• August Wilhelm von Schlegel to Henry T. Colebrooke

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: London · Date: 13.04.1824
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Henry T. Colebrooke
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: London
  • Date: 13.04.1824
    Printed Text
  • Bibliography: Rocher, Rosane und Ludo Rocher: Founders of Western Indology. August Wilhelm von Schlegel and Henry Thomas Colebrooke in correspondence 1820–1837. Wiesbaden 2013, S. 108–110.
  • Incipit: „[1] Bonn 13 Avril 1824
    My Dear Sir,
    Avant tout je Vous prie de pardonner mon long silence; je savois que dans l’intervalle [...]“
    Manuscript
  • Provider: London, The British Library
  • Classification Number: Mss Eur C841 : 1821-1828
  • Number of Pages: 2 S.
    Language
  • French
[1] Bonn 13 Avril 1824
My Dear Sir,
Avant tout je Vous prie de pardonner mon long silence; je savois que dans l’intervalle Vous n’étiez pas sans nouvelles de Votre fils, autrement je n’aurois pas manqué de Vous écrire. Je suis heureux de pouvoir Vous dire qu’il se porte à merveilles [sic]. Au commencement, je l’avoue, j’étois un peu inquiet de sa santé, parce qu’il avoit l’air malingre et triste. Mais il paroît que l’air de Bonn, et peut-être le genre de vie qu’il mène ici, lui convient: car il a pris visiblement des couleurs plus fraîches, et il est d’une humeur plus gaie, ce que j’encourage de tout mon coeur. L’important dans l’éducation, ce me semble, c’est que les jeunes gens se trouvent heureux, tandis que l’on exige beaucoup d’eux et qu’ils doivent être assujetis [sic] à des règles fort strictes; car le mécontentement et la tristesse sont des obstacles à tout travail d’esprit. Je ne suis pas en peine pour les progrès de Votre fils dans ses études: il a hérité quelque chose de son père; il aura une tête scientifique. Je crois entrevoir qu’il a beaucoup de capacité pour les mathematiques, quoique dans l’école d’où il sort, cette partie ait été inconcevablement négligée. Jusqu’ici son occupation principale a été l’allemand, combiné avec des exercices de latin et de grec. Maintenant qu’il est en état de comprendre des leçons données en Allemand, je pousserai avec vigueur les éléments des mathematiques. Je fais de temps en temps des petits examens, c’est un moyen d’encouragement. Mr Lassen qui repartira pour l’Angleterre dans peu de jours, pourra Vous donner tous les détails que Vous désirerez sur les occupations de votre fils, et pour le genre de vie qu’il mène ici. En traçant le plan d’études pour lui, Monsieur, Vous avez oublié une circonstance [2] importante, c’est de me dire, combien de temps Vous lui accordez pour acquérir toutes ces connoissances. Il n’est pas encore mûr à beaucoup près pour l’université. Aussi-tôt après Pâques il frequentera notre excellent Gymnase, et il ne pourra pas même entrer dans la premiere classe. Dans la seconde même on exige la connoissance de l’arithmétique, de l’Algèbre et de la géométrie élémentaire, qu’il ne possède pas encore. Mais j’ai arrangé la chose avec le directeur du Gymnase qu’il aura des leçons particulières dans ces sciences jusqu’à ce qu’il soit en état de suivre les cours publics. Soyez assuré, Monsieur, que je ne négligerai rien, afin que le succès réponde à Vos vues.
Vous m’obligez toujours infiniment en me communiquant les nouvelles littéraires de la philologie Asiatique, et j’en saurai tirer bon parti pour mon journal, dont Mr Lassen Vous remettra un cahier imprimé depuis mon retour d’Angleterre. Quand verrons nous paroître le premier Volume des Actes de Votre Société Asiatique? Je suis bien impatient de lire Vos traités sur la philosophie Indienne. Vous aurez vu que la Société Asiatique de Paris a demandé à notre ministre de l’instruction publique, Mr d’Altenstein, une fonte des caractères Dévanagari gravés sous ma direction, lesquels sont une propriété du gouvernement, et qu’il la leur a accordée libéralement. J’en suis charmé. Il a été question à l’Institut de France de me nommer l’un des membres correspondans, dont il ne peut y avoir qu’un certain nombre. Mais à ce qu’on me mande, mes travaux dans la littérature sanscrite ont excité quelque jalousie à Paris, et je n’ai pas obtenu la pluralité des suffrages. Veuillez agréer, my dear Sir, l’hommage de mes sentimens les plus empressés, et de ma considération très distinguée.
V[otre] tr[ès] h[umble] et tr[ès] ob[éissan]t serviteur
A W de Schlegel
[1] Bonn 13 Avril 1824
My Dear Sir,
Avant tout je Vous prie de pardonner mon long silence; je savois que dans l’intervalle Vous n’étiez pas sans nouvelles de Votre fils, autrement je n’aurois pas manqué de Vous écrire. Je suis heureux de pouvoir Vous dire qu’il se porte à merveilles [sic]. Au commencement, je l’avoue, j’étois un peu inquiet de sa santé, parce qu’il avoit l’air malingre et triste. Mais il paroît que l’air de Bonn, et peut-être le genre de vie qu’il mène ici, lui convient: car il a pris visiblement des couleurs plus fraîches, et il est d’une humeur plus gaie, ce que j’encourage de tout mon coeur. L’important dans l’éducation, ce me semble, c’est que les jeunes gens se trouvent heureux, tandis que l’on exige beaucoup d’eux et qu’ils doivent être assujetis [sic] à des règles fort strictes; car le mécontentement et la tristesse sont des obstacles à tout travail d’esprit. Je ne suis pas en peine pour les progrès de Votre fils dans ses études: il a hérité quelque chose de son père; il aura une tête scientifique. Je crois entrevoir qu’il a beaucoup de capacité pour les mathematiques, quoique dans l’école d’où il sort, cette partie ait été inconcevablement négligée. Jusqu’ici son occupation principale a été l’allemand, combiné avec des exercices de latin et de grec. Maintenant qu’il est en état de comprendre des leçons données en Allemand, je pousserai avec vigueur les éléments des mathematiques. Je fais de temps en temps des petits examens, c’est un moyen d’encouragement. Mr Lassen qui repartira pour l’Angleterre dans peu de jours, pourra Vous donner tous les détails que Vous désirerez sur les occupations de votre fils, et pour le genre de vie qu’il mène ici. En traçant le plan d’études pour lui, Monsieur, Vous avez oublié une circonstance [2] importante, c’est de me dire, combien de temps Vous lui accordez pour acquérir toutes ces connoissances. Il n’est pas encore mûr à beaucoup près pour l’université. Aussi-tôt après Pâques il frequentera notre excellent Gymnase, et il ne pourra pas même entrer dans la premiere classe. Dans la seconde même on exige la connoissance de l’arithmétique, de l’Algèbre et de la géométrie élémentaire, qu’il ne possède pas encore. Mais j’ai arrangé la chose avec le directeur du Gymnase qu’il aura des leçons particulières dans ces sciences jusqu’à ce qu’il soit en état de suivre les cours publics. Soyez assuré, Monsieur, que je ne négligerai rien, afin que le succès réponde à Vos vues.
Vous m’obligez toujours infiniment en me communiquant les nouvelles littéraires de la philologie Asiatique, et j’en saurai tirer bon parti pour mon journal, dont Mr Lassen Vous remettra un cahier imprimé depuis mon retour d’Angleterre. Quand verrons nous paroître le premier Volume des Actes de Votre Société Asiatique? Je suis bien impatient de lire Vos traités sur la philosophie Indienne. Vous aurez vu que la Société Asiatique de Paris a demandé à notre ministre de l’instruction publique, Mr d’Altenstein, une fonte des caractères Dévanagari gravés sous ma direction, lesquels sont une propriété du gouvernement, et qu’il la leur a accordée libéralement. J’en suis charmé. Il a été question à l’Institut de France de me nommer l’un des membres correspondans, dont il ne peut y avoir qu’un certain nombre. Mais à ce qu’on me mande, mes travaux dans la littérature sanscrite ont excité quelque jalousie à Paris, et je n’ai pas obtenu la pluralité des suffrages. Veuillez agréer, my dear Sir, l’hommage de mes sentimens les plus empressés, et de ma considération très distinguée.
V[otre] tr[ès] h[umble] et tr[ès] ob[éissan]t serviteur
A W de Schlegel
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