• Eugène Burnouf to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 03.01.1830
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Eugène Burnouf
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 03.01.1830
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 362738858
  • Bibliography: Burnouf, Eugène: Choix de lettres d’Eugène Burnouf 1825–1852. Suivi d’une bibliographie. Paris 1891, S. 452‒454.
  • Incipit: „[1] Paris, 3 janvier 1830.
    Monsieur,
    Jʼai tardé à répondre à la lettre si bienveillante dont vous avez bien voulu mʼhonorer, parce que [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-38972
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.3,Nr.108
  • Number of Pages: 3 S. auf Doppelbl., hs. m. U. u. Adresse
  • Format: 25,5 x 20,8 cm
    Language
  • French
[1] Paris, 3 janvier 1830.
Monsieur,
Jʼai tardé à répondre à la lettre si bienveillante dont vous avez bien voulu mʼhonorer, parce que je voulais me donner le plaisir de lire votre belle édition de lʼHitopadeça, et de la comparer à celles quʼon a eues jusquʼici. La lecture en est aussi agréable quʼelle lʼétait peu dans les précédentes éditions, et notamment dans celle de Londres, la seule que je possède. Un nombre très considérable de difficultés a disparu, et ce nʼest pas sans surprise quʼon se trouve entendre plusieurs passages qui, dans lʼédition de Londres, semblaient tout à fait condamnés. Celle publication doit se placer, dignement à côté de votre édition si excellente et si belle du Ramâyana et du Bhâgavad-gîta. Il me semble, pour mon compte, quʼon ne peut trop admirer la direction que vous donnez à lʼétude de la littérature sanscrite, en la mettant dans la voie des publications dʼouvrages entiers. Cʼest seulement ainsi, quʼoutre la connaissance des mots, on pourra obtenir celle des choses, et que le mystère encore si obscur de lʼInde pourra nous être révélé. Il est singulier que M. Bopp ne puisse comprendre quʼil y a tout autant de philologie à faire sur un ouvrage complet que sur huit à dix petites portions décousues. Jʼai pris la liberté de lui énoncer [2] sur ce point mon opinion, qui nʼa de valeur que parce quʼelle est celle de plusieurs personnes habiles de ce pays; et, dʼailleurs, M. Bopp est très disposé à entendre les opinions différentes de la sienne. Il est certain que, sʼil eût voulu mettre bout à bout ses épisodes du Mahâbhârat, en commençant, comme dit Hamilton, par le commencement, nous aurions un joli volume du Mahâbhârat, que nous ne connaissons pas encore et que nous ne connaîtrons que quand un ou plusieurs indianistes auront le courage de lʼattaquer, comme vous faites seul pour le Ramâyan.
Je ne puis mieux faire, Monsieur, que dʼêtre tout à fait de votre avis sur la séparation absolue des mois sanscrits; et votre lettre mʼa trouvé faisant amende honorable dʼavoir pu, du moins en théorie, adopter ce système absolu. Jʼen ai été tout à fait détourné par la lecture des derniers épisodes, dʼailleurs curieux, de M. Bopp. Tout au plus pourrait-on lʼemployer dans quelques discussions grammaticales; mais, quant à moi, je suis de nouveau ramené à vos idées, et je nʼaurai commis la faute quʼune fois, dans quelques misérables lignes dʼun sanscrit plus misérable encore, inséré dans la discussion dʼun passage zend. M. Lassen me faisait, dans sa dernière lettre, une observation fort juste à ce sujet, en me disant que le seul parti [3] quʼon pourrait prendre serait de faire [en certains cas] abstraction du sandhi dans lʼécriture; ce procédé est bon pour la prose; mais toute autre chose que le système indien est presque intolérable.
Veuillez agréer de nouveau, Monsieur, avec lʼassurance de mon profond respect, lʼexpression de mes vifs remerciements pour le beau cadeau que vous avez bien voulu ajouter à ceux que je tiens déjà de votre libéralité.
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Eugène Burnouf.
[4]
[1] Paris, 3 janvier 1830.
Monsieur,
Jʼai tardé à répondre à la lettre si bienveillante dont vous avez bien voulu mʼhonorer, parce que je voulais me donner le plaisir de lire votre belle édition de lʼHitopadeça, et de la comparer à celles quʼon a eues jusquʼici. La lecture en est aussi agréable quʼelle lʼétait peu dans les précédentes éditions, et notamment dans celle de Londres, la seule que je possède. Un nombre très considérable de difficultés a disparu, et ce nʼest pas sans surprise quʼon se trouve entendre plusieurs passages qui, dans lʼédition de Londres, semblaient tout à fait condamnés. Celle publication doit se placer, dignement à côté de votre édition si excellente et si belle du Ramâyana et du Bhâgavad-gîta. Il me semble, pour mon compte, quʼon ne peut trop admirer la direction que vous donnez à lʼétude de la littérature sanscrite, en la mettant dans la voie des publications dʼouvrages entiers. Cʼest seulement ainsi, quʼoutre la connaissance des mots, on pourra obtenir celle des choses, et que le mystère encore si obscur de lʼInde pourra nous être révélé. Il est singulier que M. Bopp ne puisse comprendre quʼil y a tout autant de philologie à faire sur un ouvrage complet que sur huit à dix petites portions décousues. Jʼai pris la liberté de lui énoncer [2] sur ce point mon opinion, qui nʼa de valeur que parce quʼelle est celle de plusieurs personnes habiles de ce pays; et, dʼailleurs, M. Bopp est très disposé à entendre les opinions différentes de la sienne. Il est certain que, sʼil eût voulu mettre bout à bout ses épisodes du Mahâbhârat, en commençant, comme dit Hamilton, par le commencement, nous aurions un joli volume du Mahâbhârat, que nous ne connaissons pas encore et que nous ne connaîtrons que quand un ou plusieurs indianistes auront le courage de lʼattaquer, comme vous faites seul pour le Ramâyan.
Je ne puis mieux faire, Monsieur, que dʼêtre tout à fait de votre avis sur la séparation absolue des mois sanscrits; et votre lettre mʼa trouvé faisant amende honorable dʼavoir pu, du moins en théorie, adopter ce système absolu. Jʼen ai été tout à fait détourné par la lecture des derniers épisodes, dʼailleurs curieux, de M. Bopp. Tout au plus pourrait-on lʼemployer dans quelques discussions grammaticales; mais, quant à moi, je suis de nouveau ramené à vos idées, et je nʼaurai commis la faute quʼune fois, dans quelques misérables lignes dʼun sanscrit plus misérable encore, inséré dans la discussion dʼun passage zend. M. Lassen me faisait, dans sa dernière lettre, une observation fort juste à ce sujet, en me disant que le seul parti [3] quʼon pourrait prendre serait de faire [en certains cas] abstraction du sandhi dans lʼécriture; ce procédé est bon pour la prose; mais toute autre chose que le système indien est presque intolérable.
Veuillez agréer de nouveau, Monsieur, avec lʼassurance de mon profond respect, lʼexpression de mes vifs remerciements pour le beau cadeau que vous avez bien voulu ajouter à ceux que je tiens déjà de votre libéralité.
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Eugène Burnouf.
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· Abschrift , 03.01.1830
· Paris, Bibliothèque Nationale de France
· NAF 1060, ff 225-226
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