• Adélaïde de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Bonn · Date: 25. September [1840]
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Adélaïde de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 25. September [1840]
  • Notations: Empfangsort und Datum (Jahr) erschlossen. – Datierung durch Notiz des Empfängers auf Seite 1.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.13
  • Number of Pages: 5 S. auf Doppelbl., hs. u. U.
  • Format: 21 x 13,7 cm
  • Incipit: „[1] de Coppet 25 Sept. 1840
    Je viens de recevoir votre aimable lettre cher Monsieur Schlegel et je suis si touchée [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Falk, Clio
  • Golyschkin, Ruth
[1] de Coppet 25 Sept. 1840
Je viens de recevoir votre aimable lettre cher Monsieur Schlegel et je suis si touchée de cette marque de souvenir que je ne veux pas laisser passer une journée sans vous en remercier. Vous avez eu la bonté de m’ecrire ce printems lorsque
Mr et Md Bethman sont venus a Genève, et j’ai souvent desiré vous remercier de m’avoir addressé à les gens si aimables et si bons. J’aurois voulu les voir souvent Les circonstances n’ont pas été favorables. Ils sont arrivés a l’epoque ou ma mère etoit dangereusement malade. Cette maladie a précipité [2] Mon retour de Naples et j’ai passé a Genève plusieurs semaines dans la plus vive inquietude. Cest seulement en Juin que j’ai pu habiter mon cher Coppet ou vos amis n’y ont passé qu’une journée. Ils ont retrouvé avec plaisir votre buste votre portrait au milieu de tous nos souvenirs de famille. Je serois bien heureuse de vous voir ici vous trouveriez Coppet conservé materiellement avec un soin religieux. Chaque objet a la même place depuis 13 années, et l evide partout. Rien de plus melancolique que notre souvenir de ces deux années. Le depart d’Albertine nous a laissés [3] si depouillés si pauvres de bonheur que nous avons l’air de ces volées d’oiseaux de panage sur lesquels les chasseurs se sont exercés et qui s’abattent tout blessés sous le premier toit qui s’offre a leur regard. Ce n’est cependant pas au hasard que le toit de Coppet a été choisi: Mr de Broglie y trouve plus de souvenirs qu’a Broglie. Il y a eu de longs jours de bonheur Albertine et Pauline y ont beaucoup vecu. Il habitera Broglie et l’embellera tous les jours pour Albert mais je suis très sure qu’il reviendra toujours volontiers ici. Il fait preuve de devouement en ce moment. Il nous a quittés hier pour le procès de Louis Bonaparte, il pense revenir ensuite.
[4] Il m’a laissé en otages Albert et Mr Doudan. Permettez moi de vous parler de Paul que vous ne connoissez pas et qui depuis deux ans absorbe toutes mes pensees. Cette belle petite creature ressemble beaucoup a sa mère. C’est son visage trait pour trait, mais l’expression si gaie de ce cher enfant ne rappele pas encore le regard profond de sa mère. Son intelligence est très remarquable, je me crois plutôt chargée de le calmer que de l’exciter Il n’est donc pas encore bien instruit - mais il n’a que 6 ans. J’espère que vous le trouverez une fois digne de vos bontés. Louise a passé un mois auprès de moi a son retour d’Italie. Elle est maintenant pres de Paris chez les parens de son mari. Elle est bien belle et son esprit est bien [5] distingué. Je compte prolonger mon sejour a Coppet jusqu’en Decembre et a cette epoque m’etablir a Genève. Paul restera avec moi. Sa petite enfance m’est confiée et je veux en jouir sans trop penser au moment ou les etudes viendront me l’enlever.
Voilà cher Monsieur Schlegel un petit bulletin qui partant de
Coppet aura quelque intéret pour vous. Dieu veuille vous conserver, fortifier votre santé et accorder a votre ame cette jeunesse, cette vie qui luttent victorieusement contre les progrès de l’age et la tristesse. Permettez moi de vous dire quelques fois mon tendre et profond respect.
A de Staël
a
Coppet 25 7.bre
[6] [leer]
[7] [leer]
[8] [leer]
[1] de Coppet 25 Sept. 1840
Je viens de recevoir votre aimable lettre cher Monsieur Schlegel et je suis si touchée de cette marque de souvenir que je ne veux pas laisser passer une journée sans vous en remercier. Vous avez eu la bonté de m’ecrire ce printems lorsque
Mr et Md Bethman sont venus a Genève, et j’ai souvent desiré vous remercier de m’avoir addressé à les gens si aimables et si bons. J’aurois voulu les voir souvent Les circonstances n’ont pas été favorables. Ils sont arrivés a l’epoque ou ma mère etoit dangereusement malade. Cette maladie a précipité [2] Mon retour de Naples et j’ai passé a Genève plusieurs semaines dans la plus vive inquietude. Cest seulement en Juin que j’ai pu habiter mon cher Coppet ou vos amis n’y ont passé qu’une journée. Ils ont retrouvé avec plaisir votre buste votre portrait au milieu de tous nos souvenirs de famille. Je serois bien heureuse de vous voir ici vous trouveriez Coppet conservé materiellement avec un soin religieux. Chaque objet a la même place depuis 13 années, et l evide partout. Rien de plus melancolique que notre souvenir de ces deux années. Le depart d’Albertine nous a laissés [3] si depouillés si pauvres de bonheur que nous avons l’air de ces volées d’oiseaux de panage sur lesquels les chasseurs se sont exercés et qui s’abattent tout blessés sous le premier toit qui s’offre a leur regard. Ce n’est cependant pas au hasard que le toit de Coppet a été choisi: Mr de Broglie y trouve plus de souvenirs qu’a Broglie. Il y a eu de longs jours de bonheur Albertine et Pauline y ont beaucoup vecu. Il habitera Broglie et l’embellera tous les jours pour Albert mais je suis très sure qu’il reviendra toujours volontiers ici. Il fait preuve de devouement en ce moment. Il nous a quittés hier pour le procès de Louis Bonaparte, il pense revenir ensuite.
[4] Il m’a laissé en otages Albert et Mr Doudan. Permettez moi de vous parler de Paul que vous ne connoissez pas et qui depuis deux ans absorbe toutes mes pensees. Cette belle petite creature ressemble beaucoup a sa mère. C’est son visage trait pour trait, mais l’expression si gaie de ce cher enfant ne rappele pas encore le regard profond de sa mère. Son intelligence est très remarquable, je me crois plutôt chargée de le calmer que de l’exciter Il n’est donc pas encore bien instruit - mais il n’a que 6 ans. J’espère que vous le trouverez une fois digne de vos bontés. Louise a passé un mois auprès de moi a son retour d’Italie. Elle est maintenant pres de Paris chez les parens de son mari. Elle est bien belle et son esprit est bien [5] distingué. Je compte prolonger mon sejour a Coppet jusqu’en Decembre et a cette epoque m’etablir a Genève. Paul restera avec moi. Sa petite enfance m’est confiée et je veux en jouir sans trop penser au moment ou les etudes viendront me l’enlever.
Voilà cher Monsieur Schlegel un petit bulletin qui partant de
Coppet aura quelque intéret pour vous. Dieu veuille vous conserver, fortifier votre santé et accorder a votre ame cette jeunesse, cette vie qui luttent victorieusement contre les progrès de l’age et la tristesse. Permettez moi de vous dire quelques fois mon tendre et profond respect.
A de Staël
a
Coppet 25 7.bre
[6] [leer]
[7] [leer]
[8] [leer]
×