• August Wilhelm von Schlegel to Giuseppe Acerbi

  • Place of Dispatch: Pisa · Place of Destination: Mailand · Date: 12.01.1816
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Giuseppe Acerbi
  • Place of Dispatch: Pisa
  • Place of Destination: Mailand
  • Date: 12.01.1816
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 366865145-18960000
  • Bibliography: Luzio, Alessandro: Giuseppe Acerbi e la „Biblioteca Italiana“. In: Nuova Antologia di Scienze, Lettere ed Arti (Roma) 66 (1896), 4. Serie, S. 314‒315.
  • Incipit: „Pise, ce 12 janv. 1816.
    Depuis bien longtemps, Monsieur, je mʼétais proposé de vous écrire et de vous témoigner combien je regrette [...]“
    Language
  • French
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Pise, ce 12 janv. 1816.
Depuis bien longtemps, Monsieur, je mʼétais proposé de vous écrire et de vous témoigner combien je regrette toujours nos agréables soirées de Milan. Vous êtes maintenant dans le tourbillon des fêtes, mais jʼespère que cela ne retardera pas la publication de votre Bibliothèque Italienne, dont jʼaugure infiniment bien et dont je suis très-curieux. Jʼavais écrit, à la demande de M. de Sardagna, à lʼun des professeurs les plus distingués de Heidelberg, M. Wilken, auteur dʼune excellente Histoire des Croisades, pour quʼil nous procurât un rapport par mois ou par trimestre sur les productions les plus importantes de lʼAllemagne. Il me mande quʼil a écrit là-dessus en détail à M. de Sardagna. La chose nʼest pas sans difficulté: il y a chez nous beaucoup de partis et une espèce dʼanarchie dans notre monde littéraire. Il sʼagit de donner un jugement vraiment européen et non pas le suffrage partial de telle ou telle école. M. Wilken nomme mon frère, mais mon frère est actuellement employé dans une carrière politique qui doit lʼabsorber tout entier. Moi-même, je suis hors dʼétat de prendre un pareil engagement, vu mon absence de lʼAllemagne.
Il doit paraître ici sous peu un écrit dʼun Suédois, M. Graberg de Hemsö, déjà connu par son livre sur les Scaldes, Su la falsità dellʼorigene scandinava data ai popoli detti barbari che distrussero lʼimpero di Roma. Je souhaiterais en parler dans votre journal, ainsi je vous prie de me le réserver. Cʼest un sujet qui concerne de très-près lʼhistoire dʼItalie.
Veuillez rappeler à notre ami Monti quʼil mʼa promis de faire un article sur mon Cours de littérature dramatique.
Voici une autre pétition à laquelle jʼattache une grande importance. Un de nos plus habiles sculpteurs et mon ami particulier, M. Tieck, a été chargé par le prince royal de Bavière de faire une suite de portraits historiques et entrautres celui de lʼempereur Frédéric Barberousse. Il en a cherché partout des portraits authentiques, mais jusquʼici il nʼa trouvé presque rien. Un manuscrit à Monza doit en contenir une miniature. Il souhaite en avoir une copie dans le plus court délai possible et il ne regardera pas au prix. Je joins ici la notice: vous mʼobligeriez infiniment en nous prêtant vos secours à cet égard. Je chargerai MM. Mirabaud de vos rembourser tout de suite. Quand vous aurez la copie, je vous prie instamment de me lʼenvoyer tout de suite par la poste aux lettres: vous savez que je suis auprès de Madame de Staël, qui me charge de vous dire beaucoup de choses de sa part.
La mort du pauvre Bossi mʼa fait vraiment de la peine: je ne la croyais pas si prochaine. Vous consacrerez, je pense, un article à sa mémoire. Ne fera-t-on pas graver ses cartons des écoles de poésie italienne? Pourra-t-on tirer quelque ouvrage posthume de ses manuscrits? Que devient sa bibliothèque?
Ce séjour ici, mon cher Acerbi, est ennuyeux comme la peste. Mais ne voilà-t-il pas que la véritable peste éclate, à ce qu’on dit, dans le midi de lʼItalie? Cela nous fait hésiter sur le voyage de Rome et de Nalples, car en fait de peste la métaphore vaut encore mieux que le sens littéral. Au commencement du mois prochain nous comptons aller provisoirement à Florence, en tout cas nous aurons le plaisir de vous revoir ce printemps à Milan.
Veuillez agréer lʼassurance de mes sentimens les plus empressés.
Tout à vous
A. W. de Schlegel.
Dans la Bibliothèque de S. Giovanni à Monza il existait autrefois un ouvrage manuscrit dʼun certain Orsini en vers léonins, intitulé De sapientia et regiminibus potestatis. Cet écrit commence par lʼéloge de lʼempereur Frédéric Barberousse et il est orné de son portrait.
Le manuscrit en question a été pris par les Français, mais il est actuellement revenu avec les autres trésors enlevés.
On désire une copie exacte de la tête de lʼempereur Frédéric seulement, quelque mauvais ou gâté que soit le dessin original. On désirerait aussi obtenir en même temps des renseignements sur la date certaine ou probable du manuscrit.
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Pise, ce 12 janv. 1816.
Depuis bien longtemps, Monsieur, je mʼétais proposé de vous écrire et de vous témoigner combien je regrette toujours nos agréables soirées de Milan. Vous êtes maintenant dans le tourbillon des fêtes, mais jʼespère que cela ne retardera pas la publication de votre Bibliothèque Italienne, dont jʼaugure infiniment bien et dont je suis très-curieux. Jʼavais écrit, à la demande de M. de Sardagna, à lʼun des professeurs les plus distingués de Heidelberg, M. Wilken, auteur dʼune excellente Histoire des Croisades, pour quʼil nous procurât un rapport par mois ou par trimestre sur les productions les plus importantes de lʼAllemagne. Il me mande quʼil a écrit là-dessus en détail à M. de Sardagna. La chose nʼest pas sans difficulté: il y a chez nous beaucoup de partis et une espèce dʼanarchie dans notre monde littéraire. Il sʼagit de donner un jugement vraiment européen et non pas le suffrage partial de telle ou telle école. M. Wilken nomme mon frère, mais mon frère est actuellement employé dans une carrière politique qui doit lʼabsorber tout entier. Moi-même, je suis hors dʼétat de prendre un pareil engagement, vu mon absence de lʼAllemagne.
Il doit paraître ici sous peu un écrit dʼun Suédois, M. Graberg de Hemsö, déjà connu par son livre sur les Scaldes, Su la falsità dellʼorigene scandinava data ai popoli detti barbari che distrussero lʼimpero di Roma. Je souhaiterais en parler dans votre journal, ainsi je vous prie de me le réserver. Cʼest un sujet qui concerne de très-près lʼhistoire dʼItalie.
Veuillez rappeler à notre ami Monti quʼil mʼa promis de faire un article sur mon Cours de littérature dramatique.
Voici une autre pétition à laquelle jʼattache une grande importance. Un de nos plus habiles sculpteurs et mon ami particulier, M. Tieck, a été chargé par le prince royal de Bavière de faire une suite de portraits historiques et entrautres celui de lʼempereur Frédéric Barberousse. Il en a cherché partout des portraits authentiques, mais jusquʼici il nʼa trouvé presque rien. Un manuscrit à Monza doit en contenir une miniature. Il souhaite en avoir une copie dans le plus court délai possible et il ne regardera pas au prix. Je joins ici la notice: vous mʼobligeriez infiniment en nous prêtant vos secours à cet égard. Je chargerai MM. Mirabaud de vos rembourser tout de suite. Quand vous aurez la copie, je vous prie instamment de me lʼenvoyer tout de suite par la poste aux lettres: vous savez que je suis auprès de Madame de Staël, qui me charge de vous dire beaucoup de choses de sa part.
La mort du pauvre Bossi mʼa fait vraiment de la peine: je ne la croyais pas si prochaine. Vous consacrerez, je pense, un article à sa mémoire. Ne fera-t-on pas graver ses cartons des écoles de poésie italienne? Pourra-t-on tirer quelque ouvrage posthume de ses manuscrits? Que devient sa bibliothèque?
Ce séjour ici, mon cher Acerbi, est ennuyeux comme la peste. Mais ne voilà-t-il pas que la véritable peste éclate, à ce qu’on dit, dans le midi de lʼItalie? Cela nous fait hésiter sur le voyage de Rome et de Nalples, car en fait de peste la métaphore vaut encore mieux que le sens littéral. Au commencement du mois prochain nous comptons aller provisoirement à Florence, en tout cas nous aurons le plaisir de vous revoir ce printemps à Milan.
Veuillez agréer lʼassurance de mes sentimens les plus empressés.
Tout à vous
A. W. de Schlegel.
Dans la Bibliothèque de S. Giovanni à Monza il existait autrefois un ouvrage manuscrit dʼun certain Orsini en vers léonins, intitulé De sapientia et regiminibus potestatis. Cet écrit commence par lʼéloge de lʼempereur Frédéric Barberousse et il est orné de son portrait.
Le manuscrit en question a été pris par les Français, mais il est actuellement revenu avec les autres trésors enlevés.
On désire une copie exacte de la tête de lʼempereur Frédéric seulement, quelque mauvais ou gâté que soit le dessin original. On désirerait aussi obtenir en même temps des renseignements sur la date certaine ou probable du manuscrit.
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