Mon cher Auguste, jʼai fait votre commission exactement comme vous lʼavez désiré, cʼest à dire tête à tête. Il mʼa fallu attendre lʼoccasion de cela, car dʼordinaire quand jʼentre chez le Prince pour travailler il y a du monde, et il est entouré toute la journée. Je suis faché de devoir vous dire que je nʼai aucunement réussi. Il ne mʼa rien dit dʼencourageant pour votre idée, au contraire il mʼa donné une foule de raisons pour vous en detourner. Il mʼa dit que vous vous figuriez la vie du quartier-général autrement quʼelle nʼétait – que vous ne pourriez pas y être dʼune maniere agréable, que vous y seriez mal à votre aise, que vous vous y morfondriez. Voilà son expression. Que pour lui, souvent on ne le voyait pas pendant 10 jours – quʼil était forcé de se rendre inaccessible pour tout ce qui nʼest pas de stricte necessité. Cela nʼest que trop vrai, et jʼen fais souvent moi même lʼexpérience. Du reste je crois bien que les mêmes raisons pour lesquelles vous avez désiré que jʼen parlasse à lui seul, entrent pour beaucoup dans ce quʼil mʼa dit à cet égard. – Il a ajouté ensuite, que pour lʼAmerique vous étiez absolument le maître de faire ce qui vous conviendrait le plus – que vous pouviez différer ce voyage tant que vous voudriez; même si vous aviez changé dʼavis et que vous aimassiez mieux renoncer à cette destination, il tacherait de vous arranger une autre place – que peut-être vous pourriez entrer au Cabinet puisquʼil nʼy avait pas trop de travailleurs. Voilà lʼessence de son discours – je vous écris à la hâte pour ne pas manquer cette occasion. Nous sommes en grand mouvement – nos succès en sont la cause, et nous pouvons en espérer encore de plus décisifs. Bientôt je pense, nous aurons nos quartiers dʼhyver à Francfort Sur le Mein. – Jʼai fait votre commission avec tout le zêle imaginable, mais je prévoyais cette réponse. Adieu, je vous écrirai incessamment tout au long. Mille choses à votre mere et à votre sœur. Jʼai beaucoup écrit et le ferai encore, mais cela est necessairement inégal selon les temps.
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August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein
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Place of Dispatch: Dessau GND · Place of Destination: London GND · Date: 05.10.1813
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Metadata Concerning Header
- Sender: August Wilhelm von Schlegel
- Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
- Place of Dispatch: Dessau GND
- Place of Destination: London GND
- Date: 05.10.1813
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Printed Text
- Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
- OAI Id: 335973167
- Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 272.
- Incipit: „Dessau ce 5 Oct. 1813
Mon cher Auguste, jʼai fait votre commission exactement comme vous lʼavez désiré, cʼest à dire tête à [...]“
Dessau ce 5 Oct. 1813
Mon cher Auguste, jʼai fait votre commission exactement comme vous lʼavez désiré, cʼest à dire tête à tête. Il mʼa fallu attendre lʼoccasion de cela, car dʼordinaire quand jʼentre chez le Prince pour travailler il y a du monde, et il est entouré toute la journée. Je suis faché de devoir vous dire que je nʼai aucunement réussi. Il ne mʼa rien dit dʼencourageant pour votre idée, au contraire il mʼa donné une foule de raisons pour vous en detourner. Il mʼa dit que vous vous figuriez la vie du quartier-général autrement quʼelle nʼétait – que vous ne pourriez pas y être dʼune maniere agréable, que vous y seriez mal à votre aise, que vous vous y morfondriez. Voilà son expression. Que pour lui, souvent on ne le voyait pas pendant 10 jours – quʼil était forcé de se rendre inaccessible pour tout ce qui nʼest pas de stricte necessité. Cela nʼest que trop vrai, et jʼen fais souvent moi même lʼexpérience. Du reste je crois bien que les mêmes raisons pour lesquelles vous avez désiré que jʼen parlasse à lui seul, entrent pour beaucoup dans ce quʼil mʼa dit à cet égard. – Il a ajouté ensuite, que pour lʼAmerique vous étiez absolument le maître de faire ce qui vous conviendrait le plus – que vous pouviez différer ce voyage tant que vous voudriez; même si vous aviez changé dʼavis et que vous aimassiez mieux renoncer à cette destination, il tacherait de vous arranger une autre place – que peut-être vous pourriez entrer au Cabinet puisquʼil nʼy avait pas trop de travailleurs. Voilà lʼessence de son discours – je vous écris à la hâte pour ne pas manquer cette occasion. Nous sommes en grand mouvement – nos succès en sont la cause, et nous pouvons en espérer encore de plus décisifs. Bientôt je pense, nous aurons nos quartiers dʼhyver à Francfort Sur le Mein. – Jʼai fait votre commission avec tout le zêle imaginable, mais je prévoyais cette réponse. Adieu, je vous écrirai incessamment tout au long. Mille choses à votre mere et à votre sœur. Jʼai beaucoup écrit et le ferai encore, mais cela est necessairement inégal selon les temps.
Mon cher Auguste, jʼai fait votre commission exactement comme vous lʼavez désiré, cʼest à dire tête à tête. Il mʼa fallu attendre lʼoccasion de cela, car dʼordinaire quand jʼentre chez le Prince pour travailler il y a du monde, et il est entouré toute la journée. Je suis faché de devoir vous dire que je nʼai aucunement réussi. Il ne mʼa rien dit dʼencourageant pour votre idée, au contraire il mʼa donné une foule de raisons pour vous en detourner. Il mʼa dit que vous vous figuriez la vie du quartier-général autrement quʼelle nʼétait – que vous ne pourriez pas y être dʼune maniere agréable, que vous y seriez mal à votre aise, que vous vous y morfondriez. Voilà son expression. Que pour lui, souvent on ne le voyait pas pendant 10 jours – quʼil était forcé de se rendre inaccessible pour tout ce qui nʼest pas de stricte necessité. Cela nʼest que trop vrai, et jʼen fais souvent moi même lʼexpérience. Du reste je crois bien que les mêmes raisons pour lesquelles vous avez désiré que jʼen parlasse à lui seul, entrent pour beaucoup dans ce quʼil mʼa dit à cet égard. – Il a ajouté ensuite, que pour lʼAmerique vous étiez absolument le maître de faire ce qui vous conviendrait le plus – que vous pouviez différer ce voyage tant que vous voudriez; même si vous aviez changé dʼavis et que vous aimassiez mieux renoncer à cette destination, il tacherait de vous arranger une autre place – que peut-être vous pourriez entrer au Cabinet puisquʼil nʼy avait pas trop de travailleurs. Voilà lʼessence de son discours – je vous écris à la hâte pour ne pas manquer cette occasion. Nous sommes en grand mouvement – nos succès en sont la cause, et nous pouvons en espérer encore de plus décisifs. Bientôt je pense, nous aurons nos quartiers dʼhyver à Francfort Sur le Mein. – Jʼai fait votre commission avec tout le zêle imaginable, mais je prévoyais cette réponse. Adieu, je vous écrirai incessamment tout au long. Mille choses à votre mere et à votre sœur. Jʼai beaucoup écrit et le ferai encore, mais cela est necessairement inégal selon les temps.
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