• August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Lausanne · Place of Destination: Unknown · Date: 23.09.1815
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Lausanne
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 23.09.1815
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 288‒289.
  • Incipit: „Lausanne 23 Sept 1815
    Voici encore des commissions, mon cher Auguste et toujours des commissions. Je vous en fais mes excuses – [...]“
    Language
  • French
Notice (8): Undefined offset: 0 [APP/View/Letters/view.ctp, line 339]/version-04-20/letters/view/413" data-language="">
Lausanne 23 Sept 1815
Voici encore des commissions, mon cher Auguste et toujours des commissions. Je vous en fais mes excuses – cependant ma conscience est un peu soulagée par votre silence. Je vous ai écrit tout plein de bon mots, au moins je les prenais pour tels – vous ne mʼavez pas rendu la pareille quoique vous soyez sur une scène où lʼon peut faire mille observations piquantes. Vous nʼavez pour moi que de la complaisance, vous reservez tout votre esprit pour les lettres à Madame votre mère.
Jʼai écrit au G[énéra]l Suchtelen dans la supposition quʼil est toujours ministre de Russie en Suède – vous savez cela ou vous le saurez facilement, et dans ce cas-là je vous prie de faire parvenir ma lettre par Mr. Signeul – si non supprimez-la et jʼen écrirai une autre.
Je laisse ouverte la lettre à Mr. de Humboldt afin que vous voyiez quʼil sʼagit dʼun service à rendre à Madame Necker. Si cela sʼarrange, il faudrait avoir une promesse écrite du libraire, et vous seriez bien aimable de la lui envoyer directement.
Nous sommes ici aussi commodément quʼon peut lʼêtre sur le marchepié dʼune voiture. Jʼai vraiment regret aux jours dont nous avons inutilement abrégé le séjour de Coppet. Nous voulions partir pour constater lʼintention de passer les Alpes avant la mauvaise saison, sans cependant nous éloigner. Nous attendons dum defluat amnis, comme le paysan dʼHorace, les vagues pour nous ce sont les nouvelles de Paris.
Madame votre mere prétend que votre maniere de voir a changé, je soutiens que la différence tient seulement au point de vue. Nous sommes trop loin ici et vous étes peut-être trop près. Ce nʼest pas au milieu dʼun tourbillon excité par le choc des vents opposés quʼon juge le plus exactement de leur direction et de leur force comparative. Au reste je trouve quʼil est très permis et même nécessaire de mêler une dose dʼironie à lʼobservation des choses humaines. La vie serait trop tragique sʼil fallait constamment sʼaffliger ou sʼirriter de lʼinconséquence et de lʼaveuglement dʼautrui. Vous me semblez être devenu bien sérieux depuis que vous nous avez quitté.
Ce serait bien agréable, si après avoir fait de bonnes affaires, vous pouviez venir nous rejoindre en Italie. Nous ferions alors des courses charmantes avec votre sœur – elle sʼennuye avec moi seul, quoique jʼaye la meilleure volonté de lʼamuser.
Voici précisément trois ans que nous étions à voguer entre les rochers de la mer dʼAland. Que de changemens depuis! On ne saurait pas dire au moins que nous vivons dans une epoque ennuyeuse par sa monotonie.
Je suis très curieux de nouvelles de Suède – mandez-nous bien ce que vous en savez. Je voudrais savoir notre Prince arrivé à Stockholm et proclamé comme Charles XIV.
Il sʼest faite une découverte ici, qui a dʼabord paru désagreable. Ce bon pasteur de Comugnies a donné à Étienne et à Mary une bénédiction nuptial tellement efficace quʼelle a produit un effet retroactif, et Mary se trouve grosse de deux mois. Madame a dʼabord pensé la renvoyer, mais ce serait un inconvénient de prendre pour femme de chambre une personne inconnue, jʼai donc voté pour quʼon lʼemmenât. Dʼailleurs il ne faut pas décourager les gens qui se vouent à ce travail utile, et celui qui in utero est pro jam nato habendus, quando de eius commodo agitur. Nous aurons donc par ce moyen une chronologie vivante de notre voyage, nous pourrons en mesurer les stations par les développemens de ce petit chrétien futur.
Adieu mon cher Auguste – cʼest pour la derniere fois que je vous écris en deça des Alpes – si nous partons Mardi, le 26, comme on le dit. Le temps est nuageux et peu favorable pour jouir des belles vues, mais jʼespere quʼil sʼéclaircira.
Notice (8): Undefined offset: 0 [APP/View/Letters/view.ctp, line 421]/version-04-20/letters/view/413" data-language="">
Lausanne 23 Sept 1815
Voici encore des commissions, mon cher Auguste et toujours des commissions. Je vous en fais mes excuses – cependant ma conscience est un peu soulagée par votre silence. Je vous ai écrit tout plein de bon mots, au moins je les prenais pour tels – vous ne mʼavez pas rendu la pareille quoique vous soyez sur une scène où lʼon peut faire mille observations piquantes. Vous nʼavez pour moi que de la complaisance, vous reservez tout votre esprit pour les lettres à Madame votre mère.
Jʼai écrit au G[énéra]l Suchtelen dans la supposition quʼil est toujours ministre de Russie en Suède – vous savez cela ou vous le saurez facilement, et dans ce cas-là je vous prie de faire parvenir ma lettre par Mr. Signeul – si non supprimez-la et jʼen écrirai une autre.
Je laisse ouverte la lettre à Mr. de Humboldt afin que vous voyiez quʼil sʼagit dʼun service à rendre à Madame Necker. Si cela sʼarrange, il faudrait avoir une promesse écrite du libraire, et vous seriez bien aimable de la lui envoyer directement.
Nous sommes ici aussi commodément quʼon peut lʼêtre sur le marchepié dʼune voiture. Jʼai vraiment regret aux jours dont nous avons inutilement abrégé le séjour de Coppet. Nous voulions partir pour constater lʼintention de passer les Alpes avant la mauvaise saison, sans cependant nous éloigner. Nous attendons dum defluat amnis, comme le paysan dʼHorace, les vagues pour nous ce sont les nouvelles de Paris.
Madame votre mere prétend que votre maniere de voir a changé, je soutiens que la différence tient seulement au point de vue. Nous sommes trop loin ici et vous étes peut-être trop près. Ce nʼest pas au milieu dʼun tourbillon excité par le choc des vents opposés quʼon juge le plus exactement de leur direction et de leur force comparative. Au reste je trouve quʼil est très permis et même nécessaire de mêler une dose dʼironie à lʼobservation des choses humaines. La vie serait trop tragique sʼil fallait constamment sʼaffliger ou sʼirriter de lʼinconséquence et de lʼaveuglement dʼautrui. Vous me semblez être devenu bien sérieux depuis que vous nous avez quitté.
Ce serait bien agréable, si après avoir fait de bonnes affaires, vous pouviez venir nous rejoindre en Italie. Nous ferions alors des courses charmantes avec votre sœur – elle sʼennuye avec moi seul, quoique jʼaye la meilleure volonté de lʼamuser.
Voici précisément trois ans que nous étions à voguer entre les rochers de la mer dʼAland. Que de changemens depuis! On ne saurait pas dire au moins que nous vivons dans une epoque ennuyeuse par sa monotonie.
Je suis très curieux de nouvelles de Suède – mandez-nous bien ce que vous en savez. Je voudrais savoir notre Prince arrivé à Stockholm et proclamé comme Charles XIV.
Il sʼest faite une découverte ici, qui a dʼabord paru désagreable. Ce bon pasteur de Comugnies a donné à Étienne et à Mary une bénédiction nuptial tellement efficace quʼelle a produit un effet retroactif, et Mary se trouve grosse de deux mois. Madame a dʼabord pensé la renvoyer, mais ce serait un inconvénient de prendre pour femme de chambre une personne inconnue, jʼai donc voté pour quʼon lʼemmenât. Dʼailleurs il ne faut pas décourager les gens qui se vouent à ce travail utile, et celui qui in utero est pro jam nato habendus, quando de eius commodo agitur. Nous aurons donc par ce moyen une chronologie vivante de notre voyage, nous pourrons en mesurer les stations par les développemens de ce petit chrétien futur.
Adieu mon cher Auguste – cʼest pour la derniere fois que je vous écris en deça des Alpes – si nous partons Mardi, le 26, comme on le dit. Le temps est nuageux et peu favorable pour jouir des belles vues, mais jʼespere quʼil sʼéclaircira.
×
×