Je n’ai pas trouvé Hoch., ni Madame Récamier, qui est de retour de la campagne. On la disoit incommodée. Je les verrai sans doute l’un et l’autre avant mon départ. M. Fould m’a payé le mandat; il s’est beaucoup informé de votre santé.
Mon train de vie ici est assez uniforme: le matin quelques visites ou commissions nécessaires, ensuite des choses remarquables à voir, le musée, le salon, la bibliothèque, etc... Après cela pour le dîner nous avons une société fixe de cinq Allemands; après le dîner je vais au spectacle, après le spectacle je rentre chez moi. J’ai bien rempli mes devoirs envers le Théâtre françois, j’y ai été trois fois et j’ai eu le bonheur de voir Manlius. Il ne me manque plus à voir que Mlle Georges. Pour mon frère on ne sauroit dire que le tourbillon l’entraîne: je n’ai pu le persuader qu’une seule fois d’aller au spectacle. Dès que je serai parti il commencera à étudier des manuscrits et il continuera cela à la campagne, tout en tâchant à contribuer à l’agrément de notre petite société.
Ce matin j’ai été à la bibliothèque; deux Allemands y sont employés qui m’ont fait toutes les politesses imaginables, Chézy également et M. Langlès m’a reçu fort obligeamment. Si nous étions à Paris c’est là l’endroit où j’irois m’enfouir. Je n’aurois plus ce superbe loisir de Rouen, où il n’y a pas un seul livre à avoir.
Bonsoir, il est déjà bien tard; je garde soigneusement mon billet pour l’éclair du jeudi et je ne me coucherai pas de toute la nuit pour ne pas le manquer. Adieu, ma chère amie et protectrice, jusqu’au revoir. Bien des compliments à M. Constant et à la jeune famille.