• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Lyon · Date: 16.06.1809
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Lyon
  • Date: 16.06.1809
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 245‒247.
  • Incipit: „G[enève] ce 16 juin 1809.
    Chère amie, j’ai été hier à Satigny, à Châtelaine, à Cologny, à Chancy; j’ai vu une quantité [...]“
    Language
  • French
G[enève] ce 16 juin 1809.
Chère amie, j’ai été hier à Satigny, à Châtelaine, à Cologny, à Chancy; j’ai vu une quantité de personnes et causé presque toute la journée, ce qui est une véritable fatigue pour moi. J’ai dîné chez votre cousine, nous avons beaucoup parlé de vous, et avec un grand intérêt comme vous pouvez penser. Cependant ce que nous savions, chacun de son côté, nous laissoit beaucoup d’obscurité sur ce qui s’est passé les premiers jours après votre arrivée à Lyon. L’après dîner j’ai causé fort intimement avec M. Gautier sur ses idées dominantes et sur vous et votre état. Il étoit informé de l’entrevue de Morges par une lettre de M. de Lang. Il m’a beaucoup animé (sic) à cultiver ma liaison avec celui-ci, et je compte bien le faire. Mais il faudra passer pour cela quelques jours à Lausanne. M. Gautier m’a témoigné une grande bienveillance; depuis qu’il me connoit un peu mieux, il me considère déjà comme un des leurs. Je crois que l’entretien de ces deux hommes pourra beaucoup contribuer à vous calmer, au lieu que les visites de Mad. Rec[amier] et de M. de V[oght] ne sauroient point ne pas rester dans les voyes extérieures.
J’ai été aussi chez Mad[ame] Rilliet qui paroît ne se douter de rien. Tout le monde m’a fait très bon accueil, on m’a offert de tous côtés à dîner et à coucher. Cette fois je m’étois arrangé pour rester à l’auberge, mais je pourrois bien en profiter si je reviens à Genève. Les Châteauvieux m’ont aussi pressé de venir un jour qu’Alb[ert] prend sa leçon la veille pour y coucher. Je n’ai vu Fred Rilliet qu’un instant parce qu’il étoit au moment de partir pour Genève avec sa femme. Ils passent quelques jours chez Mad[ame] Rilliet pour participer aux fêtes. Frédéric aurait bien envie d’aller à Lyon, mais je ne sais pas s’il pourra quitter ses parents de si tôt pour un tems considérable.
On dit que Talma est en négociations avec les comédiens de Genève pour venir y jouer. On parle beaucoup aussi d’une soirée charmante que vous devez avoir donnée, où Talma récitoit, etc... on loue votre gaieté, votre brillante conversation. Je n’admire pas la finesse de leurs observations, mais je suis bien aise qu’ils s’y trompent.
J’ai été voir à Genève Bonstetten qui, sans être malade, est toujours alité depuis votre départ. Outre la jambe boiteuse qu’il avoit, il s’est coupé dans le genou de l’autre, mais dans quelques jours il sera rétabli. Il a vu votre état le jour du départ, vous lui en avez écrit aussi sans lui en indiquer la cause. Il y prend vivement part autant que cela est en lui. Il était aussi affecté de la mort de Muller.
Charles de la Bédoyère a été tué à la bataille d’Essling au moment où son père qui vient de mourir laisse une fortune de 100.000 francs de rentes au fils aîné, qui est à présent l’unique.
M. de St. Priest qui s’est arrangé, à ce qu’il paroît, fort agréablement à la campagne avec sa famille m’a dit que le préfet était fort triste, il n’a pas reçu plusieurs personnes qui sont venues lui faire visite. D’autres disent qu’il évite de parler sur la perte de son fils et qu’il se prête assez à d’autres sujets de conversation. Il n’a point de nouvelle depuis trois mois de son autre fils en Espagne, excepté une lettre sans date du jeune Roca qui le dit bien portant. Je n’ai aucune nouvelle des miens. Je suppose presque que ma belle-sœur aura quitté Vienne, où la cherté doit être excessive.
J’ai assez bonne espérance sur la chose qui m’intéresse principalement, je ne peux vous en développer toutes mes raisons. Peut-être que dans l’espace d’une année cela aura déjà produit du changement dans nos projets.
Adieu, chère amie. Si j’avois une bénédiction à donner, elle seroit pour vous.
G[enève] ce 16 juin 1809.
Chère amie, j’ai été hier à Satigny, à Châtelaine, à Cologny, à Chancy; j’ai vu une quantité de personnes et causé presque toute la journée, ce qui est une véritable fatigue pour moi. J’ai dîné chez votre cousine, nous avons beaucoup parlé de vous, et avec un grand intérêt comme vous pouvez penser. Cependant ce que nous savions, chacun de son côté, nous laissoit beaucoup d’obscurité sur ce qui s’est passé les premiers jours après votre arrivée à Lyon. L’après dîner j’ai causé fort intimement avec M. Gautier sur ses idées dominantes et sur vous et votre état. Il étoit informé de l’entrevue de Morges par une lettre de M. de Lang. Il m’a beaucoup animé (sic) à cultiver ma liaison avec celui-ci, et je compte bien le faire. Mais il faudra passer pour cela quelques jours à Lausanne. M. Gautier m’a témoigné une grande bienveillance; depuis qu’il me connoit un peu mieux, il me considère déjà comme un des leurs. Je crois que l’entretien de ces deux hommes pourra beaucoup contribuer à vous calmer, au lieu que les visites de Mad. Rec[amier] et de M. de V[oght] ne sauroient point ne pas rester dans les voyes extérieures.
J’ai été aussi chez Mad[ame] Rilliet qui paroît ne se douter de rien. Tout le monde m’a fait très bon accueil, on m’a offert de tous côtés à dîner et à coucher. Cette fois je m’étois arrangé pour rester à l’auberge, mais je pourrois bien en profiter si je reviens à Genève. Les Châteauvieux m’ont aussi pressé de venir un jour qu’Alb[ert] prend sa leçon la veille pour y coucher. Je n’ai vu Fred Rilliet qu’un instant parce qu’il étoit au moment de partir pour Genève avec sa femme. Ils passent quelques jours chez Mad[ame] Rilliet pour participer aux fêtes. Frédéric aurait bien envie d’aller à Lyon, mais je ne sais pas s’il pourra quitter ses parents de si tôt pour un tems considérable.
On dit que Talma est en négociations avec les comédiens de Genève pour venir y jouer. On parle beaucoup aussi d’une soirée charmante que vous devez avoir donnée, où Talma récitoit, etc... on loue votre gaieté, votre brillante conversation. Je n’admire pas la finesse de leurs observations, mais je suis bien aise qu’ils s’y trompent.
J’ai été voir à Genève Bonstetten qui, sans être malade, est toujours alité depuis votre départ. Outre la jambe boiteuse qu’il avoit, il s’est coupé dans le genou de l’autre, mais dans quelques jours il sera rétabli. Il a vu votre état le jour du départ, vous lui en avez écrit aussi sans lui en indiquer la cause. Il y prend vivement part autant que cela est en lui. Il était aussi affecté de la mort de Muller.
Charles de la Bédoyère a été tué à la bataille d’Essling au moment où son père qui vient de mourir laisse une fortune de 100.000 francs de rentes au fils aîné, qui est à présent l’unique.
M. de St. Priest qui s’est arrangé, à ce qu’il paroît, fort agréablement à la campagne avec sa famille m’a dit que le préfet était fort triste, il n’a pas reçu plusieurs personnes qui sont venues lui faire visite. D’autres disent qu’il évite de parler sur la perte de son fils et qu’il se prête assez à d’autres sujets de conversation. Il n’a point de nouvelle depuis trois mois de son autre fils en Espagne, excepté une lettre sans date du jeune Roca qui le dit bien portant. Je n’ai aucune nouvelle des miens. Je suppose presque que ma belle-sœur aura quitté Vienne, où la cherté doit être excessive.
J’ai assez bonne espérance sur la chose qui m’intéresse principalement, je ne peux vous en développer toutes mes raisons. Peut-être que dans l’espace d’une année cela aura déjà produit du changement dans nos projets.
Adieu, chère amie. Si j’avois une bénédiction à donner, elle seroit pour vous.
· Übersetzung , 16.06.1809
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 186–187.
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