• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Unknown · Date: 10.11.1806
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 10.11.1806
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 180‒181.
  • Incipit: „En rentrant je viens de trouver votre aimable lettre de hier que j’avois attendue avec impatience et qui m’a vivement réjoui. [...]“
    Language
  • French
En rentrant je viens de trouver votre aimable lettre de hier que j’avois attendue avec impatience et qui m’a vivement réjoui. Je craignois déjà que vous ne m’eussiez oublié, et que vous ne fussiez toute étonnée jeudi soir de mon retour. Si vous n’avez pas eu plus tôt de mes nouvelles, ce n’est pas de ma faute; j’ai cru devancer Auguste par une longue lettre qu’il a mis lui-même à la grande poste avec moi, très soigneusement et de bonne heure. Cette lettre s’est donc arrêtée en chemin. Je m’étonne qu’Auguste ne vous ait pas dit cela. Une seconde lettre est partie dimanche matin; voici la troisième et la dernière, car jeudi au lieu de lettre j’arriverai moi-même, sous l’enveloppe un peu étroite de la diligence, et je serai bien aise d’être décacheté et lu par vous. Vous le savez bien, ma chère amie, que je suis un livre ouvert. Si vous y trouvez quelque chose de nouveau et d’original, c’est que vous savez lire autrement que les autres.
Je n’ai pas trouvé Hoch., ni Madame Récamier, qui est de retour de la campagne. On la disoit incommodée. Je les verrai sans doute l’un et l’autre avant mon départ. M. Fould m’a payé le mandat; il s’est beaucoup informé de votre santé.
Mon train de vie ici est assez uniforme: le matin quelques visites ou commissions nécessaires, ensuite des choses remarquables à voir, le musée, le salon, la bibliothèque, etc... Après cela pour le dîner nous avons une société fixe de cinq Allemands; après le dîner je vais au spectacle, après le spectacle je rentre chez moi. J’ai bien rempli mes devoirs envers le Théâtre françois, j’y ai été trois fois et j’ai eu le bonheur de voir Manlius. Il ne me manque plus à voir que Mlle Georges. Pour mon frère on ne sauroit dire que le tourbillon l’entraîne: je n’ai pu le persuader qu’une seule fois d’aller au spectacle. Dès que je serai parti il commencera à étudier des manuscrits et il continuera cela à la campagne, tout en tâchant à contribuer à l’agrément de notre petite société.
Ce matin j’ai été à la bibliothèque; deux Allemands y sont employés qui m’ont fait toutes les politesses imaginables, Chézy également et M. Langlès m’a reçu fort obligeamment. Si nous étions à Paris c’est là l’endroit où j’irois m’enfouir. Je n’aurois plus ce superbe loisir de Rouen, où il n’y a pas un seul livre à avoir.
Bonsoir, il est déjà bien tard; je garde soigneusement mon billet pour l’éclair du jeudi et je ne me coucherai pas de toute la nuit pour ne pas le manquer. Adieu, ma chère amie et protectrice, jusqu’au revoir. Bien des compliments à M. Constant et à la jeune famille.
En rentrant je viens de trouver votre aimable lettre de hier que j’avois attendue avec impatience et qui m’a vivement réjoui. Je craignois déjà que vous ne m’eussiez oublié, et que vous ne fussiez toute étonnée jeudi soir de mon retour. Si vous n’avez pas eu plus tôt de mes nouvelles, ce n’est pas de ma faute; j’ai cru devancer Auguste par une longue lettre qu’il a mis lui-même à la grande poste avec moi, très soigneusement et de bonne heure. Cette lettre s’est donc arrêtée en chemin. Je m’étonne qu’Auguste ne vous ait pas dit cela. Une seconde lettre est partie dimanche matin; voici la troisième et la dernière, car jeudi au lieu de lettre j’arriverai moi-même, sous l’enveloppe un peu étroite de la diligence, et je serai bien aise d’être décacheté et lu par vous. Vous le savez bien, ma chère amie, que je suis un livre ouvert. Si vous y trouvez quelque chose de nouveau et d’original, c’est que vous savez lire autrement que les autres.
Je n’ai pas trouvé Hoch., ni Madame Récamier, qui est de retour de la campagne. On la disoit incommodée. Je les verrai sans doute l’un et l’autre avant mon départ. M. Fould m’a payé le mandat; il s’est beaucoup informé de votre santé.
Mon train de vie ici est assez uniforme: le matin quelques visites ou commissions nécessaires, ensuite des choses remarquables à voir, le musée, le salon, la bibliothèque, etc... Après cela pour le dîner nous avons une société fixe de cinq Allemands; après le dîner je vais au spectacle, après le spectacle je rentre chez moi. J’ai bien rempli mes devoirs envers le Théâtre françois, j’y ai été trois fois et j’ai eu le bonheur de voir Manlius. Il ne me manque plus à voir que Mlle Georges. Pour mon frère on ne sauroit dire que le tourbillon l’entraîne: je n’ai pu le persuader qu’une seule fois d’aller au spectacle. Dès que je serai parti il commencera à étudier des manuscrits et il continuera cela à la campagne, tout en tâchant à contribuer à l’agrément de notre petite société.
Ce matin j’ai été à la bibliothèque; deux Allemands y sont employés qui m’ont fait toutes les politesses imaginables, Chézy également et M. Langlès m’a reçu fort obligeamment. Si nous étions à Paris c’est là l’endroit où j’irois m’enfouir. Je n’aurois plus ce superbe loisir de Rouen, où il n’y a pas un seul livre à avoir.
Bonsoir, il est déjà bien tard; je garde soigneusement mon billet pour l’éclair du jeudi et je ne me coucherai pas de toute la nuit pour ne pas le manquer. Adieu, ma chère amie et protectrice, jusqu’au revoir. Bien des compliments à M. Constant et à la jeune famille.
· Übersetzung , 10.11.1806
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 132–133.
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