• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Coppet · Date: 11.05.1815
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 11.05.1815
  • Notations: Absende- und Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.22
  • Number of Pages: 3S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 19,4 x 12 cm
  • Incipit: „[1] 11. Mai 1815
    La santé de ma mere qui depuis quelques jours est encore moins bonne que de Coutume, mʼempêche, [...]“
    Language
  • French
  • Latin
    Editors
  • Dänekas, Laura
  • Stieglitz, Clara
[1] 11. Mai 1815
La santé de
ma mere qui depuis quelques jours est encore moins bonne que de Coutume, mʼempêche, Monsieur; dʼaller vous voir à Coppet & jʼen ai un regret infini. Je ne veux cependant pas renvoyer plus longtems mes remerciemens sur votre lettre qui mʼa fort intéressé- vous paraissez desirer savoir lʼhistoire du Codex Argenteus; voici lʼabregé de ces vissicitudes
Il fut découvert en 1597, par
Antoine Morillon dans la Bibliothèque des Benedictins de Werden en Westphalie.
transporté plus tard à
Prague
Après la prise de Prague par les Suedois en 1648;
Kœnigsmark qui sʼen était emparé le donna à la Reine Christine.
Vossius se lʼappropria avec dʼautres livres rares.
À la mort de Vossius, il fut acheté par le
Cte Magnus de la Gardie qui le donna à lʼUniversité dʼUpsal.
Abbaye de Werden nʼest pas loin de Cologne et le lieu de la découverte de ce M.S. a été une des raisons alleguées par La Croze, pour prouver quʼil appartenait à la langue des Francs & non à celle des Ostrogoths.
Je voudrais que vous pussiéz consulter une dissertation de
Ihre qui se trouve dans les meme de lʼAcad. dʼUpsal et qui est intitulée: Monumentum Veteris linguæ ostrogothicæ Neapoli haud pridem repertum.
Nous avons à la
Bibl. de Geneve: Evangelia ab Ulfila ex græco gothicé translata, nunc cum parrallelis versionibus sueco-gothica, Norwega sec Islandica & vulgata latina edita. Stockholm. 1671. 4°.
[2] Votre conjecture sur lʼorigine des caracteres dʼUlphilas est fort ingénieuse. Jʼobjecterai cependant que cʼest une entreprise si difficile que de crèer des caracteres pour une langue qui nʼa pas encore été ècrite, que je ne crois pas que la crainte des superstitions magiques puisse etre une raison suffisante pour lʼentreprendre. Dʼailleurs ce ne fut que longtems après Ulphilas que cette crainte nuisit aux Runes, le fameux Gerbert, pape sous le nom de Sylvestre II, parait etre le premier qui tout au commencement du XIe siecle demanda la proscription des Runes. Le concile de Tolede en 1116 traita de même les caracteres dʼUlphilas, quʼon nommait en Espagne character Toletano et ordonna quʼon ècrirait Gallicis litteris. Je pencherai à croire quʼavant Ulphilas les peuples du Danube avaient fait quelques éfforts pour écrire leur langue avec des caracteres Grecs & quʼUlphilas ne fit que perfectionner ces essais & appliquer le résultat de son travail à un grand ouvrage. Cʼest là lʼopinion de Leibnitz.
Le passage de
Thrwocz sur les batons écrits des Szekeli de la Transilvanie, mʼétait inconnu. Il est extremement curieux. Vous aurés vu dans Hickes un Alphabet quʼil donne pour etre celui de ce peuple. Je le crois peu authentique; tel quʼil est il semble avoir du rapport avec quelques inscriptions indéchiffrables quʼon a trouvèes en allemagne, dont une doit etre à Vienne sur la tour de St Etienne. Les Szekeli dont le nom en Hongrois signifie Gardiens de la frontiere ne peuvent pas plus etre un reste des Anciens Huns, que les autres peuplade de la Hongrie; Ils sont les descendants des Madgiars ou peut etre des Patzinaces & suivant les auteurs Hongrois, ils parlent un ancien dialecte Hongrois & non pas la langue Mongole.
Vous avés bien raison, Monsieur, de vous défier des
Hunnibald & [3] des Tritheme, cependant les auteurs les plus fabuleux ont souvent conservé des choses prècieuses. On nʼa dʼHunnibald, qui vivait au tems de Justin le jeune, quʼun extrait de sa grande Histoire fait par Trithême et qui sous le nom de Compendium de origine Francorum se trouve dans la collection de Schardius T.I.
Je suis fort embarrassé par votre demande sur le Goths de Crimée. Si jʼavais mes livres, peut etre trouverai-je quelque chose à vous indiquer. Je me souviens quʼil y a quelque faits curieux dans les
lettres de Busbec. Il faudrait chercher dans des Voyageurs, dans Procope & autres Historiens Byzantins, peut etre dans Peysonnel. Jʼai dans la tête dʼavoir vu quelque chose la dessus, des extraits de Busbec, des réponses dʼun nommè Podesta, des remarques sur le Dialecte de Précop, mais je ne puis me rappeller dans ce moment le livre où tout cela se trouve....
Raban dans son traité de invent. ling. dit quelque chose dʼassés curieux; le voici: Litteras quas utuntur Marcomanni, quos nos Nordmannos vocamus, infra scriptas habemus, à quibus originem qui Theodiscam linguam loquuntur, trahunt, cum quibus carmina sua incantationesque ac divinationes significare procurant, qui adhuc paganis ritibus involvuntur.
Jʼai vu par votre lettre que vous connaissiés deja le morceau de
Boguphal qui raconte la tradition Polonoise sur Valther. Jʼai un tel desir de vous etre bon à quelque chose que je cours souvent le risque dʼenvoyer de lʼeau à la riviere & jʼai besoin de toute votre indulgence pour oser parler de choses que vous savés mieux que moi.-
Recevès, Monsieur, mille complimens empressés
Favre Bertrand
[4] [leer]
[1] 11. Mai 1815
La santé de
ma mere qui depuis quelques jours est encore moins bonne que de Coutume, mʼempêche, Monsieur; dʼaller vous voir à Coppet & jʼen ai un regret infini. Je ne veux cependant pas renvoyer plus longtems mes remerciemens sur votre lettre qui mʼa fort intéressé- vous paraissez desirer savoir lʼhistoire du Codex Argenteus; voici lʼabregé de ces vissicitudes
Il fut découvert en 1597, par
Antoine Morillon dans la Bibliothèque des Benedictins de Werden en Westphalie.
transporté plus tard à
Prague
Après la prise de Prague par les Suedois en 1648;
Kœnigsmark qui sʼen était emparé le donna à la Reine Christine.
Vossius se lʼappropria avec dʼautres livres rares.
À la mort de Vossius, il fut acheté par le
Cte Magnus de la Gardie qui le donna à lʼUniversité dʼUpsal.
Abbaye de Werden nʼest pas loin de Cologne et le lieu de la découverte de ce M.S. a été une des raisons alleguées par La Croze, pour prouver quʼil appartenait à la langue des Francs & non à celle des Ostrogoths.
Je voudrais que vous pussiéz consulter une dissertation de
Ihre qui se trouve dans les meme de lʼAcad. dʼUpsal et qui est intitulée: Monumentum Veteris linguæ ostrogothicæ Neapoli haud pridem repertum.
Nous avons à la
Bibl. de Geneve: Evangelia ab Ulfila ex græco gothicé translata, nunc cum parrallelis versionibus sueco-gothica, Norwega sec Islandica & vulgata latina edita. Stockholm. 1671. 4°.
[2] Votre conjecture sur lʼorigine des caracteres dʼUlphilas est fort ingénieuse. Jʼobjecterai cependant que cʼest une entreprise si difficile que de crèer des caracteres pour une langue qui nʼa pas encore été ècrite, que je ne crois pas que la crainte des superstitions magiques puisse etre une raison suffisante pour lʼentreprendre. Dʼailleurs ce ne fut que longtems après Ulphilas que cette crainte nuisit aux Runes, le fameux Gerbert, pape sous le nom de Sylvestre II, parait etre le premier qui tout au commencement du XIe siecle demanda la proscription des Runes. Le concile de Tolede en 1116 traita de même les caracteres dʼUlphilas, quʼon nommait en Espagne character Toletano et ordonna quʼon ècrirait Gallicis litteris. Je pencherai à croire quʼavant Ulphilas les peuples du Danube avaient fait quelques éfforts pour écrire leur langue avec des caracteres Grecs & quʼUlphilas ne fit que perfectionner ces essais & appliquer le résultat de son travail à un grand ouvrage. Cʼest là lʼopinion de Leibnitz.
Le passage de
Thrwocz sur les batons écrits des Szekeli de la Transilvanie, mʼétait inconnu. Il est extremement curieux. Vous aurés vu dans Hickes un Alphabet quʼil donne pour etre celui de ce peuple. Je le crois peu authentique; tel quʼil est il semble avoir du rapport avec quelques inscriptions indéchiffrables quʼon a trouvèes en allemagne, dont une doit etre à Vienne sur la tour de St Etienne. Les Szekeli dont le nom en Hongrois signifie Gardiens de la frontiere ne peuvent pas plus etre un reste des Anciens Huns, que les autres peuplade de la Hongrie; Ils sont les descendants des Madgiars ou peut etre des Patzinaces & suivant les auteurs Hongrois, ils parlent un ancien dialecte Hongrois & non pas la langue Mongole.
Vous avés bien raison, Monsieur, de vous défier des
Hunnibald & [3] des Tritheme, cependant les auteurs les plus fabuleux ont souvent conservé des choses prècieuses. On nʼa dʼHunnibald, qui vivait au tems de Justin le jeune, quʼun extrait de sa grande Histoire fait par Trithême et qui sous le nom de Compendium de origine Francorum se trouve dans la collection de Schardius T.I.
Je suis fort embarrassé par votre demande sur le Goths de Crimée. Si jʼavais mes livres, peut etre trouverai-je quelque chose à vous indiquer. Je me souviens quʼil y a quelque faits curieux dans les
lettres de Busbec. Il faudrait chercher dans des Voyageurs, dans Procope & autres Historiens Byzantins, peut etre dans Peysonnel. Jʼai dans la tête dʼavoir vu quelque chose la dessus, des extraits de Busbec, des réponses dʼun nommè Podesta, des remarques sur le Dialecte de Précop, mais je ne puis me rappeller dans ce moment le livre où tout cela se trouve....
Raban dans son traité de invent. ling. dit quelque chose dʼassés curieux; le voici: Litteras quas utuntur Marcomanni, quos nos Nordmannos vocamus, infra scriptas habemus, à quibus originem qui Theodiscam linguam loquuntur, trahunt, cum quibus carmina sua incantationesque ac divinationes significare procurant, qui adhuc paganis ritibus involvuntur.
Jʼai vu par votre lettre que vous connaissiés deja le morceau de
Boguphal qui raconte la tradition Polonoise sur Valther. Jʼai un tel desir de vous etre bon à quelque chose que je cours souvent le risque dʼenvoyer de lʼeau à la riviere & jʼai besoin de toute votre indulgence pour oser parler de choses que vous savés mieux que moi.-
Recevès, Monsieur, mille complimens empressés
Favre Bertrand
[4] [leer]
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