• August Wilhelm von Schlegel to Henry T. Colebrooke

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: London · Date: 19.06.1825
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Henry T. Colebrooke
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: London
  • Date: 19.06.1825
    Printed Text
  • Bibliography: Rocher, Rosane und Ludo Rocher: Founders of Western Indology. August Wilhelm von Schlegel and Henry Thomas Colebrooke in correspondence 1820–1837. Wiesbaden 2013, S. 134–139.
  • Incipit: „[1] Bonn ce 19 Juin 1825
    Monsieur,
    J’ai eu l’avantage de recevoir Votre lettre du 2 Mai, dont je Vous suis très-reconnoissant. Votre [...]“
    Manuscript
  • Provider: London, The British Library
  • Classification Number: Mss Eur C841 : 1821-1828
  • Number of Pages: 4 S.
    Language
  • French
  • Sanskrit
[1] Bonn ce 19 Juin 1825
Monsieur,
J’ai eu l’avantage de recevoir Votre lettre du 2 Mai, dont je Vous suis très-reconnoissant. Votre fils me donne toujours beaucoup de satisfaction, je n’ai qu’un seul reproche à lui faire. Je sais qu’il est très communicatif ailleurs, mais en ma présence il est d’une timidité invincible. Je voudrois qu’il me fît des questions et qu’il me fournît par là l’occasion de lui donner des renseignemens utiles. Le françois est poussé avec vigueur; j’ai établi la règle de ne pas parler d’autre langue à dîner. Le maître de langue accompagne les jeunes gens à la promenade. Votre fils ne se souvenant pas que le vaccin lui eût été inoculé, notre medecin a pensé qu’il étoit prudent de le vacciner: mais cela n’a pas pris. Sa santé se fortifie: je tâche de développer sa taille et ses forces par les exercices du corps. Le manège se continue, et je lui prête quelquefois un de mes chevaux. L’escrime a été commencée sous un excellent maître. Je désire savoir, Monsieur, si Vous voulez que Votre fils apprenne à nager. Je n’ose pas le décider moi-même, parce qu’il s’y joint toujours l’idée de la possibilité d’un risque quelconque. Cependant cela est excellent pour la santé, et il est utile dans mille occasions de s’être familiarisé avec cet élément. Nous n’avons pas encore ici une école de natation en règle; mais j’ai trouvé un homme, ancien militaire, qui a été maître de natation dans son régiment. Vous savez peut-être que l’armée Prussienne nage â merveille. C’est le général Pfuhl [sic], maître consommé et enthusiaste de cet art qui a introduit cela. On a soin de la décence par un petit vêtement de nageur. – Veuillez faire la même demande à S[ir] Alex[andre] Johnston et me faire connaître Vos intentions au plus vite, afin que la saison ne s’écoule pas. Nous avons déjà eu des jours de grande chaleur où la nage auroit bien rafraîchi nos jeunes gens. – Il seroit peut-être bon que Vous fissiez voir à votre fils l’importance de l’acquisition de la langue françoise; il n’a pas d’abord montré beaucoup de goût pour cette étude. Mr. Lassen est arrivé à Paris, et il y expédie rapidement son travail. Heureusement pour moi Mr Rémusat est le Conservateur des Manuscrits [2] Orientaux de la Bibliothèque du Roi, autrement Mr Lassen auroit rencontré des difficultés. Car Mr de Chézy est en hostilité ouverte avec moi, uniquement par jalousie. Connoissez-Vous rien de plus pitoyable? Cela est d’autant plus mal que les Indianistes françois m’ont une véritable obligation. La société Asiatique de Paris a demandé à notre Ministre de l’instruction publique une fonte des caractères Dévanagari exécutés sous ma direction, j’ai soutenu cette pétition avec le plus grand zèle, et notre souverain en a fait don à la Société Asiatique. Maintenant ils pourront imprimer du Sanscrit, ce dont ils n’ont jamais pu venir à bout auparavant. – Mr de Chézy a fait attaquer ma traduction du Bhag[avad] Gîtâ longuement par un de ses écoliers dans le Journal Asiatique; il m’a attaqué lui-même dans le Journal des Savans. Tout le savoir de ces Messieurs est puisé dans le commentaire de Śrîdhara-Svâmî. Avant de leur répondre, je voudrois donc être nanti de ce commentaire et s’il se peut d’un ou de plusieurs autres. Mr Lassen m’a fait espérer que ceux que Vous avez eu la bonté de commander pour moi à Calcutta sont en chemin. Au reste je suis loin de considérer les commentateurs comme des oracles. Surtout il [sic] n’ont pas vu, où le texte avoit besoin d’emendation. Je profite de la permission que Vous m’avez donnée pour Vous adresser quelques questions, auxquelles Vous répondrez à loisir. Comme j’en garde copie, Vous pourrez seulement Vous référer au numéro. – Quand aurai-je le bonheur de Vous voir sur les rives du Rhin? Adieu, my dear Sir – recevez l’assurance de mon attachement sincère et de mes sentimens les plus empressés.
Tout à Vous
A W de Schlegel
1. De quel temps date dans l’Inde la division de l’année en semaines, et l’attribution de chaque jour à une planète? Je l’ai trouvée dans le Hitôpadêśa, mais je n’en vois aucune trace dans les lois de Manus, dans le Râmâyańam etc. L’ancienne division du mois en śukla-paksha et kŕishna-paksha paroît coïncider avec les Ides que les Romains avoient adopté [sic] des Etrusques.
2. On place l’ére de Vikramâdityas à 56 ans avant la nôtre, celle de Śâlivâhanas 78 ans après la nôtre: donc la distance des deux éres est de 134 ans. Cependant je vois que, lorsqu’on les employe simultanêment pour fixer une date, cela varie d’une année en plus et en moins. À quoi cela tient-il? Peut-être à un commencement différent de l’année d’aprés les deux éres?
[3] 3. Quel est le nom actuel de la rivière Dŕishadvatî, qui est marquée dans le Mânava-dharma-śâstram, Ch. II, 17 comme une limite? Quelle est sa source, le district qu’elle parcourt, et son débouché?
4. Qu’est-ce que c’est que les kolavidhvaṃsinaḥ mentionnés dans le Durgâ-Mâhâtmyam, Ch. I. distique 5 et 6? Je ne comprends pas non plus le 1er vers du 4e distique du même chapître.
Veuillez me faire savoir, Monsieur, si Vous avez fait verser pour mon compte à la caisse de MM. James Cazenove et Co. ce que j’avois déboursé de plus que les £60,, fixés [sic] pour le semestre précedent terminé le 1er février. C’étoient 69 Th 6 Gr. Si non, je vous prie de m’autoriser à ajouter cette somme aux £60. à tirer pour le semestre qui commence le 1er Août; en calculant d’après le Cours du Change cela fera quelque chose au dessus de dix livres Sterling.
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[1] Bonn ce 19 Juin 1825
Monsieur,
J’ai eu l’avantage de recevoir Votre lettre du 2 Mai, dont je Vous suis très-reconnoissant. Votre fils me donne toujours beaucoup de satisfaction, je n’ai qu’un seul reproche à lui faire. Je sais qu’il est très communicatif ailleurs, mais en ma présence il est d’une timidité invincible. Je voudrois qu’il me fît des questions et qu’il me fournît par là l’occasion de lui donner des renseignemens utiles. Le françois est poussé avec vigueur; j’ai établi la règle de ne pas parler d’autre langue à dîner. Le maître de langue accompagne les jeunes gens à la promenade. Votre fils ne se souvenant pas que le vaccin lui eût été inoculé, notre medecin a pensé qu’il étoit prudent de le vacciner: mais cela n’a pas pris. Sa santé se fortifie: je tâche de développer sa taille et ses forces par les exercices du corps. Le manège se continue, et je lui prête quelquefois un de mes chevaux. L’escrime a été commencée sous un excellent maître. Je désire savoir, Monsieur, si Vous voulez que Votre fils apprenne à nager. Je n’ose pas le décider moi-même, parce qu’il s’y joint toujours l’idée de la possibilité d’un risque quelconque. Cependant cela est excellent pour la santé, et il est utile dans mille occasions de s’être familiarisé avec cet élément. Nous n’avons pas encore ici une école de natation en règle; mais j’ai trouvé un homme, ancien militaire, qui a été maître de natation dans son régiment. Vous savez peut-être que l’armée Prussienne nage â merveille. C’est le général Pfuhl [sic], maître consommé et enthusiaste de cet art qui a introduit cela. On a soin de la décence par un petit vêtement de nageur. – Veuillez faire la même demande à S[ir] Alex[andre] Johnston et me faire connaître Vos intentions au plus vite, afin que la saison ne s’écoule pas. Nous avons déjà eu des jours de grande chaleur où la nage auroit bien rafraîchi nos jeunes gens. – Il seroit peut-être bon que Vous fissiez voir à votre fils l’importance de l’acquisition de la langue françoise; il n’a pas d’abord montré beaucoup de goût pour cette étude. Mr. Lassen est arrivé à Paris, et il y expédie rapidement son travail. Heureusement pour moi Mr Rémusat est le Conservateur des Manuscrits [2] Orientaux de la Bibliothèque du Roi, autrement Mr Lassen auroit rencontré des difficultés. Car Mr de Chézy est en hostilité ouverte avec moi, uniquement par jalousie. Connoissez-Vous rien de plus pitoyable? Cela est d’autant plus mal que les Indianistes françois m’ont une véritable obligation. La société Asiatique de Paris a demandé à notre Ministre de l’instruction publique une fonte des caractères Dévanagari exécutés sous ma direction, j’ai soutenu cette pétition avec le plus grand zèle, et notre souverain en a fait don à la Société Asiatique. Maintenant ils pourront imprimer du Sanscrit, ce dont ils n’ont jamais pu venir à bout auparavant. – Mr de Chézy a fait attaquer ma traduction du Bhag[avad] Gîtâ longuement par un de ses écoliers dans le Journal Asiatique; il m’a attaqué lui-même dans le Journal des Savans. Tout le savoir de ces Messieurs est puisé dans le commentaire de Śrîdhara-Svâmî. Avant de leur répondre, je voudrois donc être nanti de ce commentaire et s’il se peut d’un ou de plusieurs autres. Mr Lassen m’a fait espérer que ceux que Vous avez eu la bonté de commander pour moi à Calcutta sont en chemin. Au reste je suis loin de considérer les commentateurs comme des oracles. Surtout il [sic] n’ont pas vu, où le texte avoit besoin d’emendation. Je profite de la permission que Vous m’avez donnée pour Vous adresser quelques questions, auxquelles Vous répondrez à loisir. Comme j’en garde copie, Vous pourrez seulement Vous référer au numéro. – Quand aurai-je le bonheur de Vous voir sur les rives du Rhin? Adieu, my dear Sir – recevez l’assurance de mon attachement sincère et de mes sentimens les plus empressés.
Tout à Vous
A W de Schlegel
1. De quel temps date dans l’Inde la division de l’année en semaines, et l’attribution de chaque jour à une planète? Je l’ai trouvée dans le Hitôpadêśa, mais je n’en vois aucune trace dans les lois de Manus, dans le Râmâyańam etc. L’ancienne division du mois en śukla-paksha et kŕishna-paksha paroît coïncider avec les Ides que les Romains avoient adopté [sic] des Etrusques.
2. On place l’ére de Vikramâdityas à 56 ans avant la nôtre, celle de Śâlivâhanas 78 ans après la nôtre: donc la distance des deux éres est de 134 ans. Cependant je vois que, lorsqu’on les employe simultanêment pour fixer une date, cela varie d’une année en plus et en moins. À quoi cela tient-il? Peut-être à un commencement différent de l’année d’aprés les deux éres?
[3] 3. Quel est le nom actuel de la rivière Dŕishadvatî, qui est marquée dans le Mânava-dharma-śâstram, Ch. II, 17 comme une limite? Quelle est sa source, le district qu’elle parcourt, et son débouché?
4. Qu’est-ce que c’est que les kolavidhvaṃsinaḥ mentionnés dans le Durgâ-Mâhâtmyam, Ch. I. distique 5 et 6? Je ne comprends pas non plus le 1er vers du 4e distique du même chapître.
Veuillez me faire savoir, Monsieur, si Vous avez fait verser pour mon compte à la caisse de MM. James Cazenove et Co. ce que j’avois déboursé de plus que les £60,, fixés [sic] pour le semestre précedent terminé le 1er février. C’étoient 69 Th 6 Gr. Si non, je vous prie de m’autoriser à ajouter cette somme aux £60. à tirer pour le semestre qui commence le 1er Août; en calculant d’après le Cours du Change cela fera quelque chose au dessus de dix livres Sterling.
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