• Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 05.12.1819
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 05.12.1819
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.40
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl. u. 1 S., hs. m. Adresse
  • Format: 19,6 x 15,6 cm
  • Incipit: „[1] Paris ce 5 Déc. 1819
    Je ne saurois Vous dire, mon cher Schlegel, combien je suis touché de Votre dernière [...]“
    Language
  • French
  • Latin
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Stieglitz, Clara
[1] Paris ce 5 Déc. 1819
Je ne saurois Vous dire, mon cher Schlegel, combien je suis touché de
Votre dernière lettre et combien nous nous réjouissons tous de Votre retour au bercail. Votre appartement sera prêt pour Vous recevoir dès que Vous aurez le desir de Vous rapprocher de nous, et Vous devez bien savoir que nous nʼavons pas cessé de Vous considérer comme un membre de la famille - Jʼaurois craint dʼêtre indiscret en cherchant à entrer trop avant dans Votre confiance; maintenant il nʼy a plus à revenir sur le passé; mais il faut tourner ses regards vers lʼavenir, et je ne saurois trop approuver Vos nouvelles résolutions, indépendament du plaisir quʼelles me causent - Cʼest encore de lʼimpulsion de ma mère que je vis, et tout ce que je puis espérer de mieux cʼest que ses amis se réunissent autour de nous.
Commençons par examiner Votre situation financière. La copie ci-jointe dʼune lettre des
Cazenove Vous apprendra que malheureusement lʼaffaire des Tottie est très-mauvaise: sans doute nous [2] en tirerons quelquechose; mais il est plus prudent de mettre les choses au pis et de raisonner comme si cet argent étoit perdu - Il Vous reste six mille Francs de rente, plus ce que Vous gagnerez par Vos travaux - Lʼhyver à Geneve sera économique, les étés à Coppet seront à peu près nuls comme dépense et il est bien vraisemblable que lorsque Vous viendrez à Paris jʼauroi toujours un petit appartement à Vous offrir. Ainsi Votre existence sera tolérable, en supposant même que Vous soyez obligé de faire une pension à Votre femme et que cette pension absorbe ce produit de Vos cours ou de Vos écrits. Je ne doute pas que, Votre parti une fois pris, Vous ne soyez plus heureux. Quoi que Vous en disiez, Vous avez contracté un grand nombre dʼhabitudes sociales en France, et il vaut beaucoup mieux se plaindre de la France en y vivant que de la regretter en Allemagne.
Je vais écrire à
Dumont, comme Vous le desirez; mais ce qui est plus essentiel Albertine et moi nous écrirons à Mad. Necker. [3] Les principales objections contre Vous venoient de Boissier, et elle est toute-puissante sur son esprit. Je ne pense pas que ce que Vous desirez puisse rencontrer de difficultés; il me semble même que sʼils avoient de lʼesprit ils vous offriroient un traitement, en Vous laissant beaucoup de latitude pour Vos cours; mais enfin ne demandons que ce que nous sommes surs dʼobtenir -
Si Vous preniez intérêt à la politique, je Vous enverrois
une nouvelle brochure de moi, qui fait beaucoup crier la gauche sans satisfaire aucun parti, comme il arrive toujours quand on essaie de dire la vérité. Mais nʼimporte il faut aller droit son chemin sans autre but que de rester pro virili dans la tradition de mes parens.
Victor a été fort souffrant, et nous en étions dʼautant plus inquiets que le commencement de la session est pour lui une époque de grande fatigue; mais Dieu merci il va beaucoup mieux. Albertine est bien, sa santé sʼest fort raffermie.
La notice de Mad. Necker a tout le succès quʼil est possible dʼespérer dans un moment où les esprits sont absorbés par les [4] affaires publiques - Il va sans dire que je Vous garde un exemplaire des oeuvres. Jʼai achevé lʼimpression de Delphine. Jʼen suis maintenant à Corinne et à mettre en ordre les dix années dʼexil. Cʼest un travail beaucoup plus difficile que je ne croyois.
Il y a dans la
Königlich priviligirte berlinische Zeitung du 18 Nov. N°138 une anecdote absurdement calomnieuse sur les rapports entre ma mère et Buonaparte pendant les cent jours Cette anecdote se trouve à lʼarticle Vermischte Nachrichten; je Vous demande comme un service; et Vous y mettrez sans doute du prix comme moi, de lire cet article et de faire insérer dans un journal répondu quelques lignes qui en démontrent lʼabsurdité. Vous savez aussi bien que moi ce qui en est.
Adieu encore, cher ami, jʼai besoin de Vous répéter que
nous tuerons le veau gros à Votre retour et quʼaucune nouvelle ne pouvoit nous être aussi bien venue.
P.S. Jʼai payé Votre Cpte chez les Baldwin, qui montoit tout compris à £ 61-11S - Jʼauroi soin que Votre traite sur Aubernon soit acquitée exactement.
[5] Copie dʼune lettre de Messrs Jas Cazenove Ce
Londres 30 Nov. 1819
Voici où en sont les affaires de
Messrs Tottie & Compton
Si le
Trust Deed qui est déja signé par la majorité des créanciers lʼest par tous, on peut espérer de la masse 40 à 45 %; mais si leurs affaires ne peuvent se terminer que par une banqueroute, il y aura beaucoup moins. Il nʼy aura naturellement aucune répartition jusquʼà ce que tous les créanciers aient signé.
[6] Monsieur
le Professeur A. W. de Schlegel
Bonn
Provinces prussiennes sur le Rhin
.
[1] Paris ce 5 Déc. 1819
Je ne saurois Vous dire, mon cher Schlegel, combien je suis touché de
Votre dernière lettre et combien nous nous réjouissons tous de Votre retour au bercail. Votre appartement sera prêt pour Vous recevoir dès que Vous aurez le desir de Vous rapprocher de nous, et Vous devez bien savoir que nous nʼavons pas cessé de Vous considérer comme un membre de la famille - Jʼaurois craint dʼêtre indiscret en cherchant à entrer trop avant dans Votre confiance; maintenant il nʼy a plus à revenir sur le passé; mais il faut tourner ses regards vers lʼavenir, et je ne saurois trop approuver Vos nouvelles résolutions, indépendament du plaisir quʼelles me causent - Cʼest encore de lʼimpulsion de ma mère que je vis, et tout ce que je puis espérer de mieux cʼest que ses amis se réunissent autour de nous.
Commençons par examiner Votre situation financière. La copie ci-jointe dʼune lettre des
Cazenove Vous apprendra que malheureusement lʼaffaire des Tottie est très-mauvaise: sans doute nous [2] en tirerons quelquechose; mais il est plus prudent de mettre les choses au pis et de raisonner comme si cet argent étoit perdu - Il Vous reste six mille Francs de rente, plus ce que Vous gagnerez par Vos travaux - Lʼhyver à Geneve sera économique, les étés à Coppet seront à peu près nuls comme dépense et il est bien vraisemblable que lorsque Vous viendrez à Paris jʼauroi toujours un petit appartement à Vous offrir. Ainsi Votre existence sera tolérable, en supposant même que Vous soyez obligé de faire une pension à Votre femme et que cette pension absorbe ce produit de Vos cours ou de Vos écrits. Je ne doute pas que, Votre parti une fois pris, Vous ne soyez plus heureux. Quoi que Vous en disiez, Vous avez contracté un grand nombre dʼhabitudes sociales en France, et il vaut beaucoup mieux se plaindre de la France en y vivant que de la regretter en Allemagne.
Je vais écrire à
Dumont, comme Vous le desirez; mais ce qui est plus essentiel Albertine et moi nous écrirons à Mad. Necker. [3] Les principales objections contre Vous venoient de Boissier, et elle est toute-puissante sur son esprit. Je ne pense pas que ce que Vous desirez puisse rencontrer de difficultés; il me semble même que sʼils avoient de lʼesprit ils vous offriroient un traitement, en Vous laissant beaucoup de latitude pour Vos cours; mais enfin ne demandons que ce que nous sommes surs dʼobtenir -
Si Vous preniez intérêt à la politique, je Vous enverrois
une nouvelle brochure de moi, qui fait beaucoup crier la gauche sans satisfaire aucun parti, comme il arrive toujours quand on essaie de dire la vérité. Mais nʼimporte il faut aller droit son chemin sans autre but que de rester pro virili dans la tradition de mes parens.
Victor a été fort souffrant, et nous en étions dʼautant plus inquiets que le commencement de la session est pour lui une époque de grande fatigue; mais Dieu merci il va beaucoup mieux. Albertine est bien, sa santé sʼest fort raffermie.
La notice de Mad. Necker a tout le succès quʼil est possible dʼespérer dans un moment où les esprits sont absorbés par les [4] affaires publiques - Il va sans dire que je Vous garde un exemplaire des oeuvres. Jʼai achevé lʼimpression de Delphine. Jʼen suis maintenant à Corinne et à mettre en ordre les dix années dʼexil. Cʼest un travail beaucoup plus difficile que je ne croyois.
Il y a dans la
Königlich priviligirte berlinische Zeitung du 18 Nov. N°138 une anecdote absurdement calomnieuse sur les rapports entre ma mère et Buonaparte pendant les cent jours Cette anecdote se trouve à lʼarticle Vermischte Nachrichten; je Vous demande comme un service; et Vous y mettrez sans doute du prix comme moi, de lire cet article et de faire insérer dans un journal répondu quelques lignes qui en démontrent lʼabsurdité. Vous savez aussi bien que moi ce qui en est.
Adieu encore, cher ami, jʼai besoin de Vous répéter que
nous tuerons le veau gros à Votre retour et quʼaucune nouvelle ne pouvoit nous être aussi bien venue.
P.S. Jʼai payé Votre Cpte chez les Baldwin, qui montoit tout compris à £ 61-11S - Jʼauroi soin que Votre traite sur Aubernon soit acquitée exactement.
[5] Copie dʼune lettre de Messrs Jas Cazenove Ce
Londres 30 Nov. 1819
Voici où en sont les affaires de
Messrs Tottie & Compton
Si le
Trust Deed qui est déja signé par la majorité des créanciers lʼest par tous, on peut espérer de la masse 40 à 45 %; mais si leurs affaires ne peuvent se terminer que par une banqueroute, il y aura beaucoup moins. Il nʼy aura naturellement aucune répartition jusquʼà ce que tous les créanciers aient signé.
[6] Monsieur
le Professeur A. W. de Schlegel
Bonn
Provinces prussiennes sur le Rhin
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