[1] Cher ami, vous serez bien aise d’apprendre que ma fille est heureusement accouchée d’un fils après de bien longues douleurs. Elle se porte très bien et son enfant aussi, elle est heureuse mere et heureuse femme. Son mari est excellent pour elle, J’ai donc bien des graces à rendre à Dieu. J’ai tout de suite pensé à vous et à l’interet que vous prendriez à cette nouvelle. Me voilà grandmère, cela revele bien le passé et il me semble que cela m’avance beaucoup vers un autre avenir. que Dieu m’accorde d’entendre cet avertissement et d’y préparer mon ame. Voilà Albert [2] et Paul qui sont devenus des respectueux oncles. Albert est rentre au college en très bonne santé et fort entrain de son travail. Aussitot que Louise sera tout à fait remise j’irai passer deux jours mois à Broglie, pour éviter de rentrer trop tôt dans les tracas politiques. On est ici uniquement occupé des elections dont on espère un heureux résultat. J’ai eu de vos nouvelles par Mr Ganz j’aimerois bien en avoir par vous même. On a traduit en francois les Nibelungen, je les lis tout haut à Louise, cela me rappelle beaucoup [3] votre conversation, et nos anciens jours. Adieu, cher ami, votre pensée m’est toujours presente, je prie bien Dieu de vous benir de vous donner tout ce qui est necessair[e] pour la vie présente et avenir, [ne] m’oubliez pas non plus mille tendresses dévouées.
Staël de Broglie
ce 19 octobre.
[4] Monsieur
A. de Schlegel
Chevalier de plusieurs ordres.
à Bonn
Province Prussienne du Rhin