• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Lyon · Date: 18. Juni [1809]
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Lyon
  • Date: 18. Juni [1809]
  • Notations: Datum (Jahr) sowie Absende- und Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 247‒249.
  • Incipit: „Ce 18 juin [1809].
    Chère amie, plus votre état est violent et insupportable, plus je suis convaincu qu’il ne sauroit durer. Je [...]“
    Language
  • French
Ce 18 juin [1809].
Chère amie, plus votre état est violent et insupportable, plus je suis convaincu qu’il ne sauroit durer. Je n’aurois pas conseillé d’insister sur un terme de la déclaration aussi éloigné. Il n’est pas vraisemblable que cette personne après toutes ces simagrées de mauvais romans, veuille s’y soumettre de bonne foi, et alors cela produit de nouvelles faussetés et de nouvelles agitations. Je ne me réjouis pas non plus de voir arriver M. C[onstant] avec vous. C’est le moindre inconvénient que sa présence vous désharmonise avec tout le reste de vos amis. Mais tout le tems que vous passez encore avec lui est perdu pour votre destinée, c’est un délai mis au retour du bonheur, ou du moins de la tranquillité, de l’oubli et de l’emploi de vos plus nobles facultés. Je sais bien qu’il y a des opérations trop douloureuses pour les achever à la fois, mais certainement les interruptions et les reprises augmentent la quantité totale de douleur à supporter. Il est à souhaiter pour vous qu’il y ait une impossibilité physique de le revoir, autant qu’il n’y a que des difficultés morales les mêmes luttes pénibles se renouvelleront toujours.
J’aurois pris votre dernière lettre pour un ordre de partir tout de suite, si vous ne m’aviez pas renvoyé à l’arrivé de Simonde. Je me tiens prêt en attendant par lui votre décision finale. Si vous revenez le premier juillet et que je pars le 22, cela ne fera que dix jours en y comprenant le voyage et le retour. Je serai à peine quelques jours seul avec vous. Pourquoi voulez-vous que I’envie du plaisir et pas uniquement mon intérêt pour vous m’y attire? J’ai l’esprit trop préoccupé pour trouver plaisir qu’à un seul genre de lecture, que vous devinez bien et qu’il n’est pas toujours facile de se procurer.
Vous ne dites rien de l’arrivee de M. de Montm[orency]. C’est celle-là que j’aurais désirée, tout le reste n’est rien.
J’avais oublié de vous dire que M. Cellerier est assez content d’Alb[ert], excepté qu’il ne trouve pas assez de clarté et de précision dans ce qu’il écrit. Cependant son dernier thème a été mieux.
J’habite si loin de M. Bar. que je suis bien dispensé du devoir de lui faire des visites, cependant j’en ferai une la fois prochaine que j’irai en ville si j’en ai le tems. Je trouve que le genre de malheur qu’il éprouve a cette fois montré du discernement dans son coup: il est juste que les courtiers connoissent la nature du marché qu’ils font conclure aux autres.
Votre exhortation à l’égard des domestiques me prouve bien que vos anciens préjugés sur moi sont indéracinables. Ne vous inquiétez pas, ils ne se gênent pas pour moi, comme ils ne font guère non plus pour vous quand vous y êtes. Le mot de Swift peut être applicable dans les cas très variés, mais d’ordinaire ils ne sont ni malheureux ni vos amis.
La feuille suisse ne donne pas plus de détails sur la mort de Schill que ce que vous avez vu dans les papiers français. Son audace l’aura perdu, il paroît qu’au lieu de s’embarquer il a voulu se battre n’ayant qu’un homme contre quatre. C’est la pesanteur des Hollandais et des Danois qui l’a accablé. Je crains que cet homme ne se multiplie même après sa mort. Des feuilles du Nord rapportent que trois mille hommes avoient déserté de Königsberg tambour battant et enseignes déployées. Les Tyroliens inondent de nouveau, avec les Autrichiens qui s’étaient retirés dans les montagnes, la partie méridionale de la Bavière. Tout ce qu’il y a de troupes françaises et bavaroises paraît s’être concentré autour d’Augsbourg et de Munich. L’entrée d’un coprs ennemi à Dresde ne s’est par confirmée.
Schelling m’a fait parvenir un volume de traités philosophiques dont le seul qui soit nouveau est en partie dirigé contre Frédéric, d’après ce que j’ai vu en feuilletant, avec des égards extérieurs, mais beaucoup d’animosité au fond. Fr[édéric] trouvera bien une fois le Ioisir d’y répondre. Toute cette philosophie n’est qu’une nourriture creuse.
Hier il n’est rien arrivé pour vous ni de France ni de Suisse.
Adieu, chère amie, j’irai mardi à Genève pour voir M. Sismondi et me faire décider par lui, et alors je prendrai mes arrangements tout de suite.
J’espère que vous aurez reçu toutes mes lettres, j’ai écrit aussi à Auguste. Vous ne savez pas combien je vous suis dévoué et vous voulez à peine l’apprendre.
Ce 18 juin [1809].
Chère amie, plus votre état est violent et insupportable, plus je suis convaincu qu’il ne sauroit durer. Je n’aurois pas conseillé d’insister sur un terme de la déclaration aussi éloigné. Il n’est pas vraisemblable que cette personne après toutes ces simagrées de mauvais romans, veuille s’y soumettre de bonne foi, et alors cela produit de nouvelles faussetés et de nouvelles agitations. Je ne me réjouis pas non plus de voir arriver M. C[onstant] avec vous. C’est le moindre inconvénient que sa présence vous désharmonise avec tout le reste de vos amis. Mais tout le tems que vous passez encore avec lui est perdu pour votre destinée, c’est un délai mis au retour du bonheur, ou du moins de la tranquillité, de l’oubli et de l’emploi de vos plus nobles facultés. Je sais bien qu’il y a des opérations trop douloureuses pour les achever à la fois, mais certainement les interruptions et les reprises augmentent la quantité totale de douleur à supporter. Il est à souhaiter pour vous qu’il y ait une impossibilité physique de le revoir, autant qu’il n’y a que des difficultés morales les mêmes luttes pénibles se renouvelleront toujours.
J’aurois pris votre dernière lettre pour un ordre de partir tout de suite, si vous ne m’aviez pas renvoyé à l’arrivé de Simonde. Je me tiens prêt en attendant par lui votre décision finale. Si vous revenez le premier juillet et que je pars le 22, cela ne fera que dix jours en y comprenant le voyage et le retour. Je serai à peine quelques jours seul avec vous. Pourquoi voulez-vous que I’envie du plaisir et pas uniquement mon intérêt pour vous m’y attire? J’ai l’esprit trop préoccupé pour trouver plaisir qu’à un seul genre de lecture, que vous devinez bien et qu’il n’est pas toujours facile de se procurer.
Vous ne dites rien de l’arrivee de M. de Montm[orency]. C’est celle-là que j’aurais désirée, tout le reste n’est rien.
J’avais oublié de vous dire que M. Cellerier est assez content d’Alb[ert], excepté qu’il ne trouve pas assez de clarté et de précision dans ce qu’il écrit. Cependant son dernier thème a été mieux.
J’habite si loin de M. Bar. que je suis bien dispensé du devoir de lui faire des visites, cependant j’en ferai une la fois prochaine que j’irai en ville si j’en ai le tems. Je trouve que le genre de malheur qu’il éprouve a cette fois montré du discernement dans son coup: il est juste que les courtiers connoissent la nature du marché qu’ils font conclure aux autres.
Votre exhortation à l’égard des domestiques me prouve bien que vos anciens préjugés sur moi sont indéracinables. Ne vous inquiétez pas, ils ne se gênent pas pour moi, comme ils ne font guère non plus pour vous quand vous y êtes. Le mot de Swift peut être applicable dans les cas très variés, mais d’ordinaire ils ne sont ni malheureux ni vos amis.
La feuille suisse ne donne pas plus de détails sur la mort de Schill que ce que vous avez vu dans les papiers français. Son audace l’aura perdu, il paroît qu’au lieu de s’embarquer il a voulu se battre n’ayant qu’un homme contre quatre. C’est la pesanteur des Hollandais et des Danois qui l’a accablé. Je crains que cet homme ne se multiplie même après sa mort. Des feuilles du Nord rapportent que trois mille hommes avoient déserté de Königsberg tambour battant et enseignes déployées. Les Tyroliens inondent de nouveau, avec les Autrichiens qui s’étaient retirés dans les montagnes, la partie méridionale de la Bavière. Tout ce qu’il y a de troupes françaises et bavaroises paraît s’être concentré autour d’Augsbourg et de Munich. L’entrée d’un coprs ennemi à Dresde ne s’est par confirmée.
Schelling m’a fait parvenir un volume de traités philosophiques dont le seul qui soit nouveau est en partie dirigé contre Frédéric, d’après ce que j’ai vu en feuilletant, avec des égards extérieurs, mais beaucoup d’animosité au fond. Fr[édéric] trouvera bien une fois le Ioisir d’y répondre. Toute cette philosophie n’est qu’une nourriture creuse.
Hier il n’est rien arrivé pour vous ni de France ni de Suisse.
Adieu, chère amie, j’irai mardi à Genève pour voir M. Sismondi et me faire décider par lui, et alors je prendrai mes arrangements tout de suite.
J’espère que vous aurez reçu toutes mes lettres, j’ai écrit aussi à Auguste. Vous ne savez pas combien je vous suis dévoué et vous voulez à peine l’apprendre.
· Übersetzung , 18.06.1809
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 187–189.
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