• Anne Louise Germaine de Staël-Holstein , Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Stockholm · Place of Destination: Unknown · Date: 15.05.1813
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein, Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Stockholm
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 15.05.1813
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 363310770
  • Bibliography: Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister. Hg. v. Paul Usteri, Eugène Ritter. Paris 1903, S. 254‒257.
  • Incipit: „Stockholm, ce 14 mai [1813].
    J’ai reçu deux lettres de vous, cher ami; et la seconde m’a un peu consolée de la [...]“
    Language
  • French
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Stockholm, ce 14 mai [1813].
J’ai reçu deux lettres de vous, cher ami; et la seconde m’a un peu consolée de la sécheresse de la première. Je vous regrette tant, qu’il me paraîtrait cruel que ce sentiment ne fût que de mon côté. Dans ce moment où je vais prendre la grande résolution du départ pour Londres, je sens combien vous me donniez de force, et je marche encore sur les appuis que vos entretiens m’ont laissés. Je vous ai écrit par la poste, par Binder, de toutes les manières; et j’ai encore plus pensé à vous que je ne vous ai écrit. Binder vous porte deux lettres, et Albertine vous en a envoyé une.
M. de Neipperg part le même jour que moi, le 25, et vous aurez par lui de nos nouvelles. J’espère ne pas partir d’ici sans vous savoir à Stralsund. Je suis inquiète de l’Allemagne: c’est devenu pour moi, par vous, et par l’enthousiasme qu’ils manifestent, une espèce de patrie. M. de Sternield m’avait mandé la victoire, et je l’ai répandu, pour contrebalancer les mauvaises nouvelles qu’on débite ici. Dites au Prince que c’est à cela qu’il faut veiller: car personne n’y prend garde, et l’on avait plutôt de l’humeur contre Sternield, et contre moi, de nos nouvelles, disait-on, exagérées: hélas! elles le sont en effet.
Dites à Albert, je vous prie, ce que vous a dit le Prince pour lui; faites-lui sentir que dans la circonstance actuelle, il y a du vrai caractère à se plier, pour avoir l’occasion de se montrer dans de grandes circonstances. Son frère n’aime pas mieux que lui tout ce qui tient à de certains préjugés, et cependant il s’y plie très bien, et réussit généralement ici. Il lui en coûte; car ce qu’il voudrait, c’est être à la place d’Albert, et il ne renonce pas à l’espoir d’être envoyé par M. de Rehausen au quartier général. Moi ni Albertine, nous ne pouvons nous flatter d’y aller; mais nos âmes y sont.
La reine-mère a eu un coup d’apoplexie avant-hier; je ne sais guères d’autre nouvelle à vous donner; il n’y a pas bien loin de sa vie à sa mort.
On pretend ici que l’affaire de la Suède avec le Danemark est ajournée jusqu’à la paix: pourquoi ne m’en avez-vous rien dit? Vous êtes discret jusqu’au mystère. Écrivez moi chez M. Laurent, à Gothembourg, négociant. Mes derniers adieux en montant sur le vaisseau seront pour vous. Ah! pourquoi n’êtes-vous pas avec moi? Dites donc un mot de souvenir à M. de Rocca, car il vous aime.
(De la main dAuguste de Staël.)
Ma mère me laisse bien peu de place, cher ami, pour vous dire toutes les tendresses que je pense, et pour vous raconter mon voyage; mais je me réserve de vous écrire plus au long dans peu de jours. Dans ce moment-ci, entre les présentations et l’examen de la chancellerie, il me reste à peine un moment à moi. Hier on m’a fait écrire du latin: je m’en serais mieux tiré il y a huit ou neuf ans; mais enfin, cela a été tant bien que mal, en vous invoquant comme mon Apollon.
Cher ami, vous suivez une belle carrière, que je vous envie bien; ma plus vive espérance dans ce moment — et j’espère qu’elle sera réalisée — c’est de trouver moyen d’aller vous rejoindre cet été, du moins pour quelques moments.
Adieu. Ne m’oubliez pas, et comptez sur mon amitié et sur ma reconnaissance. Je vous en devrais encore bien davantage, si j’avais mieux profité de votre bonté. Adieu, bien tendrement.
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Stockholm, ce 14 mai [1813].
J’ai reçu deux lettres de vous, cher ami; et la seconde m’a un peu consolée de la sécheresse de la première. Je vous regrette tant, qu’il me paraîtrait cruel que ce sentiment ne fût que de mon côté. Dans ce moment où je vais prendre la grande résolution du départ pour Londres, je sens combien vous me donniez de force, et je marche encore sur les appuis que vos entretiens m’ont laissés. Je vous ai écrit par la poste, par Binder, de toutes les manières; et j’ai encore plus pensé à vous que je ne vous ai écrit. Binder vous porte deux lettres, et Albertine vous en a envoyé une.
M. de Neipperg part le même jour que moi, le 25, et vous aurez par lui de nos nouvelles. J’espère ne pas partir d’ici sans vous savoir à Stralsund. Je suis inquiète de l’Allemagne: c’est devenu pour moi, par vous, et par l’enthousiasme qu’ils manifestent, une espèce de patrie. M. de Sternield m’avait mandé la victoire, et je l’ai répandu, pour contrebalancer les mauvaises nouvelles qu’on débite ici. Dites au Prince que c’est à cela qu’il faut veiller: car personne n’y prend garde, et l’on avait plutôt de l’humeur contre Sternield, et contre moi, de nos nouvelles, disait-on, exagérées: hélas! elles le sont en effet.
Dites à Albert, je vous prie, ce que vous a dit le Prince pour lui; faites-lui sentir que dans la circonstance actuelle, il y a du vrai caractère à se plier, pour avoir l’occasion de se montrer dans de grandes circonstances. Son frère n’aime pas mieux que lui tout ce qui tient à de certains préjugés, et cependant il s’y plie très bien, et réussit généralement ici. Il lui en coûte; car ce qu’il voudrait, c’est être à la place d’Albert, et il ne renonce pas à l’espoir d’être envoyé par M. de Rehausen au quartier général. Moi ni Albertine, nous ne pouvons nous flatter d’y aller; mais nos âmes y sont.
La reine-mère a eu un coup d’apoplexie avant-hier; je ne sais guères d’autre nouvelle à vous donner; il n’y a pas bien loin de sa vie à sa mort.
On pretend ici que l’affaire de la Suède avec le Danemark est ajournée jusqu’à la paix: pourquoi ne m’en avez-vous rien dit? Vous êtes discret jusqu’au mystère. Écrivez moi chez M. Laurent, à Gothembourg, négociant. Mes derniers adieux en montant sur le vaisseau seront pour vous. Ah! pourquoi n’êtes-vous pas avec moi? Dites donc un mot de souvenir à M. de Rocca, car il vous aime.
(De la main dAuguste de Staël.)
Ma mère me laisse bien peu de place, cher ami, pour vous dire toutes les tendresses que je pense, et pour vous raconter mon voyage; mais je me réserve de vous écrire plus au long dans peu de jours. Dans ce moment-ci, entre les présentations et l’examen de la chancellerie, il me reste à peine un moment à moi. Hier on m’a fait écrire du latin: je m’en serais mieux tiré il y a huit ou neuf ans; mais enfin, cela a été tant bien que mal, en vous invoquant comme mon Apollon.
Cher ami, vous suivez une belle carrière, que je vous envie bien; ma plus vive espérance dans ce moment — et j’espère qu’elle sera réalisée — c’est de trouver moyen d’aller vous rejoindre cet été, du moins pour quelques moments.
Adieu. Ne m’oubliez pas, et comptez sur mon amitié et sur ma reconnaissance. Je vous en devrais encore bien davantage, si j’avais mieux profité de votre bonté. Adieu, bien tendrement.
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