• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Unknown · Place of Destination: Unknown · Date: [September/Oktober 1809]
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Unknown
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: [September/Oktober 1809]
  • Notations: Datum erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 254.
  • Incipit: „Je ne crois pas que hier à dîner j’aye dit des choses inconvenables, ni que j’aye trop envahi la conversation. Les [...]“
    Language
  • French
Je ne crois pas que hier à dîner j’aye dit des choses inconvenables, ni que j’aye trop envahi la conversation. Les personnes qui étoient assises près de moi s’intéressoient aux sujets dont je parlois. Cependant vous m’avez reproché publiquement mon innocence, c’est-à-dire ma niaiserie et mon inconvenance. C’est un principe de l’éducation, quand même je conviendrois qu’à mon âge il m’en faut encore subir une, de faire les réprimandes à part et non pas devant le monde. Mais vous avez cru nécessaire de me désavouer comme vous auriez désavoué W. à cause de son air subalterne, pour ne pas compromettre votre élégance vis-à-vis d’une Parisienne. Je ne saurois vous dire combien je trouve pitoyable une amitié qui échoue contre de pareilles craintes. C’est cependant tout ce que j’ai obtenu en échange du sacrifice continuel et pénible de mon indépendance et de tous les ennuis que j’ai dévoré. Que ne donnerois-je pas pour ravoir mes cinq années perdues!
Je vous prie de me dire en quoi je vous ai manqué d’égards. Je m’en suis allé après avoir reçu ma leçon. Voilà tout.
Quant à M de St. Priest, c’est par respect pour votre maison que je n’ai rien répondu à son impolitesse, et j’ai eu l’air de me laisser humilier impunément. Demandez à M. de V. comment la chose s’est passée.
Ce que pensent ces dames? Certainement je ne leur ai donné aucune occasion de penser sur vous quoi que ce soit. Sur moi elles peuvent penser ce que bon leur semblera. Si elles ont de la pénétration, elles n’auront vu qu’un exemple de ce qui est connu depuis longtemps, que les caractères allemand et français sont antipathiques, car vous êtes pourtant jusqu’au fond de l’âme une femme françoise, dans qui tous les bons mouvements sont opprimés par des velléités frivoles.
Je ne conçois pas comment W. a pu se croire mêlé dans tout ceci.
Je ne crois pas que hier à dîner j’aye dit des choses inconvenables, ni que j’aye trop envahi la conversation. Les personnes qui étoient assises près de moi s’intéressoient aux sujets dont je parlois. Cependant vous m’avez reproché publiquement mon innocence, c’est-à-dire ma niaiserie et mon inconvenance. C’est un principe de l’éducation, quand même je conviendrois qu’à mon âge il m’en faut encore subir une, de faire les réprimandes à part et non pas devant le monde. Mais vous avez cru nécessaire de me désavouer comme vous auriez désavoué W. à cause de son air subalterne, pour ne pas compromettre votre élégance vis-à-vis d’une Parisienne. Je ne saurois vous dire combien je trouve pitoyable une amitié qui échoue contre de pareilles craintes. C’est cependant tout ce que j’ai obtenu en échange du sacrifice continuel et pénible de mon indépendance et de tous les ennuis que j’ai dévoré. Que ne donnerois-je pas pour ravoir mes cinq années perdues!
Je vous prie de me dire en quoi je vous ai manqué d’égards. Je m’en suis allé après avoir reçu ma leçon. Voilà tout.
Quant à M de St. Priest, c’est par respect pour votre maison que je n’ai rien répondu à son impolitesse, et j’ai eu l’air de me laisser humilier impunément. Demandez à M. de V. comment la chose s’est passée.
Ce que pensent ces dames? Certainement je ne leur ai donné aucune occasion de penser sur vous quoi que ce soit. Sur moi elles peuvent penser ce que bon leur semblera. Si elles ont de la pénétration, elles n’auront vu qu’un exemple de ce qui est connu depuis longtemps, que les caractères allemand et français sont antipathiques, car vous êtes pourtant jusqu’au fond de l’âme une femme françoise, dans qui tous les bons mouvements sont opprimés par des velléités frivoles.
Je ne conçois pas comment W. a pu se croire mêlé dans tout ceci.
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