[1] Il y a bien long tems, cher ami, que je nʼai eu aucune nouvelle de vous de nulle part et pourtant jʼen ai toujours un grand besoin cela me semble bien singulier que nous soyons sans rapport ensemble. Jʼai passé deux mois dans ce chateau bien triste habité par une soeur bien douce et bien bonne qui à travers sa douleur fait tout ce quʼelle peut pour adoucir ce sejour à nous tous. Nous retournons à Broglie Ne viendrez vous donc jamais nous y voir? Ne vous montrerai-je [2] jamais tous ces enfans aux quels vous donneriez tant de mouvement et dʼentrain. Alphonse est a présent un grand beau jeune homme très bon enfant très honnête et qui réussit très bien dans tous les exercices du corps et est pleine de courage et dʼadresse. Mon petit garcon annonce une intelligence remarquable et mes petites filles sont fort aimables. Il est vrai que cet automne mon mari sera souvent absent cʼest ce qui fait que vous vous plairiez mieux à un autre [3] moment mais il ne faut pas que vous laissiez sʼecouler le tems sans venir nous voir cʼest un vrai devoir dʼamitié. Repondez moi à Broglie où je serai dans peu de tems. Ce sejour me fait penser à vous bien tendrement, votre portrail est dans le sallon, votre buste dans la salle à manger, et votre souvenir y est partout. Adieu bien cher ami mille tendres inaltérables amitiés.
ce 8 Juillet. Staël de Broglie.
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