• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Eglisau · Place of Destination: Unknown · Date: 24.06.1811
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Eglisau
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 24.06.1811
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 292‒293.
  • Incipit: „Eglisau, lundi matin [24 juin 1811].
    Je profite, chère amie, d’un instant de repos pour vous dire que j’ai déjà écrit trois [...]“
    Language
  • French
Eglisau, lundi matin [24 juin 1811].
Je profite, chère amie, d’un instant de repos pour vous dire que j’ai déjà écrit trois fois, deux fois de Berne et une fois de Zurich; outre cela j’ai envoyé le passeport d’Albert enveloppé à part. Toutes ces lettres, je les ai mises moi-même à la poste excepté la première.
Jusqu’ici tout est pour le mieux; si tous mes entretiens pour mes affaires donnent les résultats aussi favorables que les deux que j’ai eus, j’aurai lieu de me féliciter infiniment de mon voyage, et j’en serai le plus heureux des hommes.
Comme exemple de la manière de voir Sch[raut], je vous cite le trait suivant: En lui parlant de ce livre d’un de mes amis que vous connoissez, que la censure méticuleuse de Berlin n’a pas cru pouvoir laisser passer, je tâchai de lui donner une idée de la description des ......; il me dit: C’est précisément ce chapitre qui aura pu déplaire.
J’ai le visa et le sceau du Landammann sur mon passeport suisse, de sorte que je suis pleinement muni pour mon voyage. Parmi les procédés obligeants de M. fut celui de me procurer cela en moins d’une heure.
Je viens de voir le plus beau des fleuves j’ai salué de plus près ma patrie, quoique j’aime à y comprendre la Suisse allemande.
Avec quel mélange de sentimens confus, je m’avance vers ces contrées si changées!
On m’a assuré fort authentiquement que 20 mille Bavarois et 7 mille Wurtembergeois ont reçu ordre de se tenir prêt pour marcher vers le nord. L’horizon s’obscurcit donc de ce côté-là.
J’ai vu le dessin de l’angélique joueuse de harpe dont les anges écoutent et accompagnent le concert. C’est une composition simple grandement dessinée, mais exécutée avec le fini d’une miniature. La tète en petit a conservé toute la ressemblance idéale de l’original. Il règne dans le tout une certaine sérénité solennelle. C’est une fort belle chose et telle qu’on en sait faire rarement aujourd’hui.
Tieck vous l’enverra toute encadrée pour qu’elle ne se gâte pas en chemin. Il n’auroit jamais pu l’achever ainsi, s’il n’avoit été retenu par des circonstances imprévues malgré lui à Zurich, sans autre occupation. Je vous invite, lorsque vous en aurez vu l’effet total, d’examiner toutes les parties de près. Vous l’aurez en quinze jours à peu près, le délai tient uniquement au cadre.
Ce sera un charmant monument du passage d’Albertine de l’enfance à la jeunesse. Je l’invite à conserver sa figure toujours aussi raphaëllesque qu’elle est aujourd’hui dans la nature et dans le tableau.
Je la prie aussi d’étudier sa harpe et surtout de la bien accorder, afin que les anges qui ont les oreilles délicates ne se les bouchent pas.
Tieck a fait un autre dessin d’après le prologue de l’Octavien de son frère. C’est la Romance ou la Poésie romantique s’élançant au loin sur un cheval fougueux, en Amazone aérienne. A ses côtés la Valeur en guise de Minerve, le Badinage, un génie assis sur un lion qu’il frappe des hochets de la folie, sur le devant un pasteur à l’ombre d’un ormeau, jouant de son chalumeau, une pèlerine assise devant une chapelle, un chevalier faisant sa cour à une dame. Tout cela est imaginé avec une grâce fantasque et exécuté avec sa vigueur ordinaire.
Quelle désolation que je ne puisse pas avoir de vos nouvelles. De mon côté je tâche de vous écrire des lettres aussi satisfaisantes que je puis, mais je serai bientôt à sec, puisqu’il n’y aura plus rien d’essentiel à mander jusqu’à mon arrivée.
Mille choses à tout le château que je porte dans mon cœur.
Eglisau, lundi matin [24 juin 1811].
Je profite, chère amie, d’un instant de repos pour vous dire que j’ai déjà écrit trois fois, deux fois de Berne et une fois de Zurich; outre cela j’ai envoyé le passeport d’Albert enveloppé à part. Toutes ces lettres, je les ai mises moi-même à la poste excepté la première.
Jusqu’ici tout est pour le mieux; si tous mes entretiens pour mes affaires donnent les résultats aussi favorables que les deux que j’ai eus, j’aurai lieu de me féliciter infiniment de mon voyage, et j’en serai le plus heureux des hommes.
Comme exemple de la manière de voir Sch[raut], je vous cite le trait suivant: En lui parlant de ce livre d’un de mes amis que vous connoissez, que la censure méticuleuse de Berlin n’a pas cru pouvoir laisser passer, je tâchai de lui donner une idée de la description des ......; il me dit: C’est précisément ce chapitre qui aura pu déplaire.
J’ai le visa et le sceau du Landammann sur mon passeport suisse, de sorte que je suis pleinement muni pour mon voyage. Parmi les procédés obligeants de M. fut celui de me procurer cela en moins d’une heure.
Je viens de voir le plus beau des fleuves j’ai salué de plus près ma patrie, quoique j’aime à y comprendre la Suisse allemande.
Avec quel mélange de sentimens confus, je m’avance vers ces contrées si changées!
On m’a assuré fort authentiquement que 20 mille Bavarois et 7 mille Wurtembergeois ont reçu ordre de se tenir prêt pour marcher vers le nord. L’horizon s’obscurcit donc de ce côté-là.
J’ai vu le dessin de l’angélique joueuse de harpe dont les anges écoutent et accompagnent le concert. C’est une composition simple grandement dessinée, mais exécutée avec le fini d’une miniature. La tète en petit a conservé toute la ressemblance idéale de l’original. Il règne dans le tout une certaine sérénité solennelle. C’est une fort belle chose et telle qu’on en sait faire rarement aujourd’hui.
Tieck vous l’enverra toute encadrée pour qu’elle ne se gâte pas en chemin. Il n’auroit jamais pu l’achever ainsi, s’il n’avoit été retenu par des circonstances imprévues malgré lui à Zurich, sans autre occupation. Je vous invite, lorsque vous en aurez vu l’effet total, d’examiner toutes les parties de près. Vous l’aurez en quinze jours à peu près, le délai tient uniquement au cadre.
Ce sera un charmant monument du passage d’Albertine de l’enfance à la jeunesse. Je l’invite à conserver sa figure toujours aussi raphaëllesque qu’elle est aujourd’hui dans la nature et dans le tableau.
Je la prie aussi d’étudier sa harpe et surtout de la bien accorder, afin que les anges qui ont les oreilles délicates ne se les bouchent pas.
Tieck a fait un autre dessin d’après le prologue de l’Octavien de son frère. C’est la Romance ou la Poésie romantique s’élançant au loin sur un cheval fougueux, en Amazone aérienne. A ses côtés la Valeur en guise de Minerve, le Badinage, un génie assis sur un lion qu’il frappe des hochets de la folie, sur le devant un pasteur à l’ombre d’un ormeau, jouant de son chalumeau, une pèlerine assise devant une chapelle, un chevalier faisant sa cour à une dame. Tout cela est imaginé avec une grâce fantasque et exécuté avec sa vigueur ordinaire.
Quelle désolation que je ne puisse pas avoir de vos nouvelles. De mon côté je tâche de vous écrire des lettres aussi satisfaisantes que je puis, mais je serai bientôt à sec, puisqu’il n’y aura plus rien d’essentiel à mander jusqu’à mon arrivée.
Mille choses à tout le château que je porte dans mon cœur.
· Übersetzung , 24.06.1811
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 223–225.
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