• August Wilhelm von Schlegel to Eugène Burnouf

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Paris · Date: 15.09.1834
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Eugène Burnouf
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 15.09.1834
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Paris, Bibliothèque Nationale de France
  • Classification Number: NAF 1060, ff 206-207
  • Number of Pages: 1 S., hs. m. U.
  • Incipit: „[1] Bonn 15 Sept. 34.
    My dear Sir,
    Veuillez faire parvenir l’incluse à Madame de Chézy avec les notes qu’elle vous avait [...]“
    Language
  • French
  • English
  • Sanskrit
  • Latin
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
[1] Bonn 15 Sept. 34.
My dear Sir,
Veuillez faire parvenir l’incluse à
Madame de Chézy avec les notes qu’elle vous avait remises. Il n’y a pas de mal à ce qu’elle voye que je Vous ai envoyé ma lettre ouverte.
Depuis votre départ je me suis encore fort occupé de Vous, ou plutôt j’ai étudié sous vos auspices. Je
vous ai lu ou relu en entier, et je Vous ai suivi avec plaisir par tous les sentiers tortueux. C’est une entreprise ardue, mais vous la conduisez à bonne fin. Il y a là de quoi causer à perte de vue; j’aurais bien aussi quelques doutes et objections à présenter.
ūrddha ce me semble, ne doit pas être dérivé de ṛdha mais de vṛdha. C’est manifestement un participe prétérit passif. Puisque ces participes ne prennent point l’augment de la voyelle, même en admettant ûr comme un vrĭddhi anomale de , on ne justifierait pas encore votre dérivation. À mon avis, ûrddha est un Samprasârańam, comme ukta, upta, ûďha etc. À coté de cela subsiste la formation régulière vrĭddha; ûrddhva n’est probablement qu’une forme altérée.
Vos preuves sont convaincantes pour
vasishťha, adjectif au superlatif. Mais il reste à savoir si cela est identique avec le nom du saint, que j’écris [2] Vaçishťha d’après de nombreuses autorités. Il n’est pas sûr que ce soit un superlatif. Ce pourrait être un composé avec shťhâ. Supposez le verbe vaç transformé en substantif monosyllabique comme diç, lequel aurait gardé la terminaison du 7e cas. Cela signifierait persévérant. Le nom d’un autre sage, Uçanas, est dérivé du même verbe. Les Védas fourniront peut-être des éclaircissemens.
Dans
trois deux endroits de Votre ouvrage j’eusse pu m’attendre à être cité par vous. 1°) J’ai fait le premier cette observation: śa = k, c, h gothique. Bibl. Ind. Vol. I, p. 322, 323. J’ai même eu égard à l’ancienne langue persanne. - 2°) J’ai discuté à fond le passage d’Hérodote. Bibl. Ind. Vol. II, p. 308-313. et Réflexions &c p. 70. - xxx À votre page 159.
Je pense que dans la transcription vous auriez pu vous écarter d’avantage des habitudes français. Et prononcé à l’Italienne, c’est un grand pas de fait. Pourquoi pas
sha pour ṣa? C’est une triste necessité d’écrire tsha et dja pour ca et ja. Mais il fait bien se garder de croire que t et d soyent des éléments de ces consonnes. Ce sont des sons simples. Les palatales n’ont rien de commun avec les dentales; au contraire les deux classes sont antipathiques. Il en est de même de la sifflante douce; je français. Telle langue qui n’a pas le ja, la possède. Au contraire les Espagnols ont le ca, et n’ont pas le ṣa.
La plupart de mes objections rouleraient sur les rapprochements avec le grec, le latin et le Germanique
[3] Ce n’est qu’un accessoire, je le sais bien. Mais quelques hypothèses mal fondées peuvent rendre suspectes les étymologies solidement démontrées. Vous voulez justifier le passage de r à s par ustus de uro. C’est tout au contraire le Rhotacisme habituel du Latin. Ussi et ustus viennent de uso, alteré plus tard dans le présent et les formations qui en dépendent, en uro. C’est comme soror, Lora etc pour Sosor, Losa etc.
Rosen m’a prêté un beau manuscrit dévanâgari, contenant la Bhag. Gîtâ avec un autre commentaire, gûďârtha-dîpicâ. J’en saurai tirer bon parti pour le reste de mes notes.
Adieu, my dear Sir. Donnez nous de vos nouvelles.
Lassen me charge de vous dire bien des choses de sa part. Je vous prie d’être bien persuadé de mon amitié sincère.
AW de Schlegel
[4] [leer]
[1] Bonn 15 Sept. 34.
My dear Sir,
Veuillez faire parvenir l’incluse à
Madame de Chézy avec les notes qu’elle vous avait remises. Il n’y a pas de mal à ce qu’elle voye que je Vous ai envoyé ma lettre ouverte.
Depuis votre départ je me suis encore fort occupé de Vous, ou plutôt j’ai étudié sous vos auspices. Je
vous ai lu ou relu en entier, et je Vous ai suivi avec plaisir par tous les sentiers tortueux. C’est une entreprise ardue, mais vous la conduisez à bonne fin. Il y a là de quoi causer à perte de vue; j’aurais bien aussi quelques doutes et objections à présenter.
ūrddha ce me semble, ne doit pas être dérivé de ṛdha mais de vṛdha. C’est manifestement un participe prétérit passif. Puisque ces participes ne prennent point l’augment de la voyelle, même en admettant ûr comme un vrĭddhi anomale de , on ne justifierait pas encore votre dérivation. À mon avis, ûrddha est un Samprasârańam, comme ukta, upta, ûďha etc. À coté de cela subsiste la formation régulière vrĭddha; ûrddhva n’est probablement qu’une forme altérée.
Vos preuves sont convaincantes pour
vasishťha, adjectif au superlatif. Mais il reste à savoir si cela est identique avec le nom du saint, que j’écris [2] Vaçishťha d’après de nombreuses autorités. Il n’est pas sûr que ce soit un superlatif. Ce pourrait être un composé avec shťhâ. Supposez le verbe vaç transformé en substantif monosyllabique comme diç, lequel aurait gardé la terminaison du 7e cas. Cela signifierait persévérant. Le nom d’un autre sage, Uçanas, est dérivé du même verbe. Les Védas fourniront peut-être des éclaircissemens.
Dans
trois deux endroits de Votre ouvrage j’eusse pu m’attendre à être cité par vous. 1°) J’ai fait le premier cette observation: śa = k, c, h gothique. Bibl. Ind. Vol. I, p. 322, 323. J’ai même eu égard à l’ancienne langue persanne. - 2°) J’ai discuté à fond le passage d’Hérodote. Bibl. Ind. Vol. II, p. 308-313. et Réflexions &c p. 70. - xxx À votre page 159.
Je pense que dans la transcription vous auriez pu vous écarter d’avantage des habitudes français. Et prononcé à l’Italienne, c’est un grand pas de fait. Pourquoi pas
sha pour ṣa? C’est une triste necessité d’écrire tsha et dja pour ca et ja. Mais il fait bien se garder de croire que t et d soyent des éléments de ces consonnes. Ce sont des sons simples. Les palatales n’ont rien de commun avec les dentales; au contraire les deux classes sont antipathiques. Il en est de même de la sifflante douce; je français. Telle langue qui n’a pas le ja, la possède. Au contraire les Espagnols ont le ca, et n’ont pas le ṣa.
La plupart de mes objections rouleraient sur les rapprochements avec le grec, le latin et le Germanique
[3] Ce n’est qu’un accessoire, je le sais bien. Mais quelques hypothèses mal fondées peuvent rendre suspectes les étymologies solidement démontrées. Vous voulez justifier le passage de r à s par ustus de uro. C’est tout au contraire le Rhotacisme habituel du Latin. Ussi et ustus viennent de uso, alteré plus tard dans le présent et les formations qui en dépendent, en uro. C’est comme soror, Lora etc pour Sosor, Losa etc.
Rosen m’a prêté un beau manuscrit dévanâgari, contenant la Bhag. Gîtâ avec un autre commentaire, gûďârtha-dîpicâ. J’en saurai tirer bon parti pour le reste de mes notes.
Adieu, my dear Sir. Donnez nous de vos nouvelles.
Lassen me charge de vous dire bien des choses de sa part. Je vous prie d’être bien persuadé de mon amitié sincère.
AW de Schlegel
[4] [leer]
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