuite jʼai travaillé sur le second volume de lʼHistoire de mon temps, dont les deux tiers mʼont fourni matière à deux gros cahiers dʼanalyse grammaticale. Dites-moi, je vous en prie, si Vous êtes dʼaccord avec moi sur le principe et sur le mode dʼexécution. Après cela je Vous raconterai toutes me relations avec le Comité et je mettrai la correspondance sous vos yeux. Je fais des vœux pour que la noble et grande pensée de notre [4] Roi adoré soit dignement réalisée et je mets la main à lʼœuvre autant quʼil est en moi. Jʼai beaucoup médité ce sujet: un volume des œuvres est constamment sur ma table de nuit.
Je me suis empressé de Vous offrir un exemplaire
de mes Essais uniquement pour me rappeler à votre souvenir, car vous nʼy aurez presque rien trouvé de nouveau. Depuis quelques années je mʼamuse à faire des vers français, cʼest à dire des chansons et des épigrammes qui ne sont pas destinées au public. Vous en devinez facilement les sujets: je ne dis rien de plus, je voudrais piquer votre curiosité.
Veuillez agréer, my dear Sir, lʼhommage de mon admiration, et lʼassurance de mes sentiments dévoués, que tout loyal chevalier doit au chancelier de son ordre.
×
×