Jʼai appris dernièrement avec bien du regret, Monsieur, que Madame de Staël avait intercepté votre visite sur le chemin de Coppet. Le mauvais temps mʼa longtemps empèché dʼaller vous voir; mais, enfin, votre aimable invitation mʼassure ce plaisir pour mardi. Dans lʼespérance de causer avec vous, jʼai différé de répondre à votre lettre qui mʼa fait voir que si jʼavais eu lʼavantage de vous consulter à Florence, jʼaurais pu briller par un savoir emprunté. Pour éviter les longueurs, jʼai admis la supposition de mon adversaire, que ces chevaux sont venus de Rome à Constantinople, et je me suis borné à prouver quʼil ne sʼensuit pas ce quʼil en a voulu induire. Cette partie de la question sera sans doute traitée à fond par un Grec savant, M. Mustoxidi, historiographe des Sept îles, établi à Venise, qui, à ce que jʼai appris, va traiter le même sujet, de sorte que le pauvre président de lʼAcadémie de Venise sera battu de tous les côtés. Ma lettre vient dʼêtre insérée dans la Bibliothèque italienne.
Maintenant je suis occupé dʼun travail qui tient de près à mes recherches sur les Etrusques, et pour lequel jʼai bien besoin de vos secours. [2] Cʼest lʼexamen dʼun ouvrage important sur lʼhistoire romaine, par M. Niebuhr. Lʼauteur marche en général dans la direction de Beaufort, mais en attaquant la véracité des éloquents récits de Tite-Live, il dédommage ses lecteurs par de profondes recherches sur la constitution de la république romaine et sur les changements quʼelle a subis à différentes époques. Avant tout, je dois comparer ses résultats avec ceux de Beaufort, et compulser le texte original de Tite-Live et de Denys dʼHalicarnasse. Jʼy ajoute une note de quelques autres livres qui se trouvent sans doute dans votre bibliothèque ou dans celle de Genève, et que vous voudrez bien me fournir à fur et à mesure, avec votre bonté accoutumée.
Veuillez agréer, Monsieur, lʼassurance de mes sentiments les plus empressés,
SCHLEGEL
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