• August Wilhelm von Schlegel to Guillaume Favre

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Genf · Date: 23.01.1817
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
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    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Guillaume Favre
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Genf
  • Date: 23.01.1817
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Adert, Jules: Mélanges dʼhistoire littéraire par Guillaume Favre. Avec des lettres inédites dʼAuguste-Guillaume Schlegel et dʼAngelo Mai. Bd. 1. Genf 1856, S. XCVIII‒C.
  • Incipit: „Paris, 23 janvier 1817.
    Votre lettre, Monsieur, mʼa causé un plaisir très-vif, en mʼapprenant que vous étiez heureusement arrivés à Florence, et [...]“
    Manuscript
  • Provider: Bibliothèque de Genève
  • Classification Number: Ms. suppl. 968, f. 59r-60v
  • Number of Pages: 2 S., hs. m. U.
Paris, 23 janvier 1817.
Votre lettre, Monsieur, mʼa causé un plaisir très-vif, en mʼapprenant que vous étiez heureusement arrivés à Florence, et en me prouvant le souvenir dʼamitié que vous me conservez au milieu de la belle Italie. Vous vous plaignez des rigueurs du climat de Florence; je ne mʼen étonne pas, je les ai éprouvées moi-même. Mais jʼespère que la douceur de lʼhiver vous aura permis de bien jouir de Rome, et que Madame Favre en aura éprouvé des effets salutaires.
Je suis charmé de voir que vous avez été content de mes adresses. Lʼabbé Zannoni mʼa écrit de son côté pour me remercier de lui avoir procuré votre connaissance. Ce que vous me dites sur Inghirami est parfaitement juste. Les savants italiens ont en général le tact de lʼantiquité classique; ce qui leur manque, cʼest la communication des idées ultramontaines. Avec leur horizon borné, ils sont sujets à se perdre dans les détails sans arriver aux grands résultats.
Si mon article sur la Niobé soutient la vue de lʼoriginal, il ne doit pas être trop mauvais. Vous avez raison; jʼai confondu le bras droit et le bras gauche de la statue en question, et, dʼaprès votre observation, jʼai corrigé cette erreur dans les exemplaires que je distribue ici. Je nʼai pas encore revu Visconti, depuis que je lui ai communiqué cette bagatelle.
Vous voyez sans doute M. Akerblad; dites-lui bien des choses de ma part, et exhortez-le à faire un grand ouvrage de paléographie. Personne ne pourrait mieux traiter que lui lʼhistoire de lʼécriture alphabétique. Vous mʼobligerez beaucoup si vous vouliez le consulter en mon nom sur lʼalphabet étrusque, sʼil pense que les Étrusques lʼont reçu immédiatement des Phéniciens ou par lʼintermédiaire des Grecs. De grâce, apportez-moi au printemps une petite note là-dessus. Vous voyez, je ne sais vous écrire sans vouloir tirer parti de votre indulgence pour mes lubies érudites.
Au reste, mes Étrusques sont entièrement suspendus ici. Je ne rève que science brahmanique, et quoiquʼil soit difficile de se soustraire tout à fait au tourbillon de la société, le plus que je peux, je me retire de bonne heure, et je suis à cinq heures du matin dans mes études sanscritanes. M. Chezy me prête ses secours; M. Langlès ses livres et ses connaissances littéraires sur lʼInde. Le difficile est de se procurer tous les livres dont on aurait besoin pour avancer, mais jʼai formé aussi des liaisons pour cela en Angleterre. Enfin, vous me reverrez tout transformé en Pandit. Je souhaite bien savoir ce qui existe à Rome en fait de manuscrits sancritans, soit à la Propagande, soit au Vatican, et surtout en quels caractères ils sont écrits. Je me suis borné jusquʼici au seul Deva-Nagari; le Bengali, le Talinga, tout cela cʼest la mer à boire.
M. Niebuhr doit être à Rome; nous ne nous sommes jamais vus; il ne peut me connaître que par la critique de son ouvrage, et ce nʼest peut-être pas la meilleure manière de débuter. Cependant, si mon article lui est parvenu, il aura trouvé, jʼespère, que je lui ai rendu justice, quoique étant dʼun avis opposé sur plusieurs points.
Si vous rencontrez M. et Mme Thomas Hope, je vous prie de me rappeler à leur souvenir, et de leur dire combien je regrette les soirées que je passais chez eux, il y a deux ans.
Mme de Staël me charge de ses compliments pour vous et Mme Favre. Elle a été constamment souffrante cet hiver, et dʼautant plus que cela ne lʼa pas empêchée de voir beaucoup de monde. Je me flatte que le printemps et la vie de campagne conviendront mieux à sa santé. Mme de Broglie est fort avancée dans sa grossesse, mais du reste parfaitement bien portante. Nous comptons être de retour à Coppet de bonne heure. Jʼespère vous voir souvent pendant lʼété; votre course en Italie et mon séjour à Paris nous fourniront des sujets dʼentretiens agréables outre ceux que nous avions.
Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien présenter mes respectueux hommages à Madame Favre, et de croire à mon sincère attachement et à lʼintérêt que je prends à tout ce qui vous concerne. Mille amitiés.
Tout à vous,
A.-W. SCHLEGEL.
Jʼimagine que vous ferez un envoie de livres de Rome pour votre bibliothèque. Dans cette supposition, vous me feriez un grand plaisir en achetant pour moi et en mettant dans votre paquet le Vyacarana de P. Paulin de St-Barthélemy. Pour ses autres livres sur la langue sanscrite, il ne vaut plus la peine de se les procurer, parce que tout cela a été mieux fait depuis. Jʼaimerais bien aussi avoir les 33 et 34mes livraisons de la Galerie de Florence, publiée chez Molini. Zannoni mʼen parle dans sa lettre.
(Rue Royale, n°6.)
Paris, 23 janvier 1817.
Votre lettre, Monsieur, mʼa causé un plaisir très-vif, en mʼapprenant que vous étiez heureusement arrivés à Florence, et en me prouvant le souvenir dʼamitié que vous me conservez au milieu de la belle Italie. Vous vous plaignez des rigueurs du climat de Florence; je ne mʼen étonne pas, je les ai éprouvées moi-même. Mais jʼespère que la douceur de lʼhiver vous aura permis de bien jouir de Rome, et que Madame Favre en aura éprouvé des effets salutaires.
Je suis charmé de voir que vous avez été content de mes adresses. Lʼabbé Zannoni mʼa écrit de son côté pour me remercier de lui avoir procuré votre connaissance. Ce que vous me dites sur Inghirami est parfaitement juste. Les savants italiens ont en général le tact de lʼantiquité classique; ce qui leur manque, cʼest la communication des idées ultramontaines. Avec leur horizon borné, ils sont sujets à se perdre dans les détails sans arriver aux grands résultats.
Si mon article sur la Niobé soutient la vue de lʼoriginal, il ne doit pas être trop mauvais. Vous avez raison; jʼai confondu le bras droit et le bras gauche de la statue en question, et, dʼaprès votre observation, jʼai corrigé cette erreur dans les exemplaires que je distribue ici. Je nʼai pas encore revu Visconti, depuis que je lui ai communiqué cette bagatelle.
Vous voyez sans doute M. Akerblad; dites-lui bien des choses de ma part, et exhortez-le à faire un grand ouvrage de paléographie. Personne ne pourrait mieux traiter que lui lʼhistoire de lʼécriture alphabétique. Vous mʼobligerez beaucoup si vous vouliez le consulter en mon nom sur lʼalphabet étrusque, sʼil pense que les Étrusques lʼont reçu immédiatement des Phéniciens ou par lʼintermédiaire des Grecs. De grâce, apportez-moi au printemps une petite note là-dessus. Vous voyez, je ne sais vous écrire sans vouloir tirer parti de votre indulgence pour mes lubies érudites.
Au reste, mes Étrusques sont entièrement suspendus ici. Je ne rève que science brahmanique, et quoiquʼil soit difficile de se soustraire tout à fait au tourbillon de la société, le plus que je peux, je me retire de bonne heure, et je suis à cinq heures du matin dans mes études sanscritanes. M. Chezy me prête ses secours; M. Langlès ses livres et ses connaissances littéraires sur lʼInde. Le difficile est de se procurer tous les livres dont on aurait besoin pour avancer, mais jʼai formé aussi des liaisons pour cela en Angleterre. Enfin, vous me reverrez tout transformé en Pandit. Je souhaite bien savoir ce qui existe à Rome en fait de manuscrits sancritans, soit à la Propagande, soit au Vatican, et surtout en quels caractères ils sont écrits. Je me suis borné jusquʼici au seul Deva-Nagari; le Bengali, le Talinga, tout cela cʼest la mer à boire.
M. Niebuhr doit être à Rome; nous ne nous sommes jamais vus; il ne peut me connaître que par la critique de son ouvrage, et ce nʼest peut-être pas la meilleure manière de débuter. Cependant, si mon article lui est parvenu, il aura trouvé, jʼespère, que je lui ai rendu justice, quoique étant dʼun avis opposé sur plusieurs points.
Si vous rencontrez M. et Mme Thomas Hope, je vous prie de me rappeler à leur souvenir, et de leur dire combien je regrette les soirées que je passais chez eux, il y a deux ans.
Mme de Staël me charge de ses compliments pour vous et Mme Favre. Elle a été constamment souffrante cet hiver, et dʼautant plus que cela ne lʼa pas empêchée de voir beaucoup de monde. Je me flatte que le printemps et la vie de campagne conviendront mieux à sa santé. Mme de Broglie est fort avancée dans sa grossesse, mais du reste parfaitement bien portante. Nous comptons être de retour à Coppet de bonne heure. Jʼespère vous voir souvent pendant lʼété; votre course en Italie et mon séjour à Paris nous fourniront des sujets dʼentretiens agréables outre ceux que nous avions.
Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien présenter mes respectueux hommages à Madame Favre, et de croire à mon sincère attachement et à lʼintérêt que je prends à tout ce qui vous concerne. Mille amitiés.
Tout à vous,
A.-W. SCHLEGEL.
Jʼimagine que vous ferez un envoie de livres de Rome pour votre bibliothèque. Dans cette supposition, vous me feriez un grand plaisir en achetant pour moi et en mettant dans votre paquet le Vyacarana de P. Paulin de St-Barthélemy. Pour ses autres livres sur la langue sanscrite, il ne vaut plus la peine de se les procurer, parce que tout cela a été mieux fait depuis. Jʼaimerais bien aussi avoir les 33 et 34mes livraisons de la Galerie de Florence, publiée chez Molini. Zannoni mʼen parle dans sa lettre.
(Rue Royale, n°6.)
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