• August Wilhelm von Schlegel to Giuseppe Acerbi

  • Place of Dispatch: Florenz · Place of Destination: Mailand · Date: 03.03.1816
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
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    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Giuseppe Acerbi
  • Place of Dispatch: Florenz
  • Place of Destination: Mailand
  • Date: 03.03.1816
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 366865145-18960000
  • Bibliography: Luzio, Alessandro: Giuseppe Acerbi e la „Biblioteca Italiana“. In: Nuova Antologia di Scienze, Lettere ed Arti (Roma) 66 (1896), 4. Serie, S. 316‒317.
  • Incipit: „Florence, 3 mars 1816.
    Monsieur,
    J’ai un million de pardons à vous demander d’avoir différé si longtemps de répondre à votre aimable lettre [...]“
Florence, 3 mars 1816.
Monsieur,
J’ai un million de pardons à vous demander d’avoir différé si longtemps de répondre à votre aimable lettre du 30 janvier. Mais vous imaginez bien que l’arrivée de M. de Staël et du duc de Broglie et le mariage de mademoiselle Albertine m’a donné beaucoup de distraction, et cela doit me servir d’excuse auprès de vous. Ensuite est survenu notre départ de Pise et notre établissement ici; nous sommes arrivés dans les jours les plus bruyans du carnaval. Votre seconde lettre du 9 février ne m’est parvenue qu’hier, et je m’empresse d’y répondre tout de suite.
Avant tout je vous félicite de votre nomination si elle est conforme à vos souhaits, mais je vous regrette pour l’Italie. Voilà donc la Bibliothèque Italienne devenue orpheline dès sa naissance! J’espère que nous vous retrouverons encore à Milan, où nous serons probablement vers la fin du mois de mai. Je n’ai point d’autre connaissance portugaise ni Madame de Staël non plus, que celle du comte de Palmella, Don Pedro de Souza, autrefois chargé des affaires du Portugal auprès du St. Siège, depuis ministre en Angleterre et au Congrès de Vienne. Il est actuellement à Madrid, où vous le verrez sans doute à votre passage. Madame de Staël vous donnera une lettre pour lui et il pourra vous fournir ensuite les meilleures adresses pour le Portugal, car il est un des hommes les plus spirituels, les plus instruits et les plus considérés de son pays.
Mon ami et moi, nous vous sommes infiniment reconnaissons des recherches que vous avez bien voulu faire concernant le manuscrit de Monza, quoiqu’elles ayent été infructueuses. Il est bon au moins de savoir que ce livre n’est pas revenu de Paris, on pourra s’informer là, pourvu seulement que ce manuscrit n’ait pas entièrement disparu comme tant d’autres choses précieuses.
Je suis extrêmement curieux du premier cahier de la Bibliothèque Italienne et vous me ferez un très-grand plaisir, si, en faisant un envoi pour Florence, vous voulez y ajouter un exemplaire pour moi chez Molini ou Piatti. Je profiterai de mon premier loisir pour réaliser mes promesses. Vous faites beaucoup d’honneur à mon petit essai Sur la Mythologie qui originairement n’était pas destiné à l’impression: la forme en est légère, cependant je me flatte qu’il contient quelques vues originales. Soyez tranquille sur mon impartialité, je n’ai d’autres relations avec M. Graberg que celle de l’avoir vu quelquefois à Gènes. Mais cʼest un Suédois qui écrit en italien, il soutient une opinion, vraie selon moi, mais en contradiction avec les préjugés de ses compatriotes. Cela mérite qu’on lui rende justice.
Je ne sais pas jusqu’à quel point vous voulez admettre de l’érudition dans votre journal; si cela vous convient, je pourrais bien dans deux mois d’ici vous donner un morceau sur l’étude des antiquités étrusques, en passant en revue ce qui s’ est fait depuis Lanzi et en tâchant de fixer le point auquel on est arrivé. Mais cela ne saurait se faire sans quelques citations un peu savantes.
Monti aurait bien dû célébrer les noces de Madame de Broglie qui ont eu lieu à Pise le 20 février: toutes les gazettes l’avaient averti à temps. Du reste nous avons eu des poésies en abondance: une pièce lyrique de Rosini, des quatrains grecs et latins de Ciampi, et des stances allemandes de ma part, les premières, je pense, qui se soyent jamais imprimées en Italie.
Madame de Staël et sa fille me chargent de beaucoup de choses pour vous. Je vous prie de me rappeler au souvenir des amis de Milan. La santé de M. de Rocca ne va pas aussi bien qu’on pourrait le désirer. Il faut espérer que le printemps lui fera du bien. La mort de M. de Melzi a été fort sensible à Madame de Staël.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentimens les plus empressés.
Votre très-h. et très-ob. serv.
A. W. de Schlegel.
Adresse: Florence, Giardino Strozzi, via Valfonda.
Florence, 3 mars 1816.
Monsieur,
J’ai un million de pardons à vous demander d’avoir différé si longtemps de répondre à votre aimable lettre du 30 janvier. Mais vous imaginez bien que l’arrivée de M. de Staël et du duc de Broglie et le mariage de mademoiselle Albertine m’a donné beaucoup de distraction, et cela doit me servir d’excuse auprès de vous. Ensuite est survenu notre départ de Pise et notre établissement ici; nous sommes arrivés dans les jours les plus bruyans du carnaval. Votre seconde lettre du 9 février ne m’est parvenue qu’hier, et je m’empresse d’y répondre tout de suite.
Avant tout je vous félicite de votre nomination si elle est conforme à vos souhaits, mais je vous regrette pour l’Italie. Voilà donc la Bibliothèque Italienne devenue orpheline dès sa naissance! J’espère que nous vous retrouverons encore à Milan, où nous serons probablement vers la fin du mois de mai. Je n’ai point d’autre connaissance portugaise ni Madame de Staël non plus, que celle du comte de Palmella, Don Pedro de Souza, autrefois chargé des affaires du Portugal auprès du St. Siège, depuis ministre en Angleterre et au Congrès de Vienne. Il est actuellement à Madrid, où vous le verrez sans doute à votre passage. Madame de Staël vous donnera une lettre pour lui et il pourra vous fournir ensuite les meilleures adresses pour le Portugal, car il est un des hommes les plus spirituels, les plus instruits et les plus considérés de son pays.
Mon ami et moi, nous vous sommes infiniment reconnaissons des recherches que vous avez bien voulu faire concernant le manuscrit de Monza, quoiqu’elles ayent été infructueuses. Il est bon au moins de savoir que ce livre n’est pas revenu de Paris, on pourra s’informer là, pourvu seulement que ce manuscrit n’ait pas entièrement disparu comme tant d’autres choses précieuses.
Je suis extrêmement curieux du premier cahier de la Bibliothèque Italienne et vous me ferez un très-grand plaisir, si, en faisant un envoi pour Florence, vous voulez y ajouter un exemplaire pour moi chez Molini ou Piatti. Je profiterai de mon premier loisir pour réaliser mes promesses. Vous faites beaucoup d’honneur à mon petit essai Sur la Mythologie qui originairement n’était pas destiné à l’impression: la forme en est légère, cependant je me flatte qu’il contient quelques vues originales. Soyez tranquille sur mon impartialité, je n’ai d’autres relations avec M. Graberg que celle de l’avoir vu quelquefois à Gènes. Mais cʼest un Suédois qui écrit en italien, il soutient une opinion, vraie selon moi, mais en contradiction avec les préjugés de ses compatriotes. Cela mérite qu’on lui rende justice.
Je ne sais pas jusqu’à quel point vous voulez admettre de l’érudition dans votre journal; si cela vous convient, je pourrais bien dans deux mois d’ici vous donner un morceau sur l’étude des antiquités étrusques, en passant en revue ce qui s’ est fait depuis Lanzi et en tâchant de fixer le point auquel on est arrivé. Mais cela ne saurait se faire sans quelques citations un peu savantes.
Monti aurait bien dû célébrer les noces de Madame de Broglie qui ont eu lieu à Pise le 20 février: toutes les gazettes l’avaient averti à temps. Du reste nous avons eu des poésies en abondance: une pièce lyrique de Rosini, des quatrains grecs et latins de Ciampi, et des stances allemandes de ma part, les premières, je pense, qui se soyent jamais imprimées en Italie.
Madame de Staël et sa fille me chargent de beaucoup de choses pour vous. Je vous prie de me rappeler au souvenir des amis de Milan. La santé de M. de Rocca ne va pas aussi bien qu’on pourrait le désirer. Il faut espérer que le printemps lui fera du bien. La mort de M. de Melzi a été fort sensible à Madame de Staël.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentimens les plus empressés.
Votre très-h. et très-ob. serv.
A. W. de Schlegel.
Adresse: Florence, Giardino Strozzi, via Valfonda.
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