• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Coppet · Date: 13.07.1808
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 13.07.1808
  • Notations: Absende- und Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: APP2712-Bd-6
  • Classification Number: Mscr.Dresd.App.2712,B,21,25
  • Number of Pages: 2 S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 24,1 x 20,1 cm
  • Incipit: „[1] J’ay eu beaucoup de regrets, Monsieur, de n’avoir pas eu le plaisir de vous voir pendant la courte visite [...]“
    Language
  • French
  • Latin
  • Greek
  • Coptic
  • Hebrew
  • Demotisch
  • Mittelägyptisch
  • Assyrisch
    Editors
  • Askeland, Christian
  • Bamberg, Claudia
  • Pinggéra, Karl
  • Seidel, Aline
  • Varwig, Olivia
[1] J’ay eu beaucoup de regrets, Monsieur, de n’avoir pas eu le plaisir de vous voir pendant la courte visite que j’ay faite à Copet, je n’eus que le tems de demander de vos nouvelles sans avoir celui d’aller vous chercher. Vous avez eu la bonté l’année derniere d’accueillir avec indulgence quelques remarques faites bien à la hate sur le vers de Catulle dont Mr Monti fut deja occupé: elle font la bâse d’une dissertation qui a paru en Mars dans le Magazin Encyclopedique & dont je vous envoye un exemplaire en vous priant de remettre les deux autres à Mr Constant & à Mr Simonde. J’y soutiens la leçon chloridos dans le vers de Catulle & je crois que ce Surnom fut donné á Arsinoë à cause de la couleur de la pierre precieuse dont sa Statuë fut faite; un Ancien Lexicographe employe le mot ὑῶοχλωριζων pour designer la couleur de cette pierre. – – l’Egypte offre l’exemple d’une de ses grandes divinités qui devait son nom à la matiere ou à la couleur de ses statuës: Anubis était toujours representé en or ou couleur d’or & son nom est celui de ce métal; Ennub, Annoub sont des mots fréquemment employés dans les monumens Coptes pour aureum, ainsi que le remarque Jablonski; on trouve encore dans quelques auteurs cette divinité appellée Αννουβις & c’est la veritable ortographe de son nom suivant J. G. te Water. –
Je parle p. 23 du
ψχευλ, ornement distinctif des roys d’Egypte: On n’a jusqu’ici proposé sur cet objet que des conjectures dénuèes de preuves & personne n’a tenté de donner l’Etymologie de ce mot. Je crois l’avoir trouvée dans le mot Copte ϣⲉⲛⲧⲱ, shento, qui repond aux mots grecs χιτων, ιματιον; avec l’article singulier masculin ⲡⲓ ou , le mot devient ⲡϣⲉⲛⲧⲱ, Pshento, qu’on n’a pu rendre en Grec que par ψχευλ. Mr Silvestre de Sacy m’a écrit qu’il avait depuis longtems pensè a comparer avec le ψχευλ de l’Inscription de Rosette, le mot Copte ϣⲑⲉⲛ, Shthen, Vestis, dont par une métathèse on peut faire Shenth: mais cette Etymologie à cet inconvenient, que le mot Egyptien etant feminin prend l’article & non pas l’article ⲡⲓ, ce qui a empeché Mr de Sacy d’en faire usage: il parait prefferer mon explication & je l’aurai inserée dans ma brochure si la lettre de Mr de Sacy m’était parvenuë plutot. Je pourrais vous donner plus de détails si cet objet avait pour vous quelqu’interet.
Je ferai encore une remarque sur les gateaux figurés offerts à la place de victîmes vivantes:
Servius dans son comment.e sur Virgile dit: .. & sciendum in sacris simulata pro veris [2] accipi. Undè quum de animalibus quæ difficilè inveniuntur est sacrificandum, de pane aut cerâ fiunt & pro veris accipiuntar. On trouve cet usage chez les Assyriens où il parait que la dévote prostitution des femmes, racontee par Herodote & d’autres écrivains, fut remplacée par une offrande de gateaux, dont la figure rappellait l’ancien usage. Jeremie: mulieres verò subacta farinæ massam apponunt, ut faciant כַוָניִמ (Cavanim) Reginæ Cæli. – les versions greques rendent Cavanim par καῦωνας, ποπανα, πεμματα – Dans la lettre de Jeremie, Baruch VI: mulieres autem circumdatæ funibus in viis sedent adolentes furfura (θυμιωσα τα πιτυρα), ce qui parait devoir s’entendre de pareils gateaux. Regina Cæli, c’est Venus (Apul. Met. XI.) appellée chez les Assyriens Μυλητα, nom derivé d’un mot qui signifie genitrix (Vide le Not. sur Hesych. voc. Μυλητ. edit. Alberti) Les Pheniciens porterent cet usage en Sicile & ces offrandes de gateaux furent introduites dans les Thesmophories, fêtes en l’honneur de Cerès, souvent confonduë avec Venus. Heraclid. Syrac. apud Athen. XIV: Syracusis præcipuo Thesmophoriorum die confici ex Sesamo & melle pudenda mulierbria (ἐφήβαια γυναικεἷα), qua totâ Sicilia Mylli (Μυλλους) adpellentur; eaque in honorem Dearum circumferri – Hesychius & les Notes de l’edit. d’Alberti (T. II. p. 249. not. 4) expliquent les mots εφηβαια γυναικεια, & le nom que portaient ces gateaux venait du nom oriental de Venus, Mylita, ou de leur commune racine ילד, genuit. –
J’espere, Monsieur, que j’aurai bientot le plaisir de vous voir à
Copet ou à Geneve, j’en aurai beaucoup à vous retrouver & à vous assurer de vive voix de mon sincere attachement
Favre Cayla fils
Ce 13 Juillet 1808
[3] [leer]
[4] [leer]
[1] J’ay eu beaucoup de regrets, Monsieur, de n’avoir pas eu le plaisir de vous voir pendant la courte visite que j’ay faite à Copet, je n’eus que le tems de demander de vos nouvelles sans avoir celui d’aller vous chercher. Vous avez eu la bonté l’année derniere d’accueillir avec indulgence quelques remarques faites bien à la hate sur le vers de Catulle dont Mr Monti fut deja occupé: elle font la bâse d’une dissertation qui a paru en Mars dans le Magazin Encyclopedique & dont je vous envoye un exemplaire en vous priant de remettre les deux autres à Mr Constant & à Mr Simonde. J’y soutiens la leçon chloridos dans le vers de Catulle & je crois que ce Surnom fut donné á Arsinoë à cause de la couleur de la pierre precieuse dont sa Statuë fut faite; un Ancien Lexicographe employe le mot ὑῶοχλωριζων pour designer la couleur de cette pierre. – – l’Egypte offre l’exemple d’une de ses grandes divinités qui devait son nom à la matiere ou à la couleur de ses statuës: Anubis était toujours representé en or ou couleur d’or & son nom est celui de ce métal; Ennub, Annoub sont des mots fréquemment employés dans les monumens Coptes pour aureum, ainsi que le remarque Jablonski; on trouve encore dans quelques auteurs cette divinité appellée Αννουβις & c’est la veritable ortographe de son nom suivant J. G. te Water. –
Je parle p. 23 du
ψχευλ, ornement distinctif des roys d’Egypte: On n’a jusqu’ici proposé sur cet objet que des conjectures dénuèes de preuves & personne n’a tenté de donner l’Etymologie de ce mot. Je crois l’avoir trouvée dans le mot Copte ϣⲉⲛⲧⲱ, shento, qui repond aux mots grecs χιτων, ιματιον; avec l’article singulier masculin ⲡⲓ ou , le mot devient ⲡϣⲉⲛⲧⲱ, Pshento, qu’on n’a pu rendre en Grec que par ψχευλ. Mr Silvestre de Sacy m’a écrit qu’il avait depuis longtems pensè a comparer avec le ψχευλ de l’Inscription de Rosette, le mot Copte ϣⲑⲉⲛ, Shthen, Vestis, dont par une métathèse on peut faire Shenth: mais cette Etymologie à cet inconvenient, que le mot Egyptien etant feminin prend l’article & non pas l’article ⲡⲓ, ce qui a empeché Mr de Sacy d’en faire usage: il parait prefferer mon explication & je l’aurai inserée dans ma brochure si la lettre de Mr de Sacy m’était parvenuë plutot. Je pourrais vous donner plus de détails si cet objet avait pour vous quelqu’interet.
Je ferai encore une remarque sur les gateaux figurés offerts à la place de victîmes vivantes:
Servius dans son comment.e sur Virgile dit: .. & sciendum in sacris simulata pro veris [2] accipi. Undè quum de animalibus quæ difficilè inveniuntur est sacrificandum, de pane aut cerâ fiunt & pro veris accipiuntar. On trouve cet usage chez les Assyriens où il parait que la dévote prostitution des femmes, racontee par Herodote & d’autres écrivains, fut remplacée par une offrande de gateaux, dont la figure rappellait l’ancien usage. Jeremie: mulieres verò subacta farinæ massam apponunt, ut faciant כַוָניִמ (Cavanim) Reginæ Cæli. – les versions greques rendent Cavanim par καῦωνας, ποπανα, πεμματα – Dans la lettre de Jeremie, Baruch VI: mulieres autem circumdatæ funibus in viis sedent adolentes furfura (θυμιωσα τα πιτυρα), ce qui parait devoir s’entendre de pareils gateaux. Regina Cæli, c’est Venus (Apul. Met. XI.) appellée chez les Assyriens Μυλητα, nom derivé d’un mot qui signifie genitrix (Vide le Not. sur Hesych. voc. Μυλητ. edit. Alberti) Les Pheniciens porterent cet usage en Sicile & ces offrandes de gateaux furent introduites dans les Thesmophories, fêtes en l’honneur de Cerès, souvent confonduë avec Venus. Heraclid. Syrac. apud Athen. XIV: Syracusis præcipuo Thesmophoriorum die confici ex Sesamo & melle pudenda mulierbria (ἐφήβαια γυναικεἷα), qua totâ Sicilia Mylli (Μυλλους) adpellentur; eaque in honorem Dearum circumferri – Hesychius & les Notes de l’edit. d’Alberti (T. II. p. 249. not. 4) expliquent les mots εφηβαια γυναικεια, & le nom que portaient ces gateaux venait du nom oriental de Venus, Mylita, ou de leur commune racine ילד, genuit. –
J’espere, Monsieur, que j’aurai bientot le plaisir de vous voir à
Copet ou à Geneve, j’en aurai beaucoup à vous retrouver & à vous assurer de vive voix de mon sincere attachement
Favre Cayla fils
Ce 13 Juillet 1808
[3] [leer]
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