Monsieur,
Vous avez dû me croire bien coupable, puisquʼen mʼadressant à Bonn votre lettre trop flatteuse pour moi, vous ne saviez pas que jʼétais à lʼautre extrémité de lʼAllemagne. Jʼai été appelé ici par ordre du Roi pour prendre part aux travaux dʼune commission littéraire et académique. Jʼétais incertain combien de temps je mʼarrêterais en chemin: jʼai donc chargé les personnes qui veillent à ma maison, de garder les lettres arrivées pour moi dans lʼintervalle, jusquʼà ce que je pourrais leur indiquer une adresse sûre. Voilà la cause dʼun retard considérable. Plus tard jʼappris lʼarrivée du médaillon à Bonn. Je nʼai pas voulu lʼexposer à un nouveau voyage, comptant retourner au plutôt vers mes Dieux Pénates. Je nʼai donc pas encore eu le plaisir de le voir. Mais mes amis là-bas le trouvent fort ressemblant. Hélas! Monsieur, vous avez prodigué votre admirable talent à un sujet peu digne de vous. Cela eut mieux valu la peine, il y a un demi siècle: au moins on mʼa dit quelquefois que je nʼétais pas trop mal alors. Par un excès de bienveillance vous avez voulu transmettre à la postérité, si, toutefois elle sʼinforme de moi, les débris que les ravages du temps mʼont laissés. Je ne suis pas encore retombé en enfance: cʼest lʼessentiel.
Mes amis Frédéric Tieck et Rauch me chargent de leurs salutations les plus empressées. Je suis sur mon départ.
Veuillez agréer, Monsieur, lʼhommage de mon admiration et de ma reconnaissance.