• Claude C. Fauriel to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 18.07.1821
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Claude C. Fauriel
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 18.07.1821
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.10
  • Number of Pages: 4S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 23,2 x 18,1 cm
  • Incipit: „[1] je vous remercie cordialement, mon cher Pandita, de m’avoir donné des nouvelles de votre heureuse arrivée dans votre aśrama; [...]“
    Language
  • French
  • Sanskrit
    Editors
  • Hanneder, Jürgen
  • Stieglitz, Clara
  • Varwig, Olivia
[1] je vous remercie cordialement, mon cher Pandita, de m’avoir donné des nouvelles de votre heureuse arrivée dans votre aśrama; je me réjouirai volontiers de ce que ne fassiez point de tapas, à condition que vous en ferez d’autant plus de dhyānaṃ; car c’est là l’unique portion de vos exercices brahmaniques, dont vos humbles confrères en Brahma puissent tirer avantage: tout le reste ne serait que pour vous. Je vous remercie encore de l’indication que vous me donnez de cette collection dʼIdoles Indiennes que vous avez vue à la Bibliothèque: je n’ai pas encore eu le temps d’aller lui faire mes dévotions; mais je compte y aller au premier jour, & vous remercier plus particulièrement quand je l’aurai visitée.-
j’ai porté moi-même et sur le champ à Mr Jacquet la lettre que vous m’aviez adressée pour lui; & il a dû déjà vous en accuser en forme, la reception, et vous informer du point où en étaient vos commissions de plâtres: et c’est dans l’espoir qu’il aura tenu la parole qu’il m’avait donnée de vous écrire le lendemain ou surlendemain du jour où je l’ai vu, que j’ai cru pouvoir me dispenser de vous annoncer sur le champ l’exécution de votre commission. Cette vénus de Milo est une grande & belle chose qui fait tourner la tête à nos artistes, et qui gâte tout ou presque tout ce qui se trouve dans son voisinage.
j’aimerais mieux pour vous que la collection des dessins Indiens que vous venez d’acquérir renfermat des sujets mythologiques, que des sujets de fantaisie: toutefois il ne laisse pas d’être important d’avoir des dessins indiens qui aient du mérite sous le rapport de l’art et de l’exécution: cela confirme toujours davantage que ce qu’il y d’imparfait ou de grotesque dans leurs ouvrages d’art qui représentent des sujets mythologiques tient plus à la fidélité religieuse à conserver les types donnés une fois dans les commencements de la religion & de l’art, qu’à un defaut d’invention & de goût dans les artistes. je n’oublie point la promesse que je vous [2] ai faite de vous chercher quelques curiosités Indiennes dignes de figurer dans la collection que vous commencez si bien: Je ne desespère pas d’en découvrir à la fin quelques unes; mais à chaque occasion que j’ai de m’en occuper, je me convaincs davantage que les curiosités de ce genre sont fort rares ici: je ne sais si nos relations actuelles avec l’Inde sont de nature à nous promettre pour l’avenir quelque chose de plus en ce genre.
je n’avais pas attendu votre lettre, pour m’occuper de la fonte de vos caractères: je m’étais déjà rendu deux fois chez M. Lion, et j’avais causé ass suffisamment avec lui, pour le trouver plein d’envie de bien faire; mais il venait à peine de commencer, et je n’avais par conséquent que bien peu de chose à voir dans ce qu’il avait fait. je retournai chez lui le lendemain de la reception de votre lettre, et la besogne me parût encore peu avancée relativement à l’intervalle qui s’était écoulé depuis ma précédente visite: il n’était encore qu’au cha. je me permis alors de lui montrer que s’il n’allait pas plus vîte que cela, la fonte ne pourrait être terminée que bien long temps après le terme exp stipulé dans votre convention avec lui, et qu’il serait très-desagréable pour vous de n’avoir pas votre fonte pour l’époque pour la quelle vous y aviez compté, &c. &c. Je l’exhortais enfin, de mon mieux, à poursuivre la besogne avec plus d’activité. C’est ce qu’il me promit, convaincu que mes observations ne manquaient pas de fondement; et je me promis à moi même de lui faire une nouvelle visite, au bout de 5 à 6 jours, pour m’assurer s’il tenait avait tenu sa promesse. Je lui ai fait cette visite avant hier; & j’ai trouvè qu’au o lieu d’un ouvrier qui jusque là avait été occupé à la fonte, il en avait actuellement deux: il m’a réitéré très expréssément la promesse d’aller aussi vîte qu’il le pouvait avec le nombre de moules qu’il pouvait employer à la fois; et l’assurance que la fonte serait terminée pour l’époque promise, ou très peu de [3] de jours plus tard. - Mr Vibert chez lequel je me rendis, en sortant de chez M. Lion et que je n’avais point encore rencontré chez lui, quand j’y étais allé auparavant, m’apprit que celui-ci lui avait dit à peu près les mêmes choses que je venais d’entendre: je les presserai l’un et l’autre de tout mon pouvoir pour que la fonte soit terminée à peu près pour l’époque convenue; mais j’avoue que j’ai un peu de peine à comprendre que cela puisse être, en comparant ce qui est fait avec ce qui reste à faire.- On est tout au plus à la moitié des lettres pleines; et j’ai peu insisté à suivre cette partie de la besogne, pour la quelle il n’y a point de difficulté, ni d’incertitudes à avoir.- Quand on en sera aux lettres coupées, je verrai plus souvent Mr Lion, & je mettrai plus d’insistance à suivre les lettres une à une, à fur & mesure de la fonte. Du reste, il est convenu entre MM. Lion, Vibert & moi que, pour mieux nous assurer de la précision de la fonte, nous en ferons l’essai dans un morceau de 8 ou 10 lignes dont je donnerai le texte, et que nous ferons composer suivant la rigueur et la précision des procédés typographiques.
L’observation que vous me faites sur la fontes des signes u, ū, ṛ, est arrivée fort à temps, et ne sera pas inutile; je l’ai communiquée à MM. Lion et Vibert, et vais la donner par écrit à ce dernier qui me l’a demandée, pour s’assurer que la chose soit faite ainsi que vous le desirez.- Je suis pr aussi pressé de vous voir faire usage de vos caractères que vous pouvez l’être d’en faire usage, car c’est pour notre bien à tous pauvres aspirants à la faculté de Pandita, que vous allez travailler.- Croyez donc que lors-même que je ne vous parlerais pas de mon intérêt pour une entreprise, dont toute l’Europe vous sera reconnaissante, je ne néglige pas pour cela le peu qui dépend de moi, pour que les choses se fassent aussi bien que vous et aussitôt que vous le souhaitez.
J’ai si peu [4] de temps actuellement à donner aux MMSS. Indiens, que je n’ai rien encore à vous annoncer qui soit digne de vous: j’achève à peine de copier l’ava dans le Harivansha l’avanture de Krishna et de Rukminī, et je vais copier de même une avanture qui se lie immédiatement à celle-là, celle de la conquête par ou enlevement par Kṛshna de lʼarbre du Paradis nommé pārijātaḥ où il mʼa semblé entrevoir des dètails singuliers pour la connaissance de la mythologie Indienne, ou même pour l’histoire gènérale de la mythologie. J’espère vous reparler un jour de tout cela, surtout quand vous aurez vos caractères.
En attendant, veuillez bien vous souvenir que vous me ferez le plus grand plaisir touteslesfois que vous voudrez me donner des nouvelles de vos projets, de vos travaux: j’en sens le prix et l’importance, & je m’estimerai toujours heureux d’être estimé par vous digne d’y applaudir. Je vous salue de cœur et d’ame.
Fauriel
Paris le 18 juillet 1821.
[1] je vous remercie cordialement, mon cher Pandita, de m’avoir donné des nouvelles de votre heureuse arrivée dans votre aśrama; je me réjouirai volontiers de ce que ne fassiez point de tapas, à condition que vous en ferez d’autant plus de dhyānaṃ; car c’est là l’unique portion de vos exercices brahmaniques, dont vos humbles confrères en Brahma puissent tirer avantage: tout le reste ne serait que pour vous. Je vous remercie encore de l’indication que vous me donnez de cette collection dʼIdoles Indiennes que vous avez vue à la Bibliothèque: je n’ai pas encore eu le temps d’aller lui faire mes dévotions; mais je compte y aller au premier jour, & vous remercier plus particulièrement quand je l’aurai visitée.-
j’ai porté moi-même et sur le champ à Mr Jacquet la lettre que vous m’aviez adressée pour lui; & il a dû déjà vous en accuser en forme, la reception, et vous informer du point où en étaient vos commissions de plâtres: et c’est dans l’espoir qu’il aura tenu la parole qu’il m’avait donnée de vous écrire le lendemain ou surlendemain du jour où je l’ai vu, que j’ai cru pouvoir me dispenser de vous annoncer sur le champ l’exécution de votre commission. Cette vénus de Milo est une grande & belle chose qui fait tourner la tête à nos artistes, et qui gâte tout ou presque tout ce qui se trouve dans son voisinage.
j’aimerais mieux pour vous que la collection des dessins Indiens que vous venez d’acquérir renfermat des sujets mythologiques, que des sujets de fantaisie: toutefois il ne laisse pas d’être important d’avoir des dessins indiens qui aient du mérite sous le rapport de l’art et de l’exécution: cela confirme toujours davantage que ce qu’il y d’imparfait ou de grotesque dans leurs ouvrages d’art qui représentent des sujets mythologiques tient plus à la fidélité religieuse à conserver les types donnés une fois dans les commencements de la religion & de l’art, qu’à un defaut d’invention & de goût dans les artistes. je n’oublie point la promesse que je vous [2] ai faite de vous chercher quelques curiosités Indiennes dignes de figurer dans la collection que vous commencez si bien: Je ne desespère pas d’en découvrir à la fin quelques unes; mais à chaque occasion que j’ai de m’en occuper, je me convaincs davantage que les curiosités de ce genre sont fort rares ici: je ne sais si nos relations actuelles avec l’Inde sont de nature à nous promettre pour l’avenir quelque chose de plus en ce genre.
je n’avais pas attendu votre lettre, pour m’occuper de la fonte de vos caractères: je m’étais déjà rendu deux fois chez M. Lion, et j’avais causé ass suffisamment avec lui, pour le trouver plein d’envie de bien faire; mais il venait à peine de commencer, et je n’avais par conséquent que bien peu de chose à voir dans ce qu’il avait fait. je retournai chez lui le lendemain de la reception de votre lettre, et la besogne me parût encore peu avancée relativement à l’intervalle qui s’était écoulé depuis ma précédente visite: il n’était encore qu’au cha. je me permis alors de lui montrer que s’il n’allait pas plus vîte que cela, la fonte ne pourrait être terminée que bien long temps après le terme exp stipulé dans votre convention avec lui, et qu’il serait très-desagréable pour vous de n’avoir pas votre fonte pour l’époque pour la quelle vous y aviez compté, &c. &c. Je l’exhortais enfin, de mon mieux, à poursuivre la besogne avec plus d’activité. C’est ce qu’il me promit, convaincu que mes observations ne manquaient pas de fondement; et je me promis à moi même de lui faire une nouvelle visite, au bout de 5 à 6 jours, pour m’assurer s’il tenait avait tenu sa promesse. Je lui ai fait cette visite avant hier; & j’ai trouvè qu’au o lieu d’un ouvrier qui jusque là avait été occupé à la fonte, il en avait actuellement deux: il m’a réitéré très expréssément la promesse d’aller aussi vîte qu’il le pouvait avec le nombre de moules qu’il pouvait employer à la fois; et l’assurance que la fonte serait terminée pour l’époque promise, ou très peu de [3] de jours plus tard. - Mr Vibert chez lequel je me rendis, en sortant de chez M. Lion et que je n’avais point encore rencontré chez lui, quand j’y étais allé auparavant, m’apprit que celui-ci lui avait dit à peu près les mêmes choses que je venais d’entendre: je les presserai l’un et l’autre de tout mon pouvoir pour que la fonte soit terminée à peu près pour l’époque convenue; mais j’avoue que j’ai un peu de peine à comprendre que cela puisse être, en comparant ce qui est fait avec ce qui reste à faire.- On est tout au plus à la moitié des lettres pleines; et j’ai peu insisté à suivre cette partie de la besogne, pour la quelle il n’y a point de difficulté, ni d’incertitudes à avoir.- Quand on en sera aux lettres coupées, je verrai plus souvent Mr Lion, & je mettrai plus d’insistance à suivre les lettres une à une, à fur & mesure de la fonte. Du reste, il est convenu entre MM. Lion, Vibert & moi que, pour mieux nous assurer de la précision de la fonte, nous en ferons l’essai dans un morceau de 8 ou 10 lignes dont je donnerai le texte, et que nous ferons composer suivant la rigueur et la précision des procédés typographiques.
L’observation que vous me faites sur la fontes des signes u, ū, ṛ, est arrivée fort à temps, et ne sera pas inutile; je l’ai communiquée à MM. Lion et Vibert, et vais la donner par écrit à ce dernier qui me l’a demandée, pour s’assurer que la chose soit faite ainsi que vous le desirez.- Je suis pr aussi pressé de vous voir faire usage de vos caractères que vous pouvez l’être d’en faire usage, car c’est pour notre bien à tous pauvres aspirants à la faculté de Pandita, que vous allez travailler.- Croyez donc que lors-même que je ne vous parlerais pas de mon intérêt pour une entreprise, dont toute l’Europe vous sera reconnaissante, je ne néglige pas pour cela le peu qui dépend de moi, pour que les choses se fassent aussi bien que vous et aussitôt que vous le souhaitez.
J’ai si peu [4] de temps actuellement à donner aux MMSS. Indiens, que je n’ai rien encore à vous annoncer qui soit digne de vous: j’achève à peine de copier l’ava dans le Harivansha l’avanture de Krishna et de Rukminī, et je vais copier de même une avanture qui se lie immédiatement à celle-là, celle de la conquête par ou enlevement par Kṛshna de lʼarbre du Paradis nommé pārijātaḥ où il mʼa semblé entrevoir des dètails singuliers pour la connaissance de la mythologie Indienne, ou même pour l’histoire gènérale de la mythologie. J’espère vous reparler un jour de tout cela, surtout quand vous aurez vos caractères.
En attendant, veuillez bien vous souvenir que vous me ferez le plus grand plaisir touteslesfois que vous voudrez me donner des nouvelles de vos projets, de vos travaux: j’en sens le prix et l’importance, & je m’estimerai toujours heureux d’être estimé par vous digne d’y applaudir. Je vous salue de cœur et d’ame.
Fauriel
Paris le 18 juillet 1821.
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