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Les permutations sont alors en règle.<lb/>Les voyelles gothiques sont sujettes à des variations dont je n’ai pas encore pu découvrir la loi. lt paraît que la quantité est plus fixe que la qualité; mais il ne faut pas oublier que les diphthongues <hi rend="slant:italic">ai</hi> et <hi rend="slant:italic">au</hi> ont deux valeurs diverses et sont souvent brèves. Les métamorphoses des significations sont merveilleuses. Un renversement complet n’est pas rare. C’est pourquoi l’on n’en peut pas conclure grand’ chose, quand il s’agit du déchiffrement d’une langue inconnue. Pour vous, le gothique est une œuvre surérogatoire, s’il ne devient pas un moyen d’intelligence...... Votre rapprochement de <hi rend="slant:italic">prâma</hi> et de φρήν est spécieux, mais, à mon avis, non admissible, le premier mot étant composé et le second simple. D’ailleurs φρήν signifie primitivement le diaphragme, où les Grecs homériques plaçaient le siége de l’âme. 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Dans le germanique et l’anglo-saxon, an voit un type général; tandis que dans le francique, l’on voit beaucoup de nuances diverses qui me semblent être plutôt locales que chronologiques. Grimm a pris pour base la prononciation la plus rude, comme la mieux caractérisée; mais, à mon avis, elle n’a jamais été générale. Allez à Zurich ou à Saint-Gall, vous y trouverez encore aujourd’hui les gloses de Kéron toutes vivantes. Grimm a même été jusqu’à prendre quelques monosyllabes gothiques pour des contractions, quand l’orthographe de l’ancien hautallemand présentait en apparence deux syllabes, par exemple <hi rend="slant:italic">baurgs-puruh</hi>. Mais cela n’est que l’endurcissement des organes qui ne savent pas prononcer une consonne après un <hi rend="slant:italic">r</hi> sans l’intervention d’une voyelle parasite. La forme gothique s’est maintenue dans toutes les langues romanes: <hi rend="slant:italic">borgo , Burgos, bourg</hi>. 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Répétez la série gothique, et commencez l’autre série deux échelons plus bas; vous trouverez ainsi la permutation qui prévaut généralement:<lb/><hi rend="slant:italic">Gothique.</hi> <hi rend="slant:italic" rendition="#PRSPreset3">Sanscrit</hi><hi rend="slant:italic">. </hi><hi rend="slant:italic" rendition="#PRSPreset3">Grec</hi><hi rend="slant:italic">. </hi><hi rend="slant:italic" rendition="#PRSPreset3">Latin</hi><hi rend="slant:italic">.</hi><lb/>t<lb/>d<lb/>th <hi rend="family:Times" rendition="#PRSPreset3"><milestone unit="start" n="41403"/>ta<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41403"/></hi> <hi rendition="#PRSPreset3">τ</hi> <hi rendition="#PRSPreset3">t</hi><lb/>t <hi rend="family:Times" rendition="#PRSPreset3"><milestone unit="start" n="41404"/>da<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41404"/></hi> <hi rendition="#PRSPreset3">δ</hi> <hi rendition="#PRSPreset3">d</hi><lb/>d <milestone unit="start" n="41405"/><hi rend="family:Times" rendition="#PRSPreset3">dha</hi><hi rend="family:Times"> tha</hi><note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41405"/></hi> <hi rendition="#PRSPreset1">θ</hi><lb/>th<lb/>La même formule s’applique aussi aux deux autres organes. 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Je le nomme francique à bon droit, d’après l'exemple d’Otfrid. Dans le germanique et l’anglo-saxon, an voit un type général; tandis que dans le francique, l’on voit beaucoup de nuances diverses qui me semblent être plutôt locales que chronologiques. Grimm a pris pour base la prononciation la plus rude, comme la mieux caractérisée; mais, à mon avis, elle n’a jamais été générale. Allez à Zurich ou à Saint-Gall, vous y trouverez encore aujourd’hui les gloses de Kéron toutes vivantes. Grimm a même été jusqu’à prendre quelques monosyllabes gothiques pour des contractions, quand l’orthographe de l’ancien hautallemand présentait en apparence deux syllabes, par exemple <span class="slant-italic ">baurgs-puruh</span>. Mais cela n’est que l’endurcissement des organes qui ne savent pas prononcer une consonne après un <span class="slant-italic ">r</span> sans l’intervention d’une voyelle parasite. La forme gothique s’est maintenue dans toutes les langues romanes: <span class="slant-italic ">borgo , Burgos, bourg</span>. Les gloses donnent <span class="slant-italic ">komo</span> (homrne); Otfrid écrit <span class="slant-italic ">gomo</span>, et c’est ainsi qu’ont parlé les Francs de la cour: le nom de la reine <span class="slant-italic ">Gometrude</span> le prouve. Ainsi donc l’ancien haut-allemand ne ferait que compliquer la doctrine des permutations, qui est simple et belle entre le sanscrit, le grec et le latin d’une part, et le gothique de l’autre. Voici la formule. Rangez les consonnes de chaque organe dans cet ordre: <span class="slant-italic ">tenuis, media, adspirata</span>, en ne comptant les deux aspirées sanscrites que pour une seule. Répétez la série gothique, et commencez l’autre série deux échelons plus bas; vous trouverez ainsi la permutation qui prévaut généralement:<br><span class="slant-italic ">Gothique.</span> <span class="slant-italic prspreset3 ">Sanscrit</span><span class="slant-italic ">. </span><span class="slant-italic prspreset3 ">Grec</span><span class="slant-italic ">. </span><span class="slant-italic prspreset3 ">Latin</span><span class="slant-italic ">.</span><br>t<br>d<br>th <span class="family-times prspreset3 notice-41403 ">ta</span> <span class="prspreset3 ">τ</span> <span class="prspreset3 ">t</span><br>t <span class="family-times prspreset3 notice-41404 ">da</span> <span class="prspreset3 ">δ</span> <span class="prspreset3 ">d</span><br>d <span class="family-times prspreset3 notice-41405 ">dha</span><span class="notice-41405 family-times "> tha</span> <span class="prspreset1 ">θ</span><br>th<br>La même formule s’applique aussi aux deux autres organes. Grimm a eu tort, à mon avis, de dire que le Goths n’ont pas eu de gutturale aspirée; le <span class="slant-italic ">h</span> chez eux fait évidemment double fonction. La parallèle des dentales est cependant le plus important, parce qu’on peut la vérifier dans quelques pronoms et dans la conjugaison, par exemple: sanscr. <span class="slant-italic ">tad</span> = goth. <span class="slant-italic ">thata</span>; 3<span class="offset-4 ">e</span> personne du singulier prés., sanscr. <span class="slant-italic ">ati</span>, ετι, it = goth. <span class="slant-italic ">ith</span>; 2<span class="offset-4 ">e</span> personne plur. imper.; sanscr. <span class="slant-italic ">ata</span>, ετε, ite = goth. <span class="slant-italic ">ith</span>. Il y a des exceptions dans la 2<span class="offset-4 ">e</span> pers. sing. et la 2<span class="offset-4 ">e</span> personne du duel du prétérit, où la règle exigerait <span class="slant-italic ">d</span>, et où il y a <span class="slant-italic ">t</span>, et <span class="slant-italic ">ats</span>; mais cette exception est justifiée par la suppression d’une voyelle. La moyenne s’est durcie une fois comme finale, l’autre fois par le voisinage du <span class="slant-italic ">s</span>. Sans doute le gothique se rapproche quelquefois du zend en s’écartant des trois autres langues; mais on ne pourra pas donner cette observation comme une règle générale. Je ne puis pas non plus vous accorder que dans le gothique l’aspiration soit provoquée par le <span class="slant-italic ">r</span>, puisqu’elle est introduite, et même deux fois dans le même mot, où il n’y a pas de <span class="slant-italic ">r</span> du tout savoir dans <span class="slant-italic ">faths</span> pour <span class="slant-italic ">pati</span>. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, tandis que le concours de plusieurs consonnes arrête souvent la permutation, la présence d’un<span class="slant-italic "> r</span> ne l’empeche point. L’aspirée sanscrite perd même son aspiration à côté d’un <span class="slant-italic ">r</span>, dans <span class="slant-italic ">bhrâtrĭ</span> qui est <span class="slant-italic ">brôthar</span>. Remarquez encore que le gothique n’ayant point d’<span class="slant-italic ">â</span> long, l’oméga répond toujours à <span class="slant-italic ">â</span>. Voila donc en un seul mot trois per mutations parfaitement en règle. La règle ci-dessus sert aussi à décider des cas douteux; par exemple, faut-il identifier <span class="slant-italic ">wairthan</span> (devenir) avec <span class="slant-italic ">vrĭdh</span> ou <span class="slant-italic ">vrĭt</span>? La règle décide pour la seconde racine: <span class="slant-italic ">wairthith</span>, vertit, <span class="slant-italic ">vartaté</span>. La même chose a lieu lorsque les gutturales et les labiales alternent, <span class="slant-italic ">fimf</span>, πέμπε, quinque. Tout le monde sait aujourd’hui ce que j’ai observé, je crois, le premier, que <span class="family-times notice-41407 ">śa</span> = κ, c : il faut ajouter <span class="family-times notice-41406 ">śa</span> = h, dans <span class="slant-italic ">daça</span>, δέκα, decem, <span class="slant-italic ">taihun</span>: <span class="slant-italic ">paçu</span>, pecus, <span class="slant-italic ">faihu</span>. Nous trouvons aussi: <span class="family-times notice-41408 ">kṣa</span> = hs, dans <span class="slant-italic ">dakchina</span>, δεξίος, dexter, <span class="slant-italic ">taihswo</span>. De même <span class="family-times notice-41409 ">cha</span> initial = σχ, sc, sk; j’en connais deux exemples. Il y a un rapprochement curieux à faire entre <span class="slant-italic ">fairhous</span> et <span class="slant-italic ">pârçνa</span>. L’identité selon les permutations est parfaite: mais comment accorder le sens? Dans Ulfilas, cela exprime <span class="slant-italic ">mundus</span>; mais il paraît que c’est proprement la totalité des êtres vivants. Du moins le mot dont <span class="slant-italic ">faιrhvus</span> est dérivé, mais qui ne se trouve pas dans nos textes, signifie <span class="slant-italic ">vie</span>; c’est, dans l’ancien haut-allemand, <span class="slant-italic ">ferah</span>. De là, dans les Nibelunge , <span class="slant-italic ">ferch- wunde</span>, blessure vitale, c’est - à - dire <span class="slant-italic ">mortelle</span>.<br>Nos linguistes ont été frappés de l’étrangeté du mot <span class="slant-italic ">atathni</span> (année). Reinwald a déjà vu que ce mot était dérivé du persan <span class="slant-italic ">adad</span>, ou du sanscrit âditya. Mais à cause de l’â long initial, il faudra recourir à <span class="slant-italic ">adidi</span>, qui pourrait bien avoir été une personnification de l’année, puisque ses douze fils figurent le soleil dans les douze signes du zodiaque. Les permutations sont alors en règle.<br>Les voyelles gothiques sont sujettes à des variations dont je n’ai pas encore pu découvrir la loi. lt paraît que la quantité est plus fixe que la qualité; mais il ne faut pas oublier que les diphthongues <span class="slant-italic ">ai</span> et <span class="slant-italic ">au</span> ont deux valeurs diverses et sont souvent brèves. Les métamorphoses des significations sont merveilleuses. Un renversement complet n’est pas rare. C’est pourquoi l’on n’en peut pas conclure grand’ chose, quand il s’agit du déchiffrement d’une langue inconnue. Pour vous, le gothique est une œuvre surérogatoire, s’il ne devient pas un moyen d’intelligence...... Votre rapprochement de <span class="slant-italic ">prâma</span> et de φρήν est spécieux, mais, à mon avis, non admissible, le premier mot étant composé et le second simple. D’ailleurs φρήν signifie primitivement le diaphragme, où les Grecs homériques plaçaient le siége de l’âme. Je le dérive de φρε, d’où vient φρέαρ, φράσσω, etc. Je ne vois d’autres traces du verbe sanscrit <span class="slant-italic ">an</span> que ἄνεμος, animus , et dans Ulfilas <span class="slant-italic ">uz-ôn</span> (exspirativ).<br>[M. Burnouf annote: Il y a dans ces observations une justesse trop frappante, pour qu’elles puissent être un instant contestées. 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Er studierte zunächst Rechtswissenschaften in Paris, widmete sich jedoch bald den orientalischen Sprachen. Zu seinen akademischen Lehrern gehörten Antoine Léonard de Chézy und Jean-Pierre Abel-Rémusat. Ab 1829 lehrte er selbst an der École Normale in Paris Fremdsprachen und Komparatistik und wurde schließlich zum Professor für Sanskrit am Collège du France ernannt. Gemeinsam mit Christian Lassen verfasste Burnouf einen „Essai sur le Pali“ (1826) und tat sich als Mitbegründer der französischen Gesellschaft Société Asiatique hervor. Seine Übersetzung der „Bhâgavata Purâna“ erschien von 1840 bis 1844. 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Il y a des exceptions dans la 2<hi rend="offset:4">e</hi> pers. sing. et la 2<hi rend="offset:4">e</hi> personne du duel du prétérit, où la règle exigerait <hi rend="slant:italic">d</hi>, et où il y a <hi rend="slant:italic">t</hi>, et <hi rend="slant:italic">ats</hi>; mais cette exception est justifiée par la suppression d’une voyelle. La moyenne s’est durcie une fois comme finale, l’autre fois par le voisinage du <hi rend="slant:italic">s</hi>. Sans doute le gothique se rapproche quelquefois du zend en s’écartant des trois autres langues; mais on ne pourra pas donner cette observation comme une règle générale. Je ne puis pas non plus vous accorder que dans le gothique l’aspiration soit provoquée par le <hi rend="slant:italic">r</hi>, puisqu’elle est introduite, et même deux fois dans le même mot, où il n’y a pas de <hi rend="slant:italic">r</hi> du tout savoir dans <hi rend="slant:italic">faths</hi> pour <hi rend="slant:italic">pati</hi>. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, tandis que le concours de plusieurs consonnes arrête souvent la permutation, la présence d’un<hi rend="slant:italic"> r</hi> ne l’empeche point. L’aspirée sanscrite perd même son aspiration à côté d’un <hi rend="slant:italic">r</hi>, dans <hi rend="slant:italic">bhrâtrĭ</hi> qui est <hi rend="slant:italic">brôthar</hi>. Remarquez encore que le gothique n’ayant point d’<hi rend="slant:italic">â</hi> long, l’oméga répond toujours à <hi rend="slant:italic">â</hi>. Voila donc en un seul mot trois per mutations parfaitement en règle. La règle ci-dessus sert aussi à décider des cas douteux; par exemple, faut-il identifier <hi rend="slant:italic">wairthan</hi> (devenir) avec <hi rend="slant:italic">vrĭdh</hi> ou <hi rend="slant:italic">vrĭt</hi>? La règle décide pour la seconde racine: <hi rend="slant:italic">wairthith</hi>, vertit, <hi rend="slant:italic">vartaté</hi>. La même chose a lieu lorsque les gutturales et les labiales alternent, <hi rend="slant:italic">fimf</hi>, πέμπε, quinque. Tout le monde sait aujourd’hui ce que j’ai observé, je crois, le premier, que <hi rend="family:Times"><milestone unit="start" n="41407"/>śa<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41407"/></hi> = κ, c : il faut ajouter <hi rend="family:Times"><milestone unit="start" n="41406"/>śa<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41406"/></hi> = h, dans <hi rend="slant:italic">daça</hi>, δέκα, decem, <hi rend="slant:italic">taihun</hi>: <hi rend="slant:italic">paçu</hi>, pecus, <hi rend="slant:italic">faihu</hi>. Nous trouvons aussi: <hi rend="family:Times"><milestone unit="start" n="41408"/>kṣa<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41408"/></hi> = hs, dans <hi rend="slant:italic">dakchina</hi>, δεξίος, dexter, <hi rend="slant:italic">taihswo</hi>. De même <hi rend="family:Times"><milestone unit="start" n="41409"/>cha<note type="Sachkommentar"><title>Sanskrit</title></note><milestone unit="end" n="41409"/></hi> initial = σχ, sc, sk; j’en connais deux exemples. Il y a un rapprochement curieux à faire entre <hi rend="slant:italic">fairhous</hi> et <hi rend="slant:italic">pârçνa</hi>. L’identité selon les permutations est parfaite: mais comment accorder le sens? Dans Ulfilas, cela exprime <hi rend="slant:italic">mundus</hi>; mais il paraît que c’est proprement la totalité des êtres vivants. Du moins le mot dont <hi rend="slant:italic">faιrhvus</hi> est dérivé, mais qui ne se trouve pas dans nos textes, signifie <hi rend="slant:italic">vie</hi>; c’est, dans l’ancien haut-allemand, <hi rend="slant:italic">ferah</hi>. De là, dans les Nibelunge , <hi rend="slant:italic">ferch- wunde</hi>, blessure vitale, c’est - à - dire <hi rend="slant:italic">mortelle</hi>.<lb/>Nos linguistes ont été frappés de l’étrangeté du mot <hi rend="slant:italic">atathni</hi> (année). Reinwald a déjà vu que ce mot était dérivé du persan <hi rend="slant:italic">adad</hi>, ou du sanscrit âditya. Mais à cause de l’â long initial, il faudra recourir à <hi rend="slant:italic">adidi</hi>, qui pourrait bien avoir été une personnification de l’année, puisque ses douze fils figurent le soleil dans les douze signes du zodiaque. Les permutations sont alors en règle.<lb/>Les voyelles gothiques sont sujettes à des variations dont je n’ai pas encore pu découvrir la loi. lt paraît que la quantité est plus fixe que la qualité; mais il ne faut pas oublier que les diphthongues <hi rend="slant:italic">ai</hi> et <hi rend="slant:italic">au</hi> ont deux valeurs diverses et sont souvent brèves. Les métamorphoses des significations sont merveilleuses. Un renversement complet n’est pas rare. C’est pourquoi l’on n’en peut pas conclure grand’ chose, quand il s’agit du déchiffrement d’une langue inconnue. Pour vous, le gothique est une œuvre surérogatoire, s’il ne devient pas un moyen d’intelligence...... Votre rapprochement de <hi rend="slant:italic">prâma</hi> et de φρήν est spécieux, mais, à mon avis, non admissible, le premier mot étant composé et le second simple. D’ailleurs φρήν signifie primitivement le diaphragme, où les Grecs homériques plaçaient le siége de l’âme. Je le dérive de φρε, d’où vient φρέαρ, φράσσω, etc. Je ne vois d’autres traces du verbe sanscrit <hi rend="slant:italic">an</hi> que ἄνεμος, animus , et dans Ulfilas <hi rend="slant:italic">uz-ôn</hi> (exspirativ).<lb/>[M. Burnouf annote: Il y a dans ces observations une justesse trop frappante, pour qu’elles puissent être un instant contestées. L’analogie plus ou moins considérable que présentent les dialectes germaniques avec le zend, ne peut et ne doit être qu’un objet secondaire dans le travail que je publie en ce moment, etc.] ', '36_datengeber' => 'Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek', '36_purl' => '366542141', '36_briefid' => '366542141_AWSanBurnouf_oD', '36_absender' => array( (int) 0 => array( 'ID' => '7125', 'content' => 'August Wilhelm von Schlegel', 'bemerkung' => '', 'altBegriff' => 'Schlegel, August Wilhelm von', 'LmAdd' => array( [maximum depth reached] ) ) ), '36_adressat' => array( (int) 0 => array( 'ID' => '7213', 'content' => 'Eugène Burnouf', 'bemerkung' => '', 'altBegriff' => 'Burnouf, Eugène', 'LmAdd' => array( [maximum depth reached] ) ) ), '36_altDat' => '[o.D.]', '36_leitd' => 'Œuvres de M. Auguste-Guillaume de Schlegel écrites en français. Hg. v. Eduard Böcking. Bd. 3. 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Dans les rapprochements entre le sanscrit, le zend et les langues germaniques, je conseillerais de s’en tenir au gothique et à l’anglo-saxon, et de sauter par dessus le francique ou l’ancien haut-allemand, comme Grimm l’appelle. Je le nomme francique à bon droit, d’après l'exemple d’Otfrid. Dans le germanique et l’anglo-saxon, an voit un type général; tandis que dans le francique, l’on voit beaucoup de nuances diverses qui me semblent être plutôt locales que chronologiques. Grimm a pris pour base la prononciation la plus rude, comme la mieux caractérisée; mais, à mon avis, elle n’a jamais été générale. Allez à Zurich ou à Saint-Gall, vous y trouverez encore aujourd’hui les gloses de Kéron toutes vivantes. Grimm a même été jusqu’à prendre quelques monosyllabes gothiques pour des contractions, quand l’orthographe de l’ancien hautallemand présentait en apparence deux syllabes, par exemple baurgs-puruh. Mais cela n’est que l’endurcissement des organes qui ne savent pas prononcer une consonne après un r sans l’intervention d’une voyelle parasite. La forme gothique s’est maintenue dans toutes les langues romanes: borgo , Burgos, bourg. Les gloses donnent komo (homrne); Otfrid écrit gomo, et c’est ainsi qu’ont parlé les Francs de la cour: le nom de la reine Gometrude le prouve. Ainsi donc l’ancien haut-allemand ne ferait que compliquer la doctrine des permutations, qui est simple et belle entre le sanscrit, le grec et le latin d’une part, et le gothique de l’autre. Voici la formule. Rangez les consonnes de chaque organe dans cet ordre: tenuis, media, adspirata, en ne comptant les deux aspirées sanscrites que pour une seule. Répétez la série gothique, et commencez l’autre série deux échelons plus bas; vous trouverez ainsi la permutation qui prévaut généralement:
Gothique. Sanscrit. Grec. Latin.
t
d
th ta τ t
t da δ d
d dha tha θ
th
La même formule s’applique aussi aux deux autres organes. Grimm a eu tort, à mon avis, de dire que le Goths n’ont pas eu de gutturale aspirée; le h chez eux fait évidemment double fonction. La parallèle des dentales est cependant le plus important, parce qu’on peut la vérifier dans quelques pronoms et dans la conjugaison, par exemple: sanscr. tad = goth. thata; 3e personne du singulier prés., sanscr. ati, ετι, it = goth. ith; 2e personne plur. imper.; sanscr. ata, ετε, ite = goth. ith. Il y a des exceptions dans la 2e pers. sing. et la 2e personne du duel du prétérit, où la règle exigerait d, et où il y a t, et ats; mais cette exception est justifiée par la suppression d’une voyelle. La moyenne s’est durcie une fois comme finale, l’autre fois par le voisinage du s. Sans doute le gothique se rapproche quelquefois du zend en s’écartant des trois autres langues; mais on ne pourra pas donner cette observation comme une règle générale. Je ne puis pas non plus vous accorder que dans le gothique l’aspiration soit provoquée par le r, puisqu’elle est introduite, et même deux fois dans le même mot, où il n’y a pas de r du tout savoir dans faths pour pati. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, tandis que le concours de plusieurs consonnes arrête souvent la permutation, la présence d’un r ne l’empeche point. L’aspirée sanscrite perd même son aspiration à côté d’un r, dans bhrâtrĭ qui est brôthar. Remarquez encore que le gothique n’ayant point d’â long, l’oméga répond toujours à â. Voila donc en un seul mot trois per mutations parfaitement en règle. La règle ci-dessus sert aussi à décider des cas douteux; par exemple, faut-il identifier wairthan (devenir) avec vrĭdh ou vrĭt? La règle décide pour la seconde racine: wairthith, vertit, vartaté. La même chose a lieu lorsque les gutturales et les labiales alternent, fimf, πέμπε, quinque. Tout le monde sait aujourd’hui ce que j’ai observé, je crois, le premier, que śa = κ, c : il faut ajouter śa = h, dans daça, δέκα, decem, taihun: paçu, pecus, faihu. Nous trouvons aussi: kṣa = hs, dans dakchina, δεξίος, dexter, taihswo. De même cha initial = σχ, sc, sk; j’en connais deux exemples. Il y a un rapprochement curieux à faire entre fairhous et pârçνa. L’identité selon les permutations est parfaite: mais comment accorder le sens? Dans Ulfilas, cela exprime mundus; mais il paraît que c’est proprement la totalité des êtres vivants. Du moins le mot dont faιrhvus est dérivé, mais qui ne se trouve pas dans nos textes, signifie vie; c’est, dans l’ancien haut-allemand, ferah. De là, dans les Nibelunge , ferch- wunde, blessure vitale, c’est - à - dire mortelle.
Nos linguistes ont été frappés de l’étrangeté du mot atathni (année). Reinwald a déjà vu que ce mot était dérivé du persan adad, ou du sanscrit âditya. Mais à cause de l’â long initial, il faudra recourir à adidi, qui pourrait bien avoir été une personnification de l’année, puisque ses douze fils figurent le soleil dans les douze signes du zodiaque. Les permutations sont alors en règle.
Les voyelles gothiques sont sujettes à des variations dont je n’ai pas encore pu découvrir la loi. lt paraît que la quantité est plus fixe que la qualité; mais il ne faut pas oublier que les diphthongues ai et au ont deux valeurs diverses et sont souvent brèves. Les métamorphoses des significations sont merveilleuses. Un renversement complet n’est pas rare. C’est pourquoi l’on n’en peut pas conclure grand’ chose, quand il s’agit du déchiffrement d’une langue inconnue. Pour vous, le gothique est une œuvre surérogatoire, s’il ne devient pas un moyen d’intelligence...... Votre rapprochement de prâma et de φρήν est spécieux, mais, à mon avis, non admissible, le premier mot étant composé et le second simple. D’ailleurs φρήν signifie primitivement le diaphragme, où les Grecs homériques plaçaient le siége de l’âme. Je le dérive de φρε, d’où vient φρέαρ, φράσσω, etc. Je ne vois d’autres traces du verbe sanscrit an que ἄνεμος, animus , et dans Ulfilas uz-ôn (exspirativ).
[M. Burnouf annote: Il y a dans ces observations une justesse trop frappante, pour qu’elles puissent être un instant contestées. L’analogie plus ou moins considérable que présentent les dialectes germaniques avec le zend, ne peut et ne doit être qu’un objet secondaire dans le travail que je publie en ce moment, etc.]
Gothique. Sanscrit. Grec. Latin.
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