• August Wilhelm von Schlegel to Guillaume Favre

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Genf · Date: 07.08.1816
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
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    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Guillaume Favre
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Genf
  • Date: 07.08.1816
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Adert, Jules: Mélanges dʼhistoire littéraire par Guillaume Favre. Avec des lettres inédites dʼAuguste-Guillaume Schlegel et dʼAngelo Mai. Bd. 1. Genf 1856, S. XCV‒XCVI.
  • Incipit: „Coppet, ce 7 août 1816.
    Jʼai lu votre extrait, Monsieur, avec le plus grand plaisir, et je serai enchanté de le voir [...]“
    Manuscript
  • Provider: Bibliothèque de Genève
  • Classification Number: Ms. suppl. 968, f. 51r-52v
  • Number of Pages: 2 S., hs. m. U.
Coppet, ce 7 août 1816.
Jʼai lu votre extrait, Monsieur, avec le plus grand plaisir, et je serai enchanté de le voir publié en entier. Je vous suis très-reconnaissant des éloges que vous donnez à mon petit essai; je vous prie seulement dʼajouter un mot sur ma priorité. Comme vous nommez M. Muxtoxidi le premier, on pourrait prendre le change là-dessus.
Je souhaite seulement que les éditeurs de la Bibliothèque Universelle ne trouvent pas votre érudition un peu trop imposante pour leur public, surtout le grec, qui est de lʼhébreu pour presque tout le monde.
Il me semble que dans le texte de Pausanias, que vous citez page 8, il doit y avoir une omission; je ne vois pas à quoi peut se lier le féminin ἀυτή.
Le quadrige de Chios ne courrait aucun risque des déprédations de Verrès. Il ne volait que des objets propres à orner sa maison ou à être vendus avec avantage, surtout des vases dʼargent avec des bas-reliefs. Il ne paraît pas même avoir enlevé des statues au-dessus de grandeur naturelle. «His pulchritudo periculo, amplitudo saluti fuit,» dit Cicéron de quelques statues.
Je vous remercie bien de vos livres; ceux de Beaufort sont très-bons, excepté quʼil donne la déplorable hypothèse celtique. On peut aller plus loin aujourdʼhui; on peut écrire sur la certitude de lʼancienne histoire de Rome en sens inverse des opinions généralement admises. Notre Niebuhr lʼa fait sur plusieurs point, et je compte le faire sur dʼautres. Je voudrais bien causer sur tout cela avec vous, et je profiterai de la première occasion pour le faire. En attendant, permettez-moi de vous proposer quelques questions.
1° Connaissez-vous quelque écrit moderne sur les ruines de Véies? Pouvait-on voir cette ville des hauteurs de Rome? La distance nʼétait que de 100 stades; mais il sʼagit de savoir sʼil nʼy avait pas des collines entre deux qui lʼempèchaient. Il me semble quʼà Rome on mʼa montré la montagne où Véies doit avoir été situé; je nʼen suis pourtant pas sûr.
2° Où se trouve un fragment de lʼempereur Claude, dans lequel il dit que Servius-Tullius était un Étrusque appelé Mastarna?
3° M. Niebuhr admet que les Romains avaient des poésies nationales épiques; que plusieurs récits de leur ancienne histoire y sont puisés, et par conséquent ont une certaine base traditionelle. Je ne le pense pas; jʼy vois pour la plupart des inventions grecques; par exemple, lʼexposition de Romulus est imitée de celle de Cyrus; la prise de Gabies est composée de celle de Babylone, et du conseil que Thrasybule donna à Périandre, etc. Sans doute, les Romains ont anciennement chanté leurs héros, mais je crois que ces chants nʼétaient que des morceaux lyriques très-courts, et qui ne fournissaient pas matière à un récit détaillé. Le passage dʼEnnius:
Scripsere alii rem.
Versibuʼ qos olim Fauni vatesque canebant
se rapporte à Nævius, qui était déjà un imitateur des Grecs. Connaissez-vous des témoignages sur les anciens Vates, sur les vers saturniens, etc. qui puissent porter à croire que les Romains, avant leur époque littéraire, ont eu des poésies épiques transmises par la tradition orale?
Mais en voilà bien assez pour aujourdʼhui.
Au plaisir de vous revoir. Tout à vous,
SCHLEGEL.
Je prends la liberté de vous envoyer ci-joint la traduction italienne de ma brochure.
Coppet, ce 7 août 1816.
Jʼai lu votre extrait, Monsieur, avec le plus grand plaisir, et je serai enchanté de le voir publié en entier. Je vous suis très-reconnaissant des éloges que vous donnez à mon petit essai; je vous prie seulement dʼajouter un mot sur ma priorité. Comme vous nommez M. Muxtoxidi le premier, on pourrait prendre le change là-dessus.
Je souhaite seulement que les éditeurs de la Bibliothèque Universelle ne trouvent pas votre érudition un peu trop imposante pour leur public, surtout le grec, qui est de lʼhébreu pour presque tout le monde.
Il me semble que dans le texte de Pausanias, que vous citez page 8, il doit y avoir une omission; je ne vois pas à quoi peut se lier le féminin ἀυτή.
Le quadrige de Chios ne courrait aucun risque des déprédations de Verrès. Il ne volait que des objets propres à orner sa maison ou à être vendus avec avantage, surtout des vases dʼargent avec des bas-reliefs. Il ne paraît pas même avoir enlevé des statues au-dessus de grandeur naturelle. «His pulchritudo periculo, amplitudo saluti fuit,» dit Cicéron de quelques statues.
Je vous remercie bien de vos livres; ceux de Beaufort sont très-bons, excepté quʼil donne la déplorable hypothèse celtique. On peut aller plus loin aujourdʼhui; on peut écrire sur la certitude de lʼancienne histoire de Rome en sens inverse des opinions généralement admises. Notre Niebuhr lʼa fait sur plusieurs point, et je compte le faire sur dʼautres. Je voudrais bien causer sur tout cela avec vous, et je profiterai de la première occasion pour le faire. En attendant, permettez-moi de vous proposer quelques questions.
1° Connaissez-vous quelque écrit moderne sur les ruines de Véies? Pouvait-on voir cette ville des hauteurs de Rome? La distance nʼétait que de 100 stades; mais il sʼagit de savoir sʼil nʼy avait pas des collines entre deux qui lʼempèchaient. Il me semble quʼà Rome on mʼa montré la montagne où Véies doit avoir été situé; je nʼen suis pourtant pas sûr.
2° Où se trouve un fragment de lʼempereur Claude, dans lequel il dit que Servius-Tullius était un Étrusque appelé Mastarna?
3° M. Niebuhr admet que les Romains avaient des poésies nationales épiques; que plusieurs récits de leur ancienne histoire y sont puisés, et par conséquent ont une certaine base traditionelle. Je ne le pense pas; jʼy vois pour la plupart des inventions grecques; par exemple, lʼexposition de Romulus est imitée de celle de Cyrus; la prise de Gabies est composée de celle de Babylone, et du conseil que Thrasybule donna à Périandre, etc. Sans doute, les Romains ont anciennement chanté leurs héros, mais je crois que ces chants nʼétaient que des morceaux lyriques très-courts, et qui ne fournissaient pas matière à un récit détaillé. Le passage dʼEnnius:
Scripsere alii rem.
Versibuʼ qos olim Fauni vatesque canebant
se rapporte à Nævius, qui était déjà un imitateur des Grecs. Connaissez-vous des témoignages sur les anciens Vates, sur les vers saturniens, etc. qui puissent porter à croire que les Romains, avant leur époque littéraire, ont eu des poésies épiques transmises par la tradition orale?
Mais en voilà bien assez pour aujourdʼhui.
Au plaisir de vous revoir. Tout à vous,
SCHLEGEL.
Je prends la liberté de vous envoyer ci-joint la traduction italienne de ma brochure.
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