• Anne Louise Germaine de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Unknown · Place of Destination: Unknown · Date: 12.12.1813
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Unknown
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 12.12.1813
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 363310770
  • Bibliography: Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister. Hg. v. Paul Usteri, Eugène Ritter. Paris 1903, S. 273‒276.
  • Incipit: „[1] Ce 12 décembre 1813.
    Vous m’aviez promis de m’écrire tous les courriers, et voilà qu’il en arrive de toutes parts, sans [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.11
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 18,6 x 11,6 cm
    Language
  • French
[1] Ce 12 décembre 1813.
Vous m’aviez promis de m’écrire tous les courriers, et voilà qu’il en arrive de toutes parts, sans un mot de vous. Ce n’est pas tout: vous envoyez votre réponse à la Gazette de Leipsick, et ce n’est point à moi. La prospérité vous tourne la tête, mon cher Schlegel; et vous oubliez les amis qui vous sont le plus attachés. Je n’en ai pas moins lu avec un vif intérêt ce que vous avez écrit; il y a certainement de l’adresse et de la verve, et les ministres ici en ont été très contents. Vous me mettriez plus en mesure de vous [2] servir ici, si vous m’écriviez plus souvent; je vois très souvent les ministres, et je leur ai lu une de vos lettres; enfin je cherche à vous faire valoir, dans un moment où vous ne songez guère à moi: c’est mal, et votre caractère devrait vous préserver de cette légèreté d’imagination. Encore une fois, il faut ménager les vrais amis.
Vous êtes tous au moment délicat, et ce que vous avez fait était plus facile que ce qu’il vous reste à faire; vous voulez mettre des princes souverains en Hollande, attaquer la Suisse, attaquer la France: sans doute, tant que [3] l’homme vit, il n’y a rien de fait; mais c’est difficile de renverser vingt-quatre millions d’hommes pour en atteindre un.
Ma position ici s’améliore chaque jour; mais mon cœur n’en est que plus triste. Au reste, à quoi servirait de vous dire tout cela? vous y intéressez-vous?
Mon livre m’a portée ici très haut; et j’en écris un ici maintenant, qui sera le tableau de la France et de l’Angleterre.
Que fait Benjamin? Est-il employé par votre Prince? et, de grâce, dites-moi si le Prince est bien pour moi? Il le devrait, pour le zèle [4] avec lequel je me joins à ses admirateurs, et combats ses envieux.
Si vous venez en Hollande, ne viendrez-vous donc pas me faire une visite? En trente-six heures, M. de Beckendorff est venu de La Haye; et vous pourriez prendre des arrangements avec des libraires ici, pour ce que vous écririez sur cette campagne, et ces arrangements seraient superbes.
Priez pour cette pauvre Suisse. Mon fils vous verra en allant en Suède. Au nom de Dieu, avez-vous écrit à Baudissin pour l’engager à venir ici? Il n’y a personne que je désire plus pour Albertine; voulez-vous bien vous charger de cette lettre?
Benjamin est-il avec vous?
[1] Ce 12 décembre 1813.
Vous m’aviez promis de m’écrire tous les courriers, et voilà qu’il en arrive de toutes parts, sans un mot de vous. Ce n’est pas tout: vous envoyez votre réponse à la Gazette de Leipsick, et ce n’est point à moi. La prospérité vous tourne la tête, mon cher Schlegel; et vous oubliez les amis qui vous sont le plus attachés. Je n’en ai pas moins lu avec un vif intérêt ce que vous avez écrit; il y a certainement de l’adresse et de la verve, et les ministres ici en ont été très contents. Vous me mettriez plus en mesure de vous [2] servir ici, si vous m’écriviez plus souvent; je vois très souvent les ministres, et je leur ai lu une de vos lettres; enfin je cherche à vous faire valoir, dans un moment où vous ne songez guère à moi: c’est mal, et votre caractère devrait vous préserver de cette légèreté d’imagination. Encore une fois, il faut ménager les vrais amis.
Vous êtes tous au moment délicat, et ce que vous avez fait était plus facile que ce qu’il vous reste à faire; vous voulez mettre des princes souverains en Hollande, attaquer la Suisse, attaquer la France: sans doute, tant que [3] l’homme vit, il n’y a rien de fait; mais c’est difficile de renverser vingt-quatre millions d’hommes pour en atteindre un.
Ma position ici s’améliore chaque jour; mais mon cœur n’en est que plus triste. Au reste, à quoi servirait de vous dire tout cela? vous y intéressez-vous?
Mon livre m’a portée ici très haut; et j’en écris un ici maintenant, qui sera le tableau de la France et de l’Angleterre.
Que fait Benjamin? Est-il employé par votre Prince? et, de grâce, dites-moi si le Prince est bien pour moi? Il le devrait, pour le zèle [4] avec lequel je me joins à ses admirateurs, et combats ses envieux.
Si vous venez en Hollande, ne viendrez-vous donc pas me faire une visite? En trente-six heures, M. de Beckendorff est venu de La Haye; et vous pourriez prendre des arrangements avec des libraires ici, pour ce que vous écririez sur cette campagne, et ces arrangements seraient superbes.
Priez pour cette pauvre Suisse. Mon fils vous verra en allant en Suède. Au nom de Dieu, avez-vous écrit à Baudissin pour l’engager à venir ici? Il n’y a personne que je désire plus pour Albertine; voulez-vous bien vous charger de cette lettre?
Benjamin est-il avec vous?
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