• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Unknown · Date: [April/Mai 1811]
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: [April/Mai 1811]
  • Notations: Datum erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 286‒287.
  • Incipit: „J’ai un mal de tête affreux, je vous prie de me dispenser aujourd’hui de déjeuner.
    Quoique vous disiez de mon humeur, je [...]“
    Language
  • French
J’ai un mal de tête affreux, je vous prie de me dispenser aujourd’hui de déjeuner.
Quoique vous disiez de mon humeur, je sais pourtant que ce que je sens n’est autre chose que la profonde douleur de découvrir dans une aussi belle âme toujours des preuves nouvelles et plus fortes d’une légèreté qui détruit toute confiance en votre amitié. Qu’on a eu raison de dire que les hommes seuls en sonst capables! Quelle est la situation d’un homme dont toute la destinée se compose de cette prétendue amitié, qui occupe une place si subalterne dans votre âme que vous risquez d’y renoncer vous-même, en faveur du plus frivole nouvel engouement! Dans une époche où vous me trouviez infiniment coupable de former des projets pour moi et de ne pas suivre implicitement votre sort, vous avez pensé à passer votre vie avec un autre, à former un lien qui m’exileroit infailliblement de chez vous, après avoir consacré sept années de ma vie à une illusion. Non seulement vous avez eu cette pensée, mais vous l’avez avouée à celui qui en est l’objet [indigne] et vous lui avez, par là, donné des droits sur vous.
Je souhaite sincèrement que tous ces chagrins puissent abréger une vie dont je suis accablé. Tous les soirs enfermé dans ma chambre, je crois être dans un cachot devant la porte duquel se promènent des gens qui se moquent tout haut de ma situation.
J’ai un mal de tête affreux, je vous prie de me dispenser aujourd’hui de déjeuner.
Quoique vous disiez de mon humeur, je sais pourtant que ce que je sens n’est autre chose que la profonde douleur de découvrir dans une aussi belle âme toujours des preuves nouvelles et plus fortes d’une légèreté qui détruit toute confiance en votre amitié. Qu’on a eu raison de dire que les hommes seuls en sonst capables! Quelle est la situation d’un homme dont toute la destinée se compose de cette prétendue amitié, qui occupe une place si subalterne dans votre âme que vous risquez d’y renoncer vous-même, en faveur du plus frivole nouvel engouement! Dans une époche où vous me trouviez infiniment coupable de former des projets pour moi et de ne pas suivre implicitement votre sort, vous avez pensé à passer votre vie avec un autre, à former un lien qui m’exileroit infailliblement de chez vous, après avoir consacré sept années de ma vie à une illusion. Non seulement vous avez eu cette pensée, mais vous l’avez avouée à celui qui en est l’objet [indigne] et vous lui avez, par là, donné des droits sur vous.
Je souhaite sincèrement que tous ces chagrins puissent abréger une vie dont je suis accablé. Tous les soirs enfermé dans ma chambre, je crois être dans un cachot devant la porte duquel se promènent des gens qui se moquent tout haut de ma situation.
· Übersetzung , [April/Mai 1811]
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 218.
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