• August Wilhelm von Schlegel to Claude C. Fauriel

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Paris · Date: 20.04.1822
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
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    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Claude C. Fauriel
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 20.04.1822
  • Notations: Da der Brief im Druck nur teilweise wiedergegeben ist, wurde er neu transkribiert. ‒ Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • Bibliography: Sainte-Beuve, Charles Augustin: Portraits contemporains. Bd. 4. Paris 1876, S. 246‒247.
  • Incipit: „[1] Bonn 20 Avril 1822.
    Très-cher ami et généreux protecteur de mes études, il y a un temps infini que je ne [...]“
    Manuscript
  • Provider: Kraków, Biblioteka Jagiellońska
    Language
  • French
    Editors
  • Bamberg, Claudia
  • Hanneder, Jürgen
  • Varwig, Olivia
[1] Bonn 20 Avril 1822.
Très-cher ami et généreux protecteur de mes études, il y a un temps infini que je ne vous ai pas écrit – Mais jʼai fait mieux, jʼai composé un livre ou du moins une brochure pour Vous. Pour qui écriroit on des choses pareilles, si ce nʼest pour des lecteurs comme Vous, qui embrassent toute la sphère de la pensée et qui sont en même temps savans, patiens, laborieux? Le 3
e cahier de ma Bibl. Ind. doit être vos mains, et je souhaite de tout mon coeur quʼil Vous satisfasse. Vous mʼobligerez si Vous voulez en faire au plutôt un article dans la revue encyclopédique. Jʼai aussi envoyé des exemplaires aux autres pandits de Paris, Chézy auroit dû parler depuis longtemps de moi dans le Journal des Savans, et il devroit le faire encore à lʼoccasion de ce nouveau cahier, mais sʼil est toujours dans le même abattement où je lʼai laissé, il nʼy a rien à espérer de sa part Saluez-le cependant bien cordialement de ma part, et dites lui, sʼil veut me donner quelque chose pour ma Bibl. quʼil sera toujours le bienvenu et que je mʼoffre comme son traducteur.
Voilà donc
Votre Société Asiatique constituée – faites-moi savoir, si je suis reconnu membre et quelles sont mes obligations. Comptez sur tout mon zêle. Je désirerois avoir le programme et une notice detaillée, pour parler d’une aussi [2] louable institution dans mon prochain numéro. Le discours de Mr de Sacy, dont les journaux ont rendu compte, est-il imprimé? Dans ce cas-là je vous prie de me l’envoyer sous bandes. Si non, ne pourriez Vous pas engager Mr de Sacy à le communiquer en manuscrit, afin que je le traduise?
J’ai été abimé de travail; ayant donné cet hiver
quatre cours différens, trois heures par jour. Cêla fait que je n’ai pas encore pu arranger mon imprimerie, de sorte que les mots sanscrits insérés dans ce cahier m’ont donné une peine infinie puisqu’il a fallu chercher toutes les lettres une à une. On est impatient à Berlin d’avoir les matrices et les moûles, pour faire faire une seconde fonte, mais j’ai demandé au ministère un répit, pour pouvoir rectifier et completter plusieurs articles par les artistes de Paris. Si Vous me permettez de Vous importuner de nouveau: je Vous enverrai une note exacte de ce que je demande encore à MM. Vibert et Lyon. En attendant je Vous supplie de faire demander tout de suite à Mr Vibert, s’il conserve quelques matrices reformées que j’avois cependant payées, – je voudrois faire usage de deux ou trois de ces matrices. Le nouvel ê, tel qu’il est dans Votre échantillon ne me satisfait pas: il est trop couché, il plane en l’air, ne touchant pas à la ligne horizontale au dessous. Il doit avoir été mal frappé. Par hasard j’ai retrouvé quelques exemplaires de [3] l’ancien ê, je les ai employés de préférence dans ma Bibl. Ind. – Je Vous envoye quelques mots decoupés, afin que Vous puissiez les faire voir à Mr Vibert. Je trouve aussi l’ancien ai que vous reconnoîtrez facilement dans mon Specimen, mieux que le nouveau. Je désire donc que Mr Vibert retrouve ces deux matrices reformées: e ai. Je compte faire fondre un millier de chacune, parceque je veux les employer aussi pour les ô et les au de cette manière: go tau. J’ai déjà vu que les o et les au sont terriblement sujets à se briser sous la presse le trait étant trop mince et trop créné, au lieu que si je place ce trait apart dans l’échancrure de la lettre précedente, la parois de cette même lettre restée debout lui sert de point d’appui. J’ai avisé encore à quelques autres moyens de prévenir la cassure des parties crénées.
Je suis vraiment confus, de Vous entretenir de telles minuties. Mais songez que lorsque
Brahmâ créa le monde; il soigna jusquʼaux antennes des fourmis. Et moi qui ne suis quʼun humble mortel, nʼen feroi je pas autant pour les caractères de cette belle langue révélée?
J’ai pris note de toutes Vos critiques, et je tacherai de Vous satisfaire. Cependant je crois pouvoir justifier mon
dra: dra; je l’ai toujours vu comme cela dans les manuscrits, je le retrouve encore dans les Facsimiles de Halhed [4] à la tête de ses Gentoo-Laws. Au reste il n’y a rien de plus facile que de faire le da dans la forme ordinaire, en y ajoutant le ra.
Je Vous conjure; ne me rendez pas la pareille, et donnez moi bientôt de Vos nouvelles. Mandez moi surtout ce qui Vous occupe en fait de recherches savantes. Si Vous vouliez me donner quelque chose pour
ma Bibl. I. je mettrois le plus grand soin à Vous traduire.
Adieu, mille et mille amitiés. Je ne saurois Vous dire combien je regrette Votre entretien. Si jamais vous venez sur les bords du Rhin, il faudra vous arranger pour demeurer quelque temps
chez moi, et nous Brahmaniseront ensemble dans ma jolie petite bibliothèque
Tout à Vous
Schl
[1] Bonn 20 Avril 1822.
Très-cher ami et généreux protecteur de mes études, il y a un temps infini que je ne vous ai pas écrit – Mais jʼai fait mieux, jʼai composé un livre ou du moins une brochure pour Vous. Pour qui écriroit on des choses pareilles, si ce nʼest pour des lecteurs comme Vous, qui embrassent toute la sphère de la pensée et qui sont en même temps savans, patiens, laborieux? Le 3
e cahier de ma Bibl. Ind. doit être vos mains, et je souhaite de tout mon coeur quʼil Vous satisfasse. Vous mʼobligerez si Vous voulez en faire au plutôt un article dans la revue encyclopédique. Jʼai aussi envoyé des exemplaires aux autres pandits de Paris, Chézy auroit dû parler depuis longtemps de moi dans le Journal des Savans, et il devroit le faire encore à lʼoccasion de ce nouveau cahier, mais sʼil est toujours dans le même abattement où je lʼai laissé, il nʼy a rien à espérer de sa part Saluez-le cependant bien cordialement de ma part, et dites lui, sʼil veut me donner quelque chose pour ma Bibl. quʼil sera toujours le bienvenu et que je mʼoffre comme son traducteur.
Voilà donc
Votre Société Asiatique constituée – faites-moi savoir, si je suis reconnu membre et quelles sont mes obligations. Comptez sur tout mon zêle. Je désirerois avoir le programme et une notice detaillée, pour parler d’une aussi [2] louable institution dans mon prochain numéro. Le discours de Mr de Sacy, dont les journaux ont rendu compte, est-il imprimé? Dans ce cas-là je vous prie de me l’envoyer sous bandes. Si non, ne pourriez Vous pas engager Mr de Sacy à le communiquer en manuscrit, afin que je le traduise?
J’ai été abimé de travail; ayant donné cet hiver
quatre cours différens, trois heures par jour. Cêla fait que je n’ai pas encore pu arranger mon imprimerie, de sorte que les mots sanscrits insérés dans ce cahier m’ont donné une peine infinie puisqu’il a fallu chercher toutes les lettres une à une. On est impatient à Berlin d’avoir les matrices et les moûles, pour faire faire une seconde fonte, mais j’ai demandé au ministère un répit, pour pouvoir rectifier et completter plusieurs articles par les artistes de Paris. Si Vous me permettez de Vous importuner de nouveau: je Vous enverrai une note exacte de ce que je demande encore à MM. Vibert et Lyon. En attendant je Vous supplie de faire demander tout de suite à Mr Vibert, s’il conserve quelques matrices reformées que j’avois cependant payées, – je voudrois faire usage de deux ou trois de ces matrices. Le nouvel ê, tel qu’il est dans Votre échantillon ne me satisfait pas: il est trop couché, il plane en l’air, ne touchant pas à la ligne horizontale au dessous. Il doit avoir été mal frappé. Par hasard j’ai retrouvé quelques exemplaires de [3] l’ancien ê, je les ai employés de préférence dans ma Bibl. Ind. – Je Vous envoye quelques mots decoupés, afin que Vous puissiez les faire voir à Mr Vibert. Je trouve aussi l’ancien ai que vous reconnoîtrez facilement dans mon Specimen, mieux que le nouveau. Je désire donc que Mr Vibert retrouve ces deux matrices reformées: e ai. Je compte faire fondre un millier de chacune, parceque je veux les employer aussi pour les ô et les au de cette manière: go tau. J’ai déjà vu que les o et les au sont terriblement sujets à se briser sous la presse le trait étant trop mince et trop créné, au lieu que si je place ce trait apart dans l’échancrure de la lettre précedente, la parois de cette même lettre restée debout lui sert de point d’appui. J’ai avisé encore à quelques autres moyens de prévenir la cassure des parties crénées.
Je suis vraiment confus, de Vous entretenir de telles minuties. Mais songez que lorsque
Brahmâ créa le monde; il soigna jusquʼaux antennes des fourmis. Et moi qui ne suis quʼun humble mortel, nʼen feroi je pas autant pour les caractères de cette belle langue révélée?
J’ai pris note de toutes Vos critiques, et je tacherai de Vous satisfaire. Cependant je crois pouvoir justifier mon
dra: dra; je l’ai toujours vu comme cela dans les manuscrits, je le retrouve encore dans les Facsimiles de Halhed [4] à la tête de ses Gentoo-Laws. Au reste il n’y a rien de plus facile que de faire le da dans la forme ordinaire, en y ajoutant le ra.
Je Vous conjure; ne me rendez pas la pareille, et donnez moi bientôt de Vos nouvelles. Mandez moi surtout ce qui Vous occupe en fait de recherches savantes. Si Vous vouliez me donner quelque chose pour
ma Bibl. I. je mettrois le plus grand soin à Vous traduire.
Adieu, mille et mille amitiés. Je ne saurois Vous dire combien je regrette Votre entretien. Si jamais vous venez sur les bords du Rhin, il faudra vous arranger pour demeurer quelque temps
chez moi, et nous Brahmaniseront ensemble dans ma jolie petite bibliothèque
Tout à Vous
Schl
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