• August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: London · Place of Destination: Paris · Date: 14.09.1823
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: London
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 14.09.1823
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 421‒422.
  • Incipit: „Londres 14 Sept. 1823
    Muy Señor mio!
    Me voici arrivé dans ce superbe pays où les guinées ont des aîles comme ailleurs les [...]“
    Language
  • French
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Londres 14 Sept. 1823
Muy Señor mio!
Me voici arrivé dans ce superbe pays où les guinées ont des aîles comme ailleurs les papillons. Pardon de ne pas avoir répondu plutôt à votre aimable lettre de Coppet. Jʼétois devenu si casanier et si sédentaire que je tergiversois intérieurement quoique bien résolu dʼaller en Angleterre, et je craignois toujours que le cœur ne me faillît au dernier moment. Vous qui allez en Angleterre comme au bois de Boulogne, vous vous seriez alors moqué de mes grands projets de voyage. Maintenant jʼai prouvé que je sais comme autrefois traverser la mer sans que lʼon me saisisse au collet et me jette à fond de cale. Je suis venu de Calais avec le Royal Steam Packet Dasher, et nous avons dashé à travers les vagues que cʼétoit une bénédiction. Je nʼen ai pas été indisposé un seul instant – je crois que cette irritabilité passe avec lʼâge et que lʼepoque est venue pour moi de devenir navigateur. Je craignois aussi quʼun regime entièrement différent ne nuisît pas à ma santé, mais jusquʼici je me porte à merveille et ne crains dʼautre maladie que la phthisie pulmonaire pour ma bourse. Je ne fais que dʼarriver, cʼest le second jour que je passe ici. Je nʼai vu encore personne excepté Mr Colebrooke qui mʼa extrêmement bien accueilli. Jʼai été à lʼautre bout du monde à Cadogan Place chercher S.[ir] J. Mackintosh – il est pour quelques jours à la campagne, mais il va revenir et il mʼa promis tous ses bons offices. Il est dans le Conseil de la Société Asiatique dʼici, qui vient de mʼélire membre honoraire. Je vous suis infiniment réconnoissant de vos lettres dʼintroduction. Je crains bien cependant que je ne pourrai pas voir S.[ir] J. Malcolm – on me dit quʼil est en Province assez loin dʼici et quʼil nʼa pas même un appartement en ville. En général Londres est fort désert. Tant mieux pour moi sous un certain rapport – je mʼensevelirai dans les manuscrits qui sont accessibles à la Bibliothèque de la Compagnie des Indes. Aussi bien je ne pourrai pas rester longtemps auprès de ma pâture spirituelle, car je compte repartir vers la fin dʼOctobre – mais je laisse ici mon écolier qui travaillera pour moi. – Jʼespère que vous nʼavez pas abandonné le projet de venir en Angleterre au mois dʼOctobre – quelle joye jʼaurois de vous revoir! comme nous causerions!
Veuillez dire à ma nièce que je suis ici, et quʼelle peut recevoir à son choix soit ici, soit à Paris ce que je lui ai promis. Dans le dernier cas elle nʼauroit quʼà mʼécrire, et je lui enverrois un mandat pour lʼagent de change. Quʼelle y pense bien – si elle nʼest pas parfaitement sure de gagner lʼargent par ses portraits, je crains bien que la vie ici ne soit trop chere pour elle – et pour son art je ne pense pas quʼil y ait rien à apprendre.
Entre nous soit dit, mon cher Auguste, jʼaime beaucoup la France, quand même. Dites bien des choses de ma part à votre adorable sœur, à Mr de Broglie, au cher Alfonse qui mʼaura peut-être oublié – à toute la famille à laquelle je reste toujours dévoué de cœur et dʼame. Je demeure Leicester Street N° 14 chez Simondi – mais comme je pourrais changer, il sera plus sûr de mʼadresser les lettres chez MM James Cazenove & Co – qui sont tous pleins dʼobligeance pour moi.
Adieu, mille tendres amitiés.
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Londres 14 Sept. 1823
Muy Señor mio!
Me voici arrivé dans ce superbe pays où les guinées ont des aîles comme ailleurs les papillons. Pardon de ne pas avoir répondu plutôt à votre aimable lettre de Coppet. Jʼétois devenu si casanier et si sédentaire que je tergiversois intérieurement quoique bien résolu dʼaller en Angleterre, et je craignois toujours que le cœur ne me faillît au dernier moment. Vous qui allez en Angleterre comme au bois de Boulogne, vous vous seriez alors moqué de mes grands projets de voyage. Maintenant jʼai prouvé que je sais comme autrefois traverser la mer sans que lʼon me saisisse au collet et me jette à fond de cale. Je suis venu de Calais avec le Royal Steam Packet Dasher, et nous avons dashé à travers les vagues que cʼétoit une bénédiction. Je nʼen ai pas été indisposé un seul instant – je crois que cette irritabilité passe avec lʼâge et que lʼepoque est venue pour moi de devenir navigateur. Je craignois aussi quʼun regime entièrement différent ne nuisît pas à ma santé, mais jusquʼici je me porte à merveille et ne crains dʼautre maladie que la phthisie pulmonaire pour ma bourse. Je ne fais que dʼarriver, cʼest le second jour que je passe ici. Je nʼai vu encore personne excepté Mr Colebrooke qui mʼa extrêmement bien accueilli. Jʼai été à lʼautre bout du monde à Cadogan Place chercher S.[ir] J. Mackintosh – il est pour quelques jours à la campagne, mais il va revenir et il mʼa promis tous ses bons offices. Il est dans le Conseil de la Société Asiatique dʼici, qui vient de mʼélire membre honoraire. Je vous suis infiniment réconnoissant de vos lettres dʼintroduction. Je crains bien cependant que je ne pourrai pas voir S.[ir] J. Malcolm – on me dit quʼil est en Province assez loin dʼici et quʼil nʼa pas même un appartement en ville. En général Londres est fort désert. Tant mieux pour moi sous un certain rapport – je mʼensevelirai dans les manuscrits qui sont accessibles à la Bibliothèque de la Compagnie des Indes. Aussi bien je ne pourrai pas rester longtemps auprès de ma pâture spirituelle, car je compte repartir vers la fin dʼOctobre – mais je laisse ici mon écolier qui travaillera pour moi. – Jʼespère que vous nʼavez pas abandonné le projet de venir en Angleterre au mois dʼOctobre – quelle joye jʼaurois de vous revoir! comme nous causerions!
Veuillez dire à ma nièce que je suis ici, et quʼelle peut recevoir à son choix soit ici, soit à Paris ce que je lui ai promis. Dans le dernier cas elle nʼauroit quʼà mʼécrire, et je lui enverrois un mandat pour lʼagent de change. Quʼelle y pense bien – si elle nʼest pas parfaitement sure de gagner lʼargent par ses portraits, je crains bien que la vie ici ne soit trop chere pour elle – et pour son art je ne pense pas quʼil y ait rien à apprendre.
Entre nous soit dit, mon cher Auguste, jʼaime beaucoup la France, quand même. Dites bien des choses de ma part à votre adorable sœur, à Mr de Broglie, au cher Alfonse qui mʼaura peut-être oublié – à toute la famille à laquelle je reste toujours dévoué de cœur et dʼame. Je demeure Leicester Street N° 14 chez Simondi – mais comme je pourrais changer, il sera plus sûr de mʼadresser les lettres chez MM James Cazenove & Co – qui sont tous pleins dʼobligeance pour moi.
Adieu, mille tendres amitiés.
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