• August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Unknown · Date: 31.05.1819 bis 02.06.1819
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 31.05.1819 bis 02.06.1819
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 336‒338.
  • Incipit: „Bonn 31 Mai 1819
    Mon cher Auguste, il y a 15 jours que la grande caisse de Paris est arrivée saine et [...]“
    Language
  • French
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Bonn 31 Mai 1819
Mon cher Auguste, il y a 15 jours que la grande caisse de Paris est arrivée saine et sauve, tout étoit merveilleusement bien emballé. Mon premier mouvement a été de vous témoigner tout de suite ma joie et ma reconnoissance – mais mes cours qui absorbent presque tout mon tempe, ajoutés à mon indolence habituelle, me rendent negligent dans la correspondance. Je vous remercie avant tout de la belle gravure que je nʼai pas pu voir sans verser des larmes. Quel sujet de regrets éternels! Hélas, mon cher Auguste, je suis veuf dʼamitié, et je le resterai toute ma vie. –
Je suis bien desolé de ne pouvoir partager avec vous le soin de lʼédition des œuvres complettes – si jamais je reviens auprès de vous, je ne serai plus bon à rien.
Mais parlons affaires, puisquʼil le faut. Celle de Tottié paroît traîner en longueur, puisque vous nʼaugurez pas même encore, quand nous pourrons arriver à un résultat quelconque. Mais nʼayant rien négligé de notre coté, il faut prendre patience. Voue me communiquerez sans doute tous les éclaircissemens qui vous parviendront, et vous serez bien aussi dʼavis, de mettre tout de suite en lieu de sureté les débris du naufrage. Quoique jʼaie très bonne opinion du tiers consolidé, je penche pour des actions de la banque.
Si je reçois le trimestre prochain de mes appointemens à lʼépoque fixée, cʼest à dire dans un mois dʼici, je nʼai pas besoin dʼautre chose. Mais si cela éprouve des retards comme par le passé, je serois dans le cas de tirer 1600 francs. Dites-moi si lʼadresse de Mr Aubernon agent de change à Paris, suffit, sʼil est averti dʼhonorer ma traite et dans quelle forme je dois la mettre. Nʼoubliez pas cela, je vous en prie, dans votre prochaine lettre.
Je crains bien que les économies auxquelles mʼoblige le désastre des Tottié ne tombent necessairement sur les voyages. Cependant jʼai une envie démésurée dʼaller vous voir à Coppet cet automne. Mais un autre motif encore peut me retenir. Il faut absolument que jʼavance quelque ouvrage savant, et je ne puis gueres le faire autrement que dans les vacances. Cet été je donne trois cours, tous pour la premiere fois – mon cours sur la littérature et les antiquités Indiennes excite beaucoup dʼintérêt, cinq ou six de mes collègues y assistent. Jʼai demandé avec instance au ministre de rester ici une seconde année et jʼespère que je lʼobtiendrai. Je mʼy trouve bien – le climat est doux, le pays est charmant – je suis très confortablement arrangé, et mon ménage est reglé comme un papier de musique. Je déteste dʼailleurs les déménagemens, outre dʼautres motifs que jʼai pour ne pas vouloir de si tôt me transporter à Berlin.
Vous me prenez un peu, comme font les enrôleurs anglois. You have drunk the King's health in his own wine – you are become his soldier. Je tacherai de vous satisfaire à lʼégard de la correspondance que vous demandez, malgré mon peu dʼaptitude pour ces sortes de choses – ainsi ne comptez que sur mon zêle. Je ne suis pas bien placé – si jʼétois à Francfort, ce seroit une autre affaire – je lis nos journaux, mais je ne vois pas un assez grand nombre de personnes qui soient à même de savoir quelque chose. Comme ce ne sont pas des nouvelles du jour, mais des resumés et des observations générales, il nʼy aura rien de perdu, si je fais passer ma premiere lettre par vous. Vous me direz ensuite franchement, si cela remplit vos intentions.
Voici une petite commission. Je suppose que les anciens cahiers de mes cours de Berlin, sont à Coppet – ils ne sont pas venus avec les caisses – ni dʼHanovre non plus, dʼoù lʼon mʼa tout envoyé. Ayez la bonté de decacheter les deux grands cartons de papiers et de lettres qui doivent se trouver et dʼexaminer si ce gros paquet ne sʼy trouve pas. Ils me seroient utiles à avoir – il faudroit les envoyer par le fourgon bien enveloppés de toile cirée, et vous pourriez les adresser à Messieurs Mohr et Winter à Heidelberg.
Je suis bien impatient dʼavoir des nouvelles de la santé de votre adorable sœur – jʼespère que cette fois-ci vous resterez tous à Coppet fort avant dans lʼautomne. Adieu, écrivez-moi bientôt, je vous en supplie. Dites beaucoup de choses de ma part au noble duc. Mille et mille amitiés.
ce 2 Juin. Je voulois joindre à cette lettre une autre pour votre sœur – jʼai été indisposé depuis deux jours, cʼest ce qui a causé le délai de lʼenvoi.
La lettre dʼavis de la seconde caisse de livres nʼest pas encore arrivée – je ne sais pas, si je vous ai déjà mandé que Baldwin mʼa écrit enfin assez obligeamment. Il reclame mes soins pour une seconde édition de mon Cours dramatique – je veux bien reviser la traduction, mais pour amplifier lʼarticle du théatre anglois, comme il le désire – nenni – cela me conduiroit trop loin – il faudroit en faire autant pour le théatre espagnol, allemand etc.
Il y auroit une note à faire pour Delaunay – mais cela ne presse pas, puisque vous nʼétes pas à Paris – je voudrois savoir aussi à quoi monte le compte des livres fournis par lui.
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Bonn 31 Mai 1819
Mon cher Auguste, il y a 15 jours que la grande caisse de Paris est arrivée saine et sauve, tout étoit merveilleusement bien emballé. Mon premier mouvement a été de vous témoigner tout de suite ma joie et ma reconnoissance – mais mes cours qui absorbent presque tout mon tempe, ajoutés à mon indolence habituelle, me rendent negligent dans la correspondance. Je vous remercie avant tout de la belle gravure que je nʼai pas pu voir sans verser des larmes. Quel sujet de regrets éternels! Hélas, mon cher Auguste, je suis veuf dʼamitié, et je le resterai toute ma vie. –
Je suis bien desolé de ne pouvoir partager avec vous le soin de lʼédition des œuvres complettes – si jamais je reviens auprès de vous, je ne serai plus bon à rien.
Mais parlons affaires, puisquʼil le faut. Celle de Tottié paroît traîner en longueur, puisque vous nʼaugurez pas même encore, quand nous pourrons arriver à un résultat quelconque. Mais nʼayant rien négligé de notre coté, il faut prendre patience. Voue me communiquerez sans doute tous les éclaircissemens qui vous parviendront, et vous serez bien aussi dʼavis, de mettre tout de suite en lieu de sureté les débris du naufrage. Quoique jʼaie très bonne opinion du tiers consolidé, je penche pour des actions de la banque.
Si je reçois le trimestre prochain de mes appointemens à lʼépoque fixée, cʼest à dire dans un mois dʼici, je nʼai pas besoin dʼautre chose. Mais si cela éprouve des retards comme par le passé, je serois dans le cas de tirer 1600 francs. Dites-moi si lʼadresse de Mr Aubernon agent de change à Paris, suffit, sʼil est averti dʼhonorer ma traite et dans quelle forme je dois la mettre. Nʼoubliez pas cela, je vous en prie, dans votre prochaine lettre.
Je crains bien que les économies auxquelles mʼoblige le désastre des Tottié ne tombent necessairement sur les voyages. Cependant jʼai une envie démésurée dʼaller vous voir à Coppet cet automne. Mais un autre motif encore peut me retenir. Il faut absolument que jʼavance quelque ouvrage savant, et je ne puis gueres le faire autrement que dans les vacances. Cet été je donne trois cours, tous pour la premiere fois – mon cours sur la littérature et les antiquités Indiennes excite beaucoup dʼintérêt, cinq ou six de mes collègues y assistent. Jʼai demandé avec instance au ministre de rester ici une seconde année et jʼespère que je lʼobtiendrai. Je mʼy trouve bien – le climat est doux, le pays est charmant – je suis très confortablement arrangé, et mon ménage est reglé comme un papier de musique. Je déteste dʼailleurs les déménagemens, outre dʼautres motifs que jʼai pour ne pas vouloir de si tôt me transporter à Berlin.
Vous me prenez un peu, comme font les enrôleurs anglois. You have drunk the King's health in his own wine – you are become his soldier. Je tacherai de vous satisfaire à lʼégard de la correspondance que vous demandez, malgré mon peu dʼaptitude pour ces sortes de choses – ainsi ne comptez que sur mon zêle. Je ne suis pas bien placé – si jʼétois à Francfort, ce seroit une autre affaire – je lis nos journaux, mais je ne vois pas un assez grand nombre de personnes qui soient à même de savoir quelque chose. Comme ce ne sont pas des nouvelles du jour, mais des resumés et des observations générales, il nʼy aura rien de perdu, si je fais passer ma premiere lettre par vous. Vous me direz ensuite franchement, si cela remplit vos intentions.
Voici une petite commission. Je suppose que les anciens cahiers de mes cours de Berlin, sont à Coppet – ils ne sont pas venus avec les caisses – ni dʼHanovre non plus, dʼoù lʼon mʼa tout envoyé. Ayez la bonté de decacheter les deux grands cartons de papiers et de lettres qui doivent se trouver et dʼexaminer si ce gros paquet ne sʼy trouve pas. Ils me seroient utiles à avoir – il faudroit les envoyer par le fourgon bien enveloppés de toile cirée, et vous pourriez les adresser à Messieurs Mohr et Winter à Heidelberg.
Je suis bien impatient dʼavoir des nouvelles de la santé de votre adorable sœur – jʼespère que cette fois-ci vous resterez tous à Coppet fort avant dans lʼautomne. Adieu, écrivez-moi bientôt, je vous en supplie. Dites beaucoup de choses de ma part au noble duc. Mille et mille amitiés.
ce 2 Juin. Je voulois joindre à cette lettre une autre pour votre sœur – jʼai été indisposé depuis deux jours, cʼest ce qui a causé le délai de lʼenvoi.
La lettre dʼavis de la seconde caisse de livres nʼest pas encore arrivée – je ne sais pas, si je vous ai déjà mandé que Baldwin mʼa écrit enfin assez obligeamment. Il reclame mes soins pour une seconde édition de mon Cours dramatique – je veux bien reviser la traduction, mais pour amplifier lʼarticle du théatre anglois, comme il le désire – nenni – cela me conduiroit trop loin – il faudroit en faire autant pour le théatre espagnol, allemand etc.
Il y auroit une note à faire pour Delaunay – mais cela ne presse pas, puisque vous nʼétes pas à Paris – je voudrois savoir aussi à quoi monte le compte des livres fournis par lui.
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