• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bern · Place of Destination: Unknown · Date: 13.08.1811
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bern
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 13.08.1811
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 308‒310.
  • Incipit: „Berne ce 13 aoûst 1811.
    Chère amie, depuis que j’ai tout dit je n’ai plus rien à écrire. Car je me garderai [...]“
    Language
  • French
Berne ce 13 aoûst 1811.
Chère amie, depuis que j’ai tout dit je n’ai plus rien à écrire. Car je me garderai bien d’entrer dans les explications ou plutôt les implications. C’est trop délicat à traiter de vive voix, à plus forte raison par écrit. Cependant je vous remercie à genou de votre aimable lettre. Ah! les lettres sont toujours aimables. Quand nous serons de nouveau réunis, nous ne nous parlerons plus jamais, nous nous écrirons par la petite poste.
Nous avons fait une précieuse expérience. Nous avons vu, et vu de nos propres yeux, qu’on ne voit pas les religieuses de la Trappe. Nous avons appris, et non pas par ouï-dire, qu’elles ne disent rien. Attrape! pour me servir de leur propre jeu de mots, mais elles ne nous y rattraperont plus.
Je veux bien croire que ce ridicule M. Martin, que je me rappelle à peine, m’a dénoncé aussi, car il ne faut faire tort à personne. Cependant les infâmes calomnies de M. Cap[elle] sont incontestables. Ah! si je le rencontre jamais sur un territoire neutre. Juste ciel! Quel pays que celuy où de pareilles espèces, qui se sont glissées dans le genre humain parce que les singes n’en ont pas voulu, peuvent influer sur votre sort!
J’ai vu par mes notes que vous aviez déjà reçu mon compte lorsque vous m’avez parlé de mon manque d’économie, et j’ai été indigné, outré, au-delà de toute expression. Vous m’avez fait un discours dans le genre de celui de la femme dans une vieille romance:
«King Stephan was a worthy peer,
His breeches cost him but a crown
And yet he found them all too dear

And with that calld the taylor lown.»
Mais quoique je fasse pour imiter le roi Etienne, mes pantalons me coûteront plus qu’un gros écu. Vous avez pris 57 florins pour autant de louis et personne ne peut plus vous ôter cela de la tète. Je ne veux plus avoir à faire pour les comptes qu'à Uginet. S’il ne vend pas lui- même la calèche, je la lui rembourserai, aussi bien que la chambre bleue comme de raison.
Voici un fait curieux que je tiens de bonne main. Le cadre d’un bataillon de Saxe-Cobourg est revenu – c’est-à-dire dix-sept hommes de quatre cents. On a voulu le former de nouveau, mais les dix-sept qui ont échappé, ont déclaré à leur souverain qu’il pouvoit les faire pendre, décapiter, rouer, tout ce que bon lui sembleroit, mais que rien au monde ne leur feroit repasser le Rhin.
M. Math[ieu] n’est pas encore arrivé, je crains qu’il aura eu bien mauvais tems; je lui dirai tout ce qu’il y a à dire sur B. Je trouve cela absolument contraire au but et je le déconseille de toutes mes forces.
Dans ce moment M. M[athieu] rentre dans ma chambre bien portant, mais pour repartir dans linstant même.
Berne ce 13 aoûst 1811.
Chère amie, depuis que j’ai tout dit je n’ai plus rien à écrire. Car je me garderai bien d’entrer dans les explications ou plutôt les implications. C’est trop délicat à traiter de vive voix, à plus forte raison par écrit. Cependant je vous remercie à genou de votre aimable lettre. Ah! les lettres sont toujours aimables. Quand nous serons de nouveau réunis, nous ne nous parlerons plus jamais, nous nous écrirons par la petite poste.
Nous avons fait une précieuse expérience. Nous avons vu, et vu de nos propres yeux, qu’on ne voit pas les religieuses de la Trappe. Nous avons appris, et non pas par ouï-dire, qu’elles ne disent rien. Attrape! pour me servir de leur propre jeu de mots, mais elles ne nous y rattraperont plus.
Je veux bien croire que ce ridicule M. Martin, que je me rappelle à peine, m’a dénoncé aussi, car il ne faut faire tort à personne. Cependant les infâmes calomnies de M. Cap[elle] sont incontestables. Ah! si je le rencontre jamais sur un territoire neutre. Juste ciel! Quel pays que celuy où de pareilles espèces, qui se sont glissées dans le genre humain parce que les singes n’en ont pas voulu, peuvent influer sur votre sort!
J’ai vu par mes notes que vous aviez déjà reçu mon compte lorsque vous m’avez parlé de mon manque d’économie, et j’ai été indigné, outré, au-delà de toute expression. Vous m’avez fait un discours dans le genre de celui de la femme dans une vieille romance:
«King Stephan was a worthy peer,
His breeches cost him but a crown
And yet he found them all too dear

And with that calld the taylor lown.»
Mais quoique je fasse pour imiter le roi Etienne, mes pantalons me coûteront plus qu’un gros écu. Vous avez pris 57 florins pour autant de louis et personne ne peut plus vous ôter cela de la tète. Je ne veux plus avoir à faire pour les comptes qu'à Uginet. S’il ne vend pas lui- même la calèche, je la lui rembourserai, aussi bien que la chambre bleue comme de raison.
Voici un fait curieux que je tiens de bonne main. Le cadre d’un bataillon de Saxe-Cobourg est revenu – c’est-à-dire dix-sept hommes de quatre cents. On a voulu le former de nouveau, mais les dix-sept qui ont échappé, ont déclaré à leur souverain qu’il pouvoit les faire pendre, décapiter, rouer, tout ce que bon lui sembleroit, mais que rien au monde ne leur feroit repasser le Rhin.
M. Math[ieu] n’est pas encore arrivé, je crains qu’il aura eu bien mauvais tems; je lui dirai tout ce qu’il y a à dire sur B. Je trouve cela absolument contraire au but et je le déconseille de toutes mes forces.
Dans ce moment M. M[athieu] rentre dans ma chambre bien portant, mais pour repartir dans linstant même.
· Übersetzung , 13.08.1811
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 239–240.
×
×