• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bern · Place of Destination: Coppet · Date: 29.12.1811
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bern
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 29.12.1811
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 336‒337.
  • Incipit: „Berne, ce 29 décembre 1811.
    Depuis mon départ de Coppet, chère amie, je n’ai pas encore eu de vos nouvelles, et cependant [...]“
    Language
  • French
  • Latin
Berne, ce 29 décembre 1811.
Depuis mon départ de Coppet, chère amie, je n’ai pas encore eu de vos nouvelles, et cependant voici la troisième lettre que je vous écris.
Je me suis logé chez Mlle Wagner, dans l’appartement de la jolie dame d’honneur de la grande duchesse. Il y a de quoi réchauffer mon imagination et j’en ai besoin, car n’ayant pu trouver de chambre à cheminée, je grelotte tout le tems.
M. de Schr[aut] m’a accueilli comme à l’ordinaire. Lorsque je lui expliquois pourquoi je n’avois pas encore fait usage de ses passeports pour moi et mes compagnons de voyage, il me dit: ces passeports sont donnés pour les employer quand on le trouve à propos; du reste si vous les trouvez trop vieillis, je serai toujours prêt à les renouveler.
M. Von der Lahr est effectivement parti pour l’Allemagne; avant-hier j’ai dîné avec lui au Faucon. Il s’est offert très obligeamment à faire mes commissions si j’en avois. Vraiment cet homme fait pitié à voir, car s’il n’a pas l’air d’un pendard il a la mine d’un pendu. Quelqu’un qui l’avoit rencontré dans la rue me fit des questions sur lui et sur son procès, en ajoutant qu’il devoit avoir de bien pauvres espérances, puisqu’il étoit impossible de voir un homme plus accablé et plus soucieux. Je pense que vous lui devriez céder votre terre, non pas en stricte justice mais in aequo et bono.
Je n’ai pas encore pu voir M. de Freudenreich, il avoit hier à dîner les députés qui sont ici pour négocier avec l’ambassadeur de Fr[ance]. M. de Watteville, qui est aussi dans cette députation, doit revenir de Paris l’un de ces jours. Madame de Freudenreich, la femme de l’avoyer, a été fort dangereusement malade, elle est encore en convalescence.
Pour le moment ce pays jouit d’une grande sécurité. On n’a aucune idée comme cette ville est peu bruyante; je crois être venu à la campagne, ayant quitté une grande résidence qui étoit la vôtre. Tout est si tôt fini le soir que les nuits sont d’une longueur insurmontable, et le meuble le plus nécessaire pour moi c’est un briquet phosphorique pour allumer de la lumière avant le jour.
Adieu, chère amie, donnez-moi bientôt de bonnes nouvelles de votre santé.
Godefroi compte aller à Genève le 5 ou 6 janvier. Il sintéresse toujours vivement à ce qui vous concerne.
Berne, ce 29 décembre 1811.
Depuis mon départ de Coppet, chère amie, je n’ai pas encore eu de vos nouvelles, et cependant voici la troisième lettre que je vous écris.
Je me suis logé chez Mlle Wagner, dans l’appartement de la jolie dame d’honneur de la grande duchesse. Il y a de quoi réchauffer mon imagination et j’en ai besoin, car n’ayant pu trouver de chambre à cheminée, je grelotte tout le tems.
M. de Schr[aut] m’a accueilli comme à l’ordinaire. Lorsque je lui expliquois pourquoi je n’avois pas encore fait usage de ses passeports pour moi et mes compagnons de voyage, il me dit: ces passeports sont donnés pour les employer quand on le trouve à propos; du reste si vous les trouvez trop vieillis, je serai toujours prêt à les renouveler.
M. Von der Lahr est effectivement parti pour l’Allemagne; avant-hier j’ai dîné avec lui au Faucon. Il s’est offert très obligeamment à faire mes commissions si j’en avois. Vraiment cet homme fait pitié à voir, car s’il n’a pas l’air d’un pendard il a la mine d’un pendu. Quelqu’un qui l’avoit rencontré dans la rue me fit des questions sur lui et sur son procès, en ajoutant qu’il devoit avoir de bien pauvres espérances, puisqu’il étoit impossible de voir un homme plus accablé et plus soucieux. Je pense que vous lui devriez céder votre terre, non pas en stricte justice mais in aequo et bono.
Je n’ai pas encore pu voir M. de Freudenreich, il avoit hier à dîner les députés qui sont ici pour négocier avec l’ambassadeur de Fr[ance]. M. de Watteville, qui est aussi dans cette députation, doit revenir de Paris l’un de ces jours. Madame de Freudenreich, la femme de l’avoyer, a été fort dangereusement malade, elle est encore en convalescence.
Pour le moment ce pays jouit d’une grande sécurité. On n’a aucune idée comme cette ville est peu bruyante; je crois être venu à la campagne, ayant quitté une grande résidence qui étoit la vôtre. Tout est si tôt fini le soir que les nuits sont d’une longueur insurmontable, et le meuble le plus nécessaire pour moi c’est un briquet phosphorique pour allumer de la lumière avant le jour.
Adieu, chère amie, donnez-moi bientôt de bonnes nouvelles de votre santé.
Godefroi compte aller à Genève le 5 ou 6 janvier. Il sintéresse toujours vivement à ce qui vous concerne.
· Übersetzung , 29.12.1811
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 265–266.
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