• Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 08.02.1820
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 08.02.1820
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.42
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 18,5 x 12,1 cm
  • Incipit: „[1] Paris 8 Fevrier 1820
    Je suis coupable, mon cher Schlegel, de ne pas Vous avoir remercié plus tôt de Votre [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Stieglitz, Clara
[1] Paris 8 Fevrier 1820
Je suis coupable, mon cher Schlegel, de ne pas Vous avoir remercié plus tôt de
Votre réponse au stupide article de M. Lindner. Ce que Vous avez écrit est dans la meilleure nuance possible, et je ne pouvois pas désirer mieux. Jʼai lu dès lors la réplique de M. Lindner dans les Rheinische blätter; cela ne mérite pas de réponse et il nʼy a quʼà laisser tomber toutes ces petites impertinences qui ne laissent aucune trace.
Je suis coupable aussi de nʼavoir pas répondu plus tôt à Vos questions sur les caractères indiens; mais comme je nʼavois rien de bien satisfaisant à Vous dire, je ne me suis pas pressé -
Anisson ne peut point rendre de caractères de son imprimerie royale, non quʼil aspire au monopole [2] du Sanscrit, mais par ce que le matériel de son établissement appartient à lʼétat et quʼil nʼen est quʼusufruitier - Les caractères ne sont pas encore fondus, mais peuvent lʼêtre dʼun moment à lʼautre, et si Vous aviez quelquechose à faire imprimer, soit en Devanagari, soit en Bengali, Anisson sʼen chargeroit volontiers - Chaque poinçon a couté environ 5 à 6 francs à faire graver. Voila tout mon savoir. Comme il est probable que lʼélection générale du parlement nous envoyera Victor et moi à faire une course en Angleterre vers le mois dʼAvril ou de May, si Vous avez quelques renseignemens à demander, ou quelque arrangement à conclure à Londres, je mʼen chargerai avec grand plaisir.
Jʼavois déja bâti des chateaux en Espagne sur Votre retour auprès de
nous ce printemps, cher [3] ami; mais quoiquʼil mʼen coûte dʼy renoncer, je ne puis pas mʼempêcher de trouver que Vous auriez peut-être eu tort de rompre trop brusquement. On mettra, je le conçois, beaucoup dʼintérêt à Vous retenir, mais ce que je souhaite bien vivement pour Votre bonheur comme pour Vôtre dignité, cʼest que Vous soyez le plus étranger quʼil sera possible à ce cercle de la politique dans lequel il ne se fait que des sottises.
Lʼon ne sait encore rien de positif sur lʼétat de lʼEspagne. Le 22 il paroit certain que les insurgés nʼétoient pas encore entrés à
Cadix - Est ce un soulèvement purement militaire, alors il sera de peu de durée et se résoudra en brigandage; la population y prend elle part, alors cela est décisif et Ferdinand nʼa rien de mieux à faire que de revenir à Valencay.
[4] Nous venons dʼavoir un chagrin dans notre intérieur. Mlle Randall a perdu un de ses frères aux Indes. Il est mort depuis sept mois et elle nʼen reçoit la nouvelle quʼaujourdhui. Il y a quelquechose de frappant pour lʼimagination dans cette distance qui fait que lʼon a pu vivre si longtemps tranquille sous le poids dʼun malheur inconnu. Les mondes que nous voyons dans le firmament ont peut être déja été anéantis depuis des siècles.
Adieu, cher ami, jʼaime à espérer au moins quʼil nous reste une chance de Vous voir dans le courant de lʼété. Mille tendres, bien tendres amitiés.
[1] Paris 8 Fevrier 1820
Je suis coupable, mon cher Schlegel, de ne pas Vous avoir remercié plus tôt de
Votre réponse au stupide article de M. Lindner. Ce que Vous avez écrit est dans la meilleure nuance possible, et je ne pouvois pas désirer mieux. Jʼai lu dès lors la réplique de M. Lindner dans les Rheinische blätter; cela ne mérite pas de réponse et il nʼy a quʼà laisser tomber toutes ces petites impertinences qui ne laissent aucune trace.
Je suis coupable aussi de nʼavoir pas répondu plus tôt à Vos questions sur les caractères indiens; mais comme je nʼavois rien de bien satisfaisant à Vous dire, je ne me suis pas pressé -
Anisson ne peut point rendre de caractères de son imprimerie royale, non quʼil aspire au monopole [2] du Sanscrit, mais par ce que le matériel de son établissement appartient à lʼétat et quʼil nʼen est quʼusufruitier - Les caractères ne sont pas encore fondus, mais peuvent lʼêtre dʼun moment à lʼautre, et si Vous aviez quelquechose à faire imprimer, soit en Devanagari, soit en Bengali, Anisson sʼen chargeroit volontiers - Chaque poinçon a couté environ 5 à 6 francs à faire graver. Voila tout mon savoir. Comme il est probable que lʼélection générale du parlement nous envoyera Victor et moi à faire une course en Angleterre vers le mois dʼAvril ou de May, si Vous avez quelques renseignemens à demander, ou quelque arrangement à conclure à Londres, je mʼen chargerai avec grand plaisir.
Jʼavois déja bâti des chateaux en Espagne sur Votre retour auprès de
nous ce printemps, cher [3] ami; mais quoiquʼil mʼen coûte dʼy renoncer, je ne puis pas mʼempêcher de trouver que Vous auriez peut-être eu tort de rompre trop brusquement. On mettra, je le conçois, beaucoup dʼintérêt à Vous retenir, mais ce que je souhaite bien vivement pour Votre bonheur comme pour Vôtre dignité, cʼest que Vous soyez le plus étranger quʼil sera possible à ce cercle de la politique dans lequel il ne se fait que des sottises.
Lʼon ne sait encore rien de positif sur lʼétat de lʼEspagne. Le 22 il paroit certain que les insurgés nʼétoient pas encore entrés à
Cadix - Est ce un soulèvement purement militaire, alors il sera de peu de durée et se résoudra en brigandage; la population y prend elle part, alors cela est décisif et Ferdinand nʼa rien de mieux à faire que de revenir à Valencay.
[4] Nous venons dʼavoir un chagrin dans notre intérieur. Mlle Randall a perdu un de ses frères aux Indes. Il est mort depuis sept mois et elle nʼen reçoit la nouvelle quʼaujourdhui. Il y a quelquechose de frappant pour lʼimagination dans cette distance qui fait que lʼon a pu vivre si longtemps tranquille sous le poids dʼun malheur inconnu. Les mondes que nous voyons dans le firmament ont peut être déja été anéantis depuis des siècles.
Adieu, cher ami, jʼaime à espérer au moins quʼil nous reste une chance de Vous voir dans le courant de lʼété. Mille tendres, bien tendres amitiés.
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