• Pavel L. Šilling to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Sankt Petersburg · Place of Destination: Bonn · Date: 06.08.1834
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Pavel L. Šilling
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Sankt Petersburg
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 06.08.1834
  • Notations: Abschrift.
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 362738858
  • Bibliography: Burnouf, Eugène: Choix de lettres d’Eugène Burnouf 1825–1852. Suivi d’une bibliographie. Paris 1891, S. 508‒509.
  • Incipit: „[1] [Extrait dʼune lettre adressée au professeur Schlegel, à Bonn, par M. le baron Paul Schilling de Canstadt , conseiller dʼÉtat, [...]“
    Manuscript
  • Provider: Bibliothèque nationale de France
  • Classification Number: NAF 1060, ff 211-212
  • Number of Pages: 3 S., hs. o. U.
    Language
  • French
[1] [Extrait dʼune lettre adressée au professeur Schlegel, à Bonn, par M. le baron Paul Schilling de Canstadt , conseiller dʼÉtat, etc.]

Saint-Pétersbourg, 6 août 1834.
..... Il y a quatre ans que je suis parti pour un petit voyage par la Sibérie aux frontières de la Chine. Jʼai longé cette frontière sur une étendue dʼenviron deux cents milles allemands, depuis Kiakhta jusquʼaux mines de Nertchinsk. Jʼai nomadisé, pendant dix-huit mois au delà du lac Baïkal parmi les tribus mongoles et toungouses qui sont sous la domination russe et qui professent le Bouddhisme. Vous connaissez la défiance et la jalousie des Lamas pour ce qui concerne leur religion, et les difficultés quʼéprouvent les intrus pour se procurer le moindre petit traité; vous serez donc bien étonné dʼapprendre que jʼai été très heureux dans mes investigations. Mes faibles connaissances en tibétain ont beaucoup étonné nos Lamas mongols; elles mʼont procuré accès à leurs trésors religieux et littéraires. Ces bons et hospitaliers nomades [2] ont eu la bonhomie de me prendre pour une incarnation et mʼont, rendu des honneurs presque divins. Vous sentez bien que je nʼai rien fait pour les désabuser et que jʼai tâché de jouer mon rôle de mon mieux. Maintenant je suis déchu de ma grandeur, je suis redevenu ein Alltagsmensch; mais, toutefois, cette heureuse méprise mʼa valu une moisson littéraire qui surpasse tout ce que vous pouvez imaginer. Le nombre des divers ouvrages el traités que jʼai rapportés de la Mongolie nʼest pas moins de 2,000. Dans ce nombre se trouve le Gandjour, en cent gros volumes, qui, à lui seul, contient plus de mille traités. Je nʼai pas pu me procurer le commentaire du Gandjour, qui est connu sous le nom de Dandjour; il ne sʼen trouve quʼun seul exemplaire au delà du lac Baïkal. Cette dernière collection se compose de 224 gros volumes et contient environ 3,900 traités différents, dans le nombre desquels se trouve lʼAmara Cosha en tibétain. Pendant mon séjour au delà du Baïkal, jʼai fait, avec le secours de [3] mes bons Lamas, des index systématiques et alphabétiques de ces deux grandes collections. Les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de tous les traités quʼelles contiennent sont traduits du sanscrit, et chaque traité, grand ou petit, porte en tête le titre complet en cette langue. Il me faudrait un sanscritiste pour traduire tous ces titres; mes faibles connaissances en sanscrit ne vont pas assez loin pour oser entreprendre une pareille tâche. Il faudrait faire un voyage en Allemagne ou attendre lʼarrivée dʼun sanscritiste à Saint-Pétersbourg. La facilité des communications au moyen des bateaux à vapeur pourrait peut-être engager quelque amateur à venir.....
[1] [Extrait dʼune lettre adressée au professeur Schlegel, à Bonn, par M. le baron Paul Schilling de Canstadt , conseiller dʼÉtat, etc.]

Saint-Pétersbourg, 6 août 1834.
..... Il y a quatre ans que je suis parti pour un petit voyage par la Sibérie aux frontières de la Chine. Jʼai longé cette frontière sur une étendue dʼenviron deux cents milles allemands, depuis Kiakhta jusquʼaux mines de Nertchinsk. Jʼai nomadisé, pendant dix-huit mois au delà du lac Baïkal parmi les tribus mongoles et toungouses qui sont sous la domination russe et qui professent le Bouddhisme. Vous connaissez la défiance et la jalousie des Lamas pour ce qui concerne leur religion, et les difficultés quʼéprouvent les intrus pour se procurer le moindre petit traité; vous serez donc bien étonné dʼapprendre que jʼai été très heureux dans mes investigations. Mes faibles connaissances en tibétain ont beaucoup étonné nos Lamas mongols; elles mʼont procuré accès à leurs trésors religieux et littéraires. Ces bons et hospitaliers nomades [2] ont eu la bonhomie de me prendre pour une incarnation et mʼont, rendu des honneurs presque divins. Vous sentez bien que je nʼai rien fait pour les désabuser et que jʼai tâché de jouer mon rôle de mon mieux. Maintenant je suis déchu de ma grandeur, je suis redevenu ein Alltagsmensch; mais, toutefois, cette heureuse méprise mʼa valu une moisson littéraire qui surpasse tout ce que vous pouvez imaginer. Le nombre des divers ouvrages el traités que jʼai rapportés de la Mongolie nʼest pas moins de 2,000. Dans ce nombre se trouve le Gandjour, en cent gros volumes, qui, à lui seul, contient plus de mille traités. Je nʼai pas pu me procurer le commentaire du Gandjour, qui est connu sous le nom de Dandjour; il ne sʼen trouve quʼun seul exemplaire au delà du lac Baïkal. Cette dernière collection se compose de 224 gros volumes et contient environ 3,900 traités différents, dans le nombre desquels se trouve lʼAmara Cosha en tibétain. Pendant mon séjour au delà du Baïkal, jʼai fait, avec le secours de [3] mes bons Lamas, des index systématiques et alphabétiques de ces deux grandes collections. Les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de tous les traités quʼelles contiennent sont traduits du sanscrit, et chaque traité, grand ou petit, porte en tête le titre complet en cette langue. Il me faudrait un sanscritiste pour traduire tous ces titres; mes faibles connaissances en sanscrit ne vont pas assez loin pour oser entreprendre une pareille tâche. Il faudrait faire un voyage en Allemagne ou attendre lʼarrivée dʼun sanscritiste à Saint-Pétersbourg. La facilité des communications au moyen des bateaux à vapeur pourrait peut-être engager quelque amateur à venir.....
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