• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Unknown · Date: [Mitte November 1811]
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: [Mitte November 1811]
  • Notations: Datum erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 329‒330.
  • Incipit: „Après y avoir mûrement réfléchi je pense que c’est uniquement par taquinerie de sentiment que vous avez imaginé tout ce que [...]“
    Language
  • French
Après y avoir mûrement réfléchi je pense que c’est uniquement par taquinerie de sentiment que vous avez imaginé tout ce que vous vintes me dire hier. Comme je vous ai quelquefois menacée par méchanceté de partir, vous avez voulu me faire passer cette envie, en quoi vous avez complètement réussi. Jamais ce séjour ne m’a paru aussi agréable, il faudra absulement me chasser pour me faire déguerpir. Mais sérieusement je ne crois pas que tout cela soit aussi pressant qu’on veut nous le faire croire. Aug[uste] pourra peut-être nous donner des lumières s’il a vu le D. de R. avant son départ. Je serois bien aise que la lettre à M. D. ne fût pas remise. Je ferai tout ce que vous voudrez: j’irai à Berne ou même seulement à Rolles si vous le trouvez bon.
Je n’ai pas besoin d’avoir un passeport fr[ançais] pour voyager en Allemagne partant en Suisse où je suis domicilié – nous parlerons là-dessus – il faudra me convaincre que cela est nécessaire pour que je le demande.
Vous êtes repartie bien vite, chère amie, il me semble que j’avois une infinité de choses à vous dire. J’espère que vous n’arriverez pas trop tard demain. Jouissons de ces jours comme si de rien n’étoit. J’ai arrangé ma chambre et j’y ai exposé les images de mes dieux pénates, c’est-à-dire votre buste et le portrait d’Albertine à l’adoration. Vous êtes placée devant le temple de Delphes, Albertine sous la protection de la Vierge. Mes livres près de moi, tout cela est fait pour être longtemps et paisiblement habité et cela le sera.
Si vous êtes aussi résolue de faire ce qui vous convient, que je le suis à vous être entièrement dévoué dans toutes les circonstances, nous saurons l’un et l’autre à quoi nous en tenir et je vois une route lumineuse tracée devant nous.
Dieu nous guidera et nous protégera, parce que nous avons le cœur pur, j’ai une confiance illimitée en sa providence.
En attendant je m’occupe avec le plus grand calme, j’ai lu une grande partie de l’ouvrage de mon frère et j’y ai trouvé des choses ravissantes. Il contient des vues très neuves et très profondes, en même temps il est écrit avec un esprit de sagesse et de modération auquel peut-être vous ne vous attendez pas.
Voulez-vous dire à M. de Bonstetten que je lui suis infiniment reconnoissant de l’envoi de ses livres, que je n’ai pas encore eu le loisir de les feuilleter, mais que je le ferai incessamment et que je lui renverrai alors ceux dont je n’ai pas besoin? Ce sont onze vol[umes]; quelques-uns ont été un peu froissés dans le voyage parce qu’ils n’étoient pas soigneusement emballés. Cependant ils sont en fort bon état La lettre de M. C[onstant] m’a fort occupé, je crois comme lui à la prochaine faillite de ces négociants. Il faut se hâter de retirer ses fonds pour les placer mieux ensuite.
Adieu, chère amie, croyez à mes sentimens les plus tendres. Mille choses à Albertine.
Après y avoir mûrement réfléchi je pense que c’est uniquement par taquinerie de sentiment que vous avez imaginé tout ce que vous vintes me dire hier. Comme je vous ai quelquefois menacée par méchanceté de partir, vous avez voulu me faire passer cette envie, en quoi vous avez complètement réussi. Jamais ce séjour ne m’a paru aussi agréable, il faudra absulement me chasser pour me faire déguerpir. Mais sérieusement je ne crois pas que tout cela soit aussi pressant qu’on veut nous le faire croire. Aug[uste] pourra peut-être nous donner des lumières s’il a vu le D. de R. avant son départ. Je serois bien aise que la lettre à M. D. ne fût pas remise. Je ferai tout ce que vous voudrez: j’irai à Berne ou même seulement à Rolles si vous le trouvez bon.
Je n’ai pas besoin d’avoir un passeport fr[ançais] pour voyager en Allemagne partant en Suisse où je suis domicilié – nous parlerons là-dessus – il faudra me convaincre que cela est nécessaire pour que je le demande.
Vous êtes repartie bien vite, chère amie, il me semble que j’avois une infinité de choses à vous dire. J’espère que vous n’arriverez pas trop tard demain. Jouissons de ces jours comme si de rien n’étoit. J’ai arrangé ma chambre et j’y ai exposé les images de mes dieux pénates, c’est-à-dire votre buste et le portrait d’Albertine à l’adoration. Vous êtes placée devant le temple de Delphes, Albertine sous la protection de la Vierge. Mes livres près de moi, tout cela est fait pour être longtemps et paisiblement habité et cela le sera.
Si vous êtes aussi résolue de faire ce qui vous convient, que je le suis à vous être entièrement dévoué dans toutes les circonstances, nous saurons l’un et l’autre à quoi nous en tenir et je vois une route lumineuse tracée devant nous.
Dieu nous guidera et nous protégera, parce que nous avons le cœur pur, j’ai une confiance illimitée en sa providence.
En attendant je m’occupe avec le plus grand calme, j’ai lu une grande partie de l’ouvrage de mon frère et j’y ai trouvé des choses ravissantes. Il contient des vues très neuves et très profondes, en même temps il est écrit avec un esprit de sagesse et de modération auquel peut-être vous ne vous attendez pas.
Voulez-vous dire à M. de Bonstetten que je lui suis infiniment reconnoissant de l’envoi de ses livres, que je n’ai pas encore eu le loisir de les feuilleter, mais que je le ferai incessamment et que je lui renverrai alors ceux dont je n’ai pas besoin? Ce sont onze vol[umes]; quelques-uns ont été un peu froissés dans le voyage parce qu’ils n’étoient pas soigneusement emballés. Cependant ils sont en fort bon état La lettre de M. C[onstant] m’a fort occupé, je crois comme lui à la prochaine faillite de ces négociants. Il faut se hâter de retirer ses fonds pour les placer mieux ensuite.
Adieu, chère amie, croyez à mes sentimens les plus tendres. Mille choses à Albertine.
· Übersetzung , [Mitte November 1811]
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 259–260.
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