• August Wilhelm von Schlegel to Graves Haughton

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Unknown · Date: 06.02.1832
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
  • XML
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Graves Haughton
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 06.02.1832
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 366542141
  • Bibliography: Œuvres de M. Auguste-Guillaume de Schlegel écrites en français. Hg. v. Eduard Böcking. Bd. 3. Leipzig 1846, S. 274‒275.
  • Incipit: „Paris, 6 Fév. 1832. Rue de Lille, 78.
    My dear Sir,
    Permettez-moi de vous annoncer ma prochaine arrivée à Londres, où je compte [...]“
Paris, 6 Fév. 1832. Rue de Lille, 78.
My dear Sir,
Permettez-moi de vous annoncer ma prochaine arrivée à Londres, où je compte être rendu dans quinze jours environ. Je me réjouis d’avance de renouveler nos entretiens de Paris et de Haileybury, toujours si instructifs pour moi, et je vous prie de vouloir bien m’accorder vos communications savantes aussi libéralement qu’autrefois.
Vous aurez sans doute reçu mon Râmâyana et mon Hitôpadêsa; ce n’était qu’un rendu, et je suis encore votre débiteur. J’aurais dû parler en détail de vos ouvrages, et je n’en ai jamais eu le loisir. J’ai cependant dit quelques mots sur votre Grammaire bengalique dans ma Bibliothèque lndienne, Vol. II, p. 23. Elle est rédigée d’une méthode lumineuse, et j’y ai trouvé de quoi compléter mes connaissances du sanscrit. J’ai examiné bien des fois votre excellente édition de la Loi de Manou. Vous avez fait preuve d’une critique judicieuse dans vos notes, tant sur les variantes que sur la traduction de sir W. Jones, et le texte est imprimé très-exactement. Voilà ce qu’il faut pour faire prospérer la philologie indianiste, et voilà précisément ce qui manque aux éditions de Calcutta, autant que j’ai pu les examiner. Vous et moi, monsieur, nous travaillons en Europe loin des secours des Pandits, et nous pouvons dire hardiment Propria rate pellimus undas.
J’ai parlé de vous dans une lettre encore inédite sur l’étude des langues asiatiques. Elle est adressée à sir James Mackintosh, à qui j’ai envoyé le manuscrit. Je voudrais le faire imprimer pendant mon séjour à Londres: je pense qu’il contient des vérités utiles à dire.
Si j’y étais encouragé, je pourrais bien me résoudre à donner sur la législation, la religion et la littérature de l’Inde ancienne, un cours de dix à douze séances en langue française, destiné au public éclairé et aux personnes de la société qui désireraient se former une idée juste de l’antique civilisation et de la culture intellectuelle d’une nation qui, en grande partie, obéit aujourd’hui au sceptre britannique.
Notre ami commun, le professeur Rosen, me mande à ma grande satisfaction que vous vous êtes mis sur les rangs pour la chaire de langue sanscrite à Oxford. A part les deux illustres vétérans MM. Colebrooke et Wilkins, je ne connais personne parmi vos compatriotes qui puisse la remplir plus dignement que vous. Cette chaire va devenir d’une haute importance. L’instruction à Haileybury n’était accessible qu’aux jeunes Anglais qui se vouaient à une carrière administrative dans l’Inde. Pour propager efficacement la religion chrétienne, il faut des missionnaires versés dans la théologie, la philosophie et la morale des brahmanes. Ils doivent s’adresser aux hommes éclairés et savants du pays leur faire honte des superstitions grossières où l’imposture a plongé la masse du peuple, et leur prouver que leurs anciens sages ont enseigné une doctrine bien plus pure, qu’ils ont eu même des lueurs de ces vérités sublimes que le christianisme a fait reconnaître généralement en Europe.
Veuillez agréer, monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée:
Votre très-humble et très-obéissant serviteur
A. W. de Schlegel.
Paris, 6 Fév. 1832. Rue de Lille, 78.
My dear Sir,
Permettez-moi de vous annoncer ma prochaine arrivée à Londres, où je compte être rendu dans quinze jours environ. Je me réjouis d’avance de renouveler nos entretiens de Paris et de Haileybury, toujours si instructifs pour moi, et je vous prie de vouloir bien m’accorder vos communications savantes aussi libéralement qu’autrefois.
Vous aurez sans doute reçu mon Râmâyana et mon Hitôpadêsa; ce n’était qu’un rendu, et je suis encore votre débiteur. J’aurais dû parler en détail de vos ouvrages, et je n’en ai jamais eu le loisir. J’ai cependant dit quelques mots sur votre Grammaire bengalique dans ma Bibliothèque lndienne, Vol. II, p. 23. Elle est rédigée d’une méthode lumineuse, et j’y ai trouvé de quoi compléter mes connaissances du sanscrit. J’ai examiné bien des fois votre excellente édition de la Loi de Manou. Vous avez fait preuve d’une critique judicieuse dans vos notes, tant sur les variantes que sur la traduction de sir W. Jones, et le texte est imprimé très-exactement. Voilà ce qu’il faut pour faire prospérer la philologie indianiste, et voilà précisément ce qui manque aux éditions de Calcutta, autant que j’ai pu les examiner. Vous et moi, monsieur, nous travaillons en Europe loin des secours des Pandits, et nous pouvons dire hardiment Propria rate pellimus undas.
J’ai parlé de vous dans une lettre encore inédite sur l’étude des langues asiatiques. Elle est adressée à sir James Mackintosh, à qui j’ai envoyé le manuscrit. Je voudrais le faire imprimer pendant mon séjour à Londres: je pense qu’il contient des vérités utiles à dire.
Si j’y étais encouragé, je pourrais bien me résoudre à donner sur la législation, la religion et la littérature de l’Inde ancienne, un cours de dix à douze séances en langue française, destiné au public éclairé et aux personnes de la société qui désireraient se former une idée juste de l’antique civilisation et de la culture intellectuelle d’une nation qui, en grande partie, obéit aujourd’hui au sceptre britannique.
Notre ami commun, le professeur Rosen, me mande à ma grande satisfaction que vous vous êtes mis sur les rangs pour la chaire de langue sanscrite à Oxford. A part les deux illustres vétérans MM. Colebrooke et Wilkins, je ne connais personne parmi vos compatriotes qui puisse la remplir plus dignement que vous. Cette chaire va devenir d’une haute importance. L’instruction à Haileybury n’était accessible qu’aux jeunes Anglais qui se vouaient à une carrière administrative dans l’Inde. Pour propager efficacement la religion chrétienne, il faut des missionnaires versés dans la théologie, la philosophie et la morale des brahmanes. Ils doivent s’adresser aux hommes éclairés et savants du pays leur faire honte des superstitions grossières où l’imposture a plongé la masse du peuple, et leur prouver que leurs anciens sages ont enseigné une doctrine bien plus pure, qu’ils ont eu même des lueurs de ces vérités sublimes que le christianisme a fait reconnaître généralement en Europe.
Veuillez agréer, monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée:
Votre très-humble et très-obéissant serviteur
A. W. de Schlegel.
×
×