• August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Paris · Date: 23.08.1815
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 23.08.1815
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 283‒284.
  • Incipit: „Coppet 23 Août [18]15
    Je suis charmé, mon cher Auguste, dʼavoir enfin la décoration que lʼon mʼavait fait esperer depuis si long-temps, [...]“
    Language
  • French
  • German
Coppet 23 Août [18]15
Je suis charmé, mon cher Auguste, dʼavoir enfin la décoration que lʼon mʼavait fait esperer depuis si long-temps, et je vous remercie bien de lʼintérêt que vous y avez mis. Je vous prie de dire au général Pozzo di Borgo de ma part tout ce que vous jugerez à propos. Je lui écrirai aussi-tôt que vous me manderez quʼil vous a remis la croix. Je pense que vous devez être bien aise de ce que lʼEmpereur Alexandre sʼest rappelé la demande de madame votre mere. Le monde est aujourdʼhui constitué de façon que ces brimborions ne laissent pas que dʼavoir quelque avantage. Dʼabord cela donne droit à la protection des gouvernemens qui les ont donné, lorsquʼon voyage chez eux – cʼest un passeport sur la poitrine. Ensuite vos compatriotes du Nord y mettent beaucoup de prix: vous savez bien quʼils aimeraient autant se montrer sans chemise que sans ordre. Enfin des soldats bien disciplinés vous portent les armes, les laquais vous ouvrent les portes: il nʼy a point dʼinconvénient à tout cela.
Vos lettres jusquʼici ne fournissent aucun moyen dʼaugurer du succès de votre mission. Si vous pouvez conduire cette affaire à son terme sans quʼil en coûte un voyage pénible à votre mere – eris mihi magnus Apollo! Je suis tout-à-fait contre ce voyage, sʼil a nʼy a pas une necessité indispensable.
Vous manquez fort à nos soirées, quoique nous ayons eu beaucoup de monde. Lady Charlotte, en passant quelques jours ici, a bien regretté de ne pas vous trouver. Sir W. Cumming est toujours dans le purgatoire de lʼimpatience, il jure de ce que la bénédiction nuptiale nʼarrive pas, et la belle Boôpis, je pense, sʼarrangerait aussi dʼun état définitif. Vous auriez trouvé de lʼintérêt à connaître le Prince Paul de Wurtemberg – jʼai eu avec lui, outre les conversations du salon, des entretiens allemands et même germaniques.
Monti me promet des montagnes dʼor de ma célébrité en Italie acquise par mon Cours dramatique. Cependant je ne suis pas encore fort en train de ce voyage. Cela viendra peut-être au-delà des Alpes, en respirant le midi. Toutefois je serai tenté de dire comme Werner en voyant les îles Borromées:

Ihr kommt zu spät, ihr ewig grünen Lauben!
Ich habe schon die finstre Nacht geschauet,
Als mir des Lebens Morgen kaum gegrauet.
Ich kann nicht leben mehr, ich kann nur glauben! –

Adieu, mon cher Auguste, – portez vous bien, donnez nous de bonnes nouvelles, et pensez à mes exhortations négatives. Dites beaucoup de choses à Mr. de Broglie de la part du Mouni.
Simonde a reparu dans le conseil représentatif à Geneve, et cela sʼest passé sans lapidation. Dumont a été son paranymphe.
Vous trouverez sans doute à Paris des petites croix de toute espece toutes faites – achetez-moi je vous prie une miniature de celle que vous aurez reçue pour moi, afin que je puisse lʼattacher avec lʼautre a la boutonniere en y passant une petite chaîne, et envoyez moi cela avec le ruban necessaire par une voye sure. Pourvu que je lʼaye avant notre départ pour lʼItalie, cʼest tout ce quʼil faut.
Vous étes encore menacés de quelques autres commissions.
Coppet 23 Août [18]15
Je suis charmé, mon cher Auguste, dʼavoir enfin la décoration que lʼon mʼavait fait esperer depuis si long-temps, et je vous remercie bien de lʼintérêt que vous y avez mis. Je vous prie de dire au général Pozzo di Borgo de ma part tout ce que vous jugerez à propos. Je lui écrirai aussi-tôt que vous me manderez quʼil vous a remis la croix. Je pense que vous devez être bien aise de ce que lʼEmpereur Alexandre sʼest rappelé la demande de madame votre mere. Le monde est aujourdʼhui constitué de façon que ces brimborions ne laissent pas que dʼavoir quelque avantage. Dʼabord cela donne droit à la protection des gouvernemens qui les ont donné, lorsquʼon voyage chez eux – cʼest un passeport sur la poitrine. Ensuite vos compatriotes du Nord y mettent beaucoup de prix: vous savez bien quʼils aimeraient autant se montrer sans chemise que sans ordre. Enfin des soldats bien disciplinés vous portent les armes, les laquais vous ouvrent les portes: il nʼy a point dʼinconvénient à tout cela.
Vos lettres jusquʼici ne fournissent aucun moyen dʼaugurer du succès de votre mission. Si vous pouvez conduire cette affaire à son terme sans quʼil en coûte un voyage pénible à votre mere – eris mihi magnus Apollo! Je suis tout-à-fait contre ce voyage, sʼil a nʼy a pas une necessité indispensable.
Vous manquez fort à nos soirées, quoique nous ayons eu beaucoup de monde. Lady Charlotte, en passant quelques jours ici, a bien regretté de ne pas vous trouver. Sir W. Cumming est toujours dans le purgatoire de lʼimpatience, il jure de ce que la bénédiction nuptiale nʼarrive pas, et la belle Boôpis, je pense, sʼarrangerait aussi dʼun état définitif. Vous auriez trouvé de lʼintérêt à connaître le Prince Paul de Wurtemberg – jʼai eu avec lui, outre les conversations du salon, des entretiens allemands et même germaniques.
Monti me promet des montagnes dʼor de ma célébrité en Italie acquise par mon Cours dramatique. Cependant je ne suis pas encore fort en train de ce voyage. Cela viendra peut-être au-delà des Alpes, en respirant le midi. Toutefois je serai tenté de dire comme Werner en voyant les îles Borromées:

Ihr kommt zu spät, ihr ewig grünen Lauben!
Ich habe schon die finstre Nacht geschauet,
Als mir des Lebens Morgen kaum gegrauet.
Ich kann nicht leben mehr, ich kann nur glauben! –

Adieu, mon cher Auguste, – portez vous bien, donnez nous de bonnes nouvelles, et pensez à mes exhortations négatives. Dites beaucoup de choses à Mr. de Broglie de la part du Mouni.
Simonde a reparu dans le conseil représentatif à Geneve, et cela sʼest passé sans lapidation. Dumont a été son paranymphe.
Vous trouverez sans doute à Paris des petites croix de toute espece toutes faites – achetez-moi je vous prie une miniature de celle que vous aurez reçue pour moi, afin que je puisse lʼattacher avec lʼautre a la boutonniere en y passant une petite chaîne, et envoyez moi cela avec le ruban necessaire par une voye sure. Pourvu que je lʼaye avant notre départ pour lʼItalie, cʼest tout ce quʼil faut.
Vous étes encore menacés de quelques autres commissions.
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