• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Paris · Date: 05.02.1818
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 05.02.1818
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.42
  • Number of Pages: 2S. auf Doppelbl., hs. m. U. u. Adresse
  • Format: 23,5 x 19,2 cm
  • Incipit: „[1] Genêve 5. Fevrier 1818
    La lettre que vous avés bien voulue mʼécrire, Monsieur, sʼest croisée avec celle que jʼai eue [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Dänekas, Laura
  • Stieglitz, Clara
[1] Genêve 5. Fevrier 1818
La lettre que vous avés bien voulue mʼécrire, Monsieur, sʼest croisée avec celle que jʼai eue le plaisir de vous adresser & jʼai voulu vous laisser respirer avant de vous répondre. Maintenant que jʼai mis quelquʼintervalle je veux vous dire tout mon Chagrin de voir que vous alléz vous éloigner de nous pour un tems indéfini. Il mʼétait extrêmement agréable de penser que chaque année vous ramênerait pour quelques mois à Genève & que je pourrais jouir de votre société qui mʼétait précieuse sous tant de rapports. Jʼespére que nous vous verrons avant votre départ pour le Nord & je me rapelle avec plaisir que vous avés votre Bibliothèque à Coppet. Jʼaurais voulu que vos voyages en Italie, vos séjours en Suisse & à Paris xxx eussent un peu diminuè votre gout pour lʼAllemagne, mais je comprends fort bien que lʼamour de la patrie & les choses honorables quʼon vous propose vous entrainent. Je ne sais cependant si à Berlin vous ne regretterez pas quelques fois les agrémens & les facilités de Paris, ce que je sais fort bien cʼest que je vous regretterai beaucoup & que jʼaurais ardemment desirè que Genêve put vous paraitre digne de vous.
Jʼai reçu deux lettres dʼItalie qui me parlent beaucoup de vous, Monsieur; Lʼune est de Mr Akerblad qui se plaint de nʼavoir plus de vos nouvelles. Il me conte une chose assès plaisante. Monsigr Baldi, cet illustre Bibliothècaire du Vatican, sʼest mis en tête quʼune particule Hebraique quʼon rencontre fréquemment dans le Vx testament signifiait la Croix & moyennant cette belle découverte il a trouvé Mille xxx prophéties & les a developpées dans un gros in 4°. On sʼest un peu moqué de lui, ce quʼil a pris avec tant de serieux quʼil sʼest donné une Apoplexie; malheureusement il en réchappe.
Mon autre lettre est de votre ami Inghirami. Il me demande où vous êtes [2] Il vous a écrit plusieurs fois & attend une réponse. Il publiera incessament un specimen de son grand ouvrage sur les Pateres Etrusques. Vous savés quʼil à lʼidée que cʼétait des miroirs & Akerblad lʼavait déjà avancée. Inghirami a fait un grand échaffaudage dʼErudition, en partie dʼaprès Creuzer, pour prouver que cʼétait des miroirs Mystiques & je crois que ce sera la partie faible de son ouvrage. Il faut des temoignages bien positifs pour prétendre connaitre les idées Mystiques en vogue il y a Deux Mille ans: leur marche leurs liaisons ont dépendu de toutes les circonstances du moment & les conjectures, les hypothèses ne sauraient, ce me semble, mettre sur la voye de la vérité. Aussi sans les ouvrages que nous avons sur les Mysteres & les Doctrines secrettes de lʼantiquité sont-ils très imparfaits. Lʼouvrage dʼInghirami sera intèréssant par la réunion dʼun très grand nombre de monumens: la Mythologie, les Arts, peut être même lʼHistoire pourront gagner à cette publication. Je me souviens quʼen voyant à Fiesole les dessins de Mr Inghirami, je fus frappé de la différence quʼils indiquaient entre les traditions des Artistes & celles de poëtes Epiques.
Je lirai avec bien de lʼemprêssement votre ouvrage sur la langue Provençale: je pense quʼil nʼest point encore imprimé. Mr Mai va faire paraitre une traduction complette de lʼEusèbe Arménien dont jʼai rendu Compte dans le Cahier de septembre de la Bibl. Unive. Dans celui de Janvier jʼai donnè un Article sur son Denys sur sa critique par Ciampi & sur son Apologie par Giordani.
Croyês, Monsieur, à mon inaltérable attachement
Favre Bertrand
[3] leer
[4] Monsieur
Monsieur A.W. de Schlegel
Chez
Monsieur le Duc de Broglie
rue d'Anjou
Paris
Rue de Bourbon n°76
F b st germain
[1] Genêve 5. Fevrier 1818
La lettre que vous avés bien voulue mʼécrire, Monsieur, sʼest croisée avec celle que jʼai eue le plaisir de vous adresser & jʼai voulu vous laisser respirer avant de vous répondre. Maintenant que jʼai mis quelquʼintervalle je veux vous dire tout mon Chagrin de voir que vous alléz vous éloigner de nous pour un tems indéfini. Il mʼétait extrêmement agréable de penser que chaque année vous ramênerait pour quelques mois à Genève & que je pourrais jouir de votre société qui mʼétait précieuse sous tant de rapports. Jʼespére que nous vous verrons avant votre départ pour le Nord & je me rapelle avec plaisir que vous avés votre Bibliothèque à Coppet. Jʼaurais voulu que vos voyages en Italie, vos séjours en Suisse & à Paris xxx eussent un peu diminuè votre gout pour lʼAllemagne, mais je comprends fort bien que lʼamour de la patrie & les choses honorables quʼon vous propose vous entrainent. Je ne sais cependant si à Berlin vous ne regretterez pas quelques fois les agrémens & les facilités de Paris, ce que je sais fort bien cʼest que je vous regretterai beaucoup & que jʼaurais ardemment desirè que Genêve put vous paraitre digne de vous.
Jʼai reçu deux lettres dʼItalie qui me parlent beaucoup de vous, Monsieur; Lʼune est de Mr Akerblad qui se plaint de nʼavoir plus de vos nouvelles. Il me conte une chose assès plaisante. Monsigr Baldi, cet illustre Bibliothècaire du Vatican, sʼest mis en tête quʼune particule Hebraique quʼon rencontre fréquemment dans le Vx testament signifiait la Croix & moyennant cette belle découverte il a trouvé Mille xxx prophéties & les a developpées dans un gros in 4°. On sʼest un peu moqué de lui, ce quʼil a pris avec tant de serieux quʼil sʼest donné une Apoplexie; malheureusement il en réchappe.
Mon autre lettre est de votre ami Inghirami. Il me demande où vous êtes [2] Il vous a écrit plusieurs fois & attend une réponse. Il publiera incessament un specimen de son grand ouvrage sur les Pateres Etrusques. Vous savés quʼil à lʼidée que cʼétait des miroirs & Akerblad lʼavait déjà avancée. Inghirami a fait un grand échaffaudage dʼErudition, en partie dʼaprès Creuzer, pour prouver que cʼétait des miroirs Mystiques & je crois que ce sera la partie faible de son ouvrage. Il faut des temoignages bien positifs pour prétendre connaitre les idées Mystiques en vogue il y a Deux Mille ans: leur marche leurs liaisons ont dépendu de toutes les circonstances du moment & les conjectures, les hypothèses ne sauraient, ce me semble, mettre sur la voye de la vérité. Aussi sans les ouvrages que nous avons sur les Mysteres & les Doctrines secrettes de lʼantiquité sont-ils très imparfaits. Lʼouvrage dʼInghirami sera intèréssant par la réunion dʼun très grand nombre de monumens: la Mythologie, les Arts, peut être même lʼHistoire pourront gagner à cette publication. Je me souviens quʼen voyant à Fiesole les dessins de Mr Inghirami, je fus frappé de la différence quʼils indiquaient entre les traditions des Artistes & celles de poëtes Epiques.
Je lirai avec bien de lʼemprêssement votre ouvrage sur la langue Provençale: je pense quʼil nʼest point encore imprimé. Mr Mai va faire paraitre une traduction complette de lʼEusèbe Arménien dont jʼai rendu Compte dans le Cahier de septembre de la Bibl. Unive. Dans celui de Janvier jʼai donnè un Article sur son Denys sur sa critique par Ciampi & sur son Apologie par Giordani.
Croyês, Monsieur, à mon inaltérable attachement
Favre Bertrand
[3] leer
[4] Monsieur
Monsieur A.W. de Schlegel
Chez
Monsieur le Duc de Broglie
rue d'Anjou
Paris
Rue de Bourbon n°76
F b st germain
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