• Anne Louise Germaine de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: London · Place of Destination: Unknown · Date: 02.07.1813
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
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    Metadata Concerning Header
  • Sender: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: London
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 02.07.1813
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 363310770
  • Bibliography: Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister. Hg. v. Paul Usteri, Eugène Ritter. Paris 1903, S. 261‒262.
  • Incipit: „[1] Londres, ce 2 juillet [1813].
    Je vous fais réparation, cher ami, vos excellentes lettres le méritent; mais si je vous ai [...]“
    Manuscript
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.5
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 18,2 x 11,3 cm
[1] Londres, ce 2 juillet [1813].
Je vous fais réparation, cher ami, vos excellentes lettres le méritent; mais si je vous ai grondé, je ne m’en suis pas moins occupée de vous. J’ai écrit l’article qui vous concerne, et que vous verrez dans l’Ambigu; et l’autre jour, le duc de Cambridge m’a dit qu’il vous avait vu jadis à Gœttingue, et qu’il faisait le plus grand cas de vous. Votre brochure a eu le plus grand succès, et je me flatte de vous avoir ici une pension: c’est le premier pas; vous aurez une place peut-être après; mais l’important serait que vous fussiez indépendant; car je ne crois pas qu’à la longue le pays vous plaise, et ce que je souhaite, c’est que nous allions [2] en Grèce ensemble. On m’a reçue comme une princesse; mais c’est une telle foule, une telle quantité de femmes, une si grande monotonie de société, que cela m’étourdit plus que cela ne m’amuse. Les Anglais qui n’ont pas voyagé sont de peu de ressource, et ceux-là sont de l’âge d’Albertine. Enfin je suis triste et découragée, et j’ai plus que jamais besoin de vous. Ce qui est étonnant, c’est que tout le monde vous dira que je suis reçue à ravir, et que cependant cela ne me fait que l’impression d’un océan de visages, dans lequel tout se ressemble. Il n’y en a pas moins ici la plus grande appréciation du mérite, et [3] vous serez accueilli à merveille.
Quand vous le voudrez, je ferai des démarches pour votre pension; j’étais d’avis d’attendre pour cela que mon livre eût paru; je l’ai vendu 1500 louis. Ce que vous écririez en français ici aurait beaucoup de débit. Mon livre fera parler de vous, et c’est pour cela qu’à la suite de ce bruit, je voudrais demander une pension de 300 louis: mandez-moi votre avis à cet égard; mandez-moi aussi comment je puis vous envoyer le crédit des 200 louis. Il s’agit uniquement de tirer sur Dumolin à Lausanne: rien ne doit être plus facile.
Chargez-vous de cette lettre pour Albert, et dites-lui bien [4]que je suis décidée à ne me mêler de ses affaires qu’au service de Suède, et d’après le contentement du Prince royal. Il croit que la bravoure est une chose plus rare qu’elle ne l’est.
On ignore ici les nouvelles du dehors, comme dans un couvent. Le Prince-régent, la reine, la duchesse d’York, ont été très bien pour moi; je n’ai pas encore osé voir la princesse de Galles. Que je voudrais causer avec vous tous les jours! qu’il y a loin de vous à tout le monde! Je ne puis me passer de votre entretien: il me semble que je n’ai plus d’idée, depuis que nous sommes séparés. Mes enfants vous écriront; n’oubliez pas que nous sommes votre famille. Adieu.
Écrivez-moi sous l’adresse de Rehausen.
[1] Londres, ce 2 juillet [1813].
Je vous fais réparation, cher ami, vos excellentes lettres le méritent; mais si je vous ai grondé, je ne m’en suis pas moins occupée de vous. J’ai écrit l’article qui vous concerne, et que vous verrez dans l’Ambigu; et l’autre jour, le duc de Cambridge m’a dit qu’il vous avait vu jadis à Gœttingue, et qu’il faisait le plus grand cas de vous. Votre brochure a eu le plus grand succès, et je me flatte de vous avoir ici une pension: c’est le premier pas; vous aurez une place peut-être après; mais l’important serait que vous fussiez indépendant; car je ne crois pas qu’à la longue le pays vous plaise, et ce que je souhaite, c’est que nous allions [2] en Grèce ensemble. On m’a reçue comme une princesse; mais c’est une telle foule, une telle quantité de femmes, une si grande monotonie de société, que cela m’étourdit plus que cela ne m’amuse. Les Anglais qui n’ont pas voyagé sont de peu de ressource, et ceux-là sont de l’âge d’Albertine. Enfin je suis triste et découragée, et j’ai plus que jamais besoin de vous. Ce qui est étonnant, c’est que tout le monde vous dira que je suis reçue à ravir, et que cependant cela ne me fait que l’impression d’un océan de visages, dans lequel tout se ressemble. Il n’y en a pas moins ici la plus grande appréciation du mérite, et [3] vous serez accueilli à merveille.
Quand vous le voudrez, je ferai des démarches pour votre pension; j’étais d’avis d’attendre pour cela que mon livre eût paru; je l’ai vendu 1500 louis. Ce que vous écririez en français ici aurait beaucoup de débit. Mon livre fera parler de vous, et c’est pour cela qu’à la suite de ce bruit, je voudrais demander une pension de 300 louis: mandez-moi votre avis à cet égard; mandez-moi aussi comment je puis vous envoyer le crédit des 200 louis. Il s’agit uniquement de tirer sur Dumolin à Lausanne: rien ne doit être plus facile.
Chargez-vous de cette lettre pour Albert, et dites-lui bien [4]que je suis décidée à ne me mêler de ses affaires qu’au service de Suède, et d’après le contentement du Prince royal. Il croit que la bravoure est une chose plus rare qu’elle ne l’est.
On ignore ici les nouvelles du dehors, comme dans un couvent. Le Prince-régent, la reine, la duchesse d’York, ont été très bien pour moi; je n’ai pas encore osé voir la princesse de Galles. Que je voudrais causer avec vous tous les jours! qu’il y a loin de vous à tout le monde! Je ne puis me passer de votre entretien: il me semble que je n’ai plus d’idée, depuis que nous sommes séparés. Mes enfants vous écriront; n’oubliez pas que nous sommes votre famille. Adieu.
Écrivez-moi sous l’adresse de Rehausen.
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