• August Wilhelm von Schlegel to Frances Randall

  • Place of Dispatch: Stuttgart · Place of Destination: Unknown · Date: 01.10.1818
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Frances Randall
  • Place of Dispatch: Stuttgart
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 01.10.1818
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 317‒319.
  • Incipit: „Stuttgart 1 Oct. 1818
    Chere amie, votre lettre du 15 Sept. ne mʼest parvenue quʼici, et depuis peu, parce que jʼai été [...]“
    Language
  • French
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Stuttgart 1 Oct. 1818
Chere amie, votre lettre du 15 Sept. ne mʼest parvenue quʼici, et depuis peu, parce que jʼai été en course depuis le 9 du mois passé. Jʼai été de nouveau, dans différents buts à Francfort, à Coblence et à Bonn. Sophie est partie en même temps pour Stuttgart avec son pere et sa mere pour voir ici leur famille. Je suis venu ici seulement pour les prendre et pour retourner ensemble à Heidelberg, après avoir employé quelques jours à voir ce que cette ville peut offrir de remarquable. Mais il se trouve que la rougeole est épidémique en ce moment, malgré toutes les précautions Sophie lʼa prise, et nous voilà retenus pour quinze jours. Cʼest notre première calamité domestique. Cela mʼa fort troublé pendant les premiers jours, mais le pire est déjà passé, la maladie sʼest developpée dʼune manière si douce et si benigne quʼil ne faut plus que de la persévérance dans les précautions pour en sortir heureusement. Nous avons dʼabord eu pour médecin un frere de ma belle-mere qui étoit venu nous voir – il a été obligé de retourner à son poste, il a cédé sa place à un frère du célèbre Schelling. Sophie a été dʼune patience admirable dans son état de souffrance – elle est même dʼune sérénité et dʼune gaité charmante, pour peu quʼelle se sente soulagée. Toutefois cet accident est fort contrarieux – nous sommes ici chez des étrangers quoique dans une maison très hospitaliere. Ce qui mʼinquiette surtout cʼest ce voyage de 28 lieues quʼil nous faudra faire encore dans une saison avancée – je serois plus tranquille si nous étions déjà chaudement nichés à Heidelberg. De mon coté je devrois travailler toute la journée pour me préparer à mon nouvel emploi, et je ne puis rien faire ici. Enfin cʼest une fatalité.
Je vous raconterai une autre fois ce qui concerne ma situation personelle – jʼai déjà manqué un courier parce que jʼavois lʼesprit trop préoccupé pour écrire, et je suis pressé de vous parler dʼune affaire. Cʼest le transport de ma bibliothèque que mes incertitudes mʼont toujours fait différer. À présent quʼil est décidé que je debuterai par Bonn, où il nʼy a pas encore de bibliothèque publique, il est fort important pour moi de lʼavoir. Vous mʼobligeriez donc infiniment, si vous vouliez donner des ordres, pour quʼelle soit emballée et expédiée sans aucun délai. Je vous demande mille pardons, chere Fanny, de vous importuner de cette commission; je ne puis mʼadresser quʼà vous, puisquʼ Auguste est déjà parti. Je joins à ma lettre une instruction particuliere pour Cachet. Je pense que le mieux sera de faire dʼabord passer les caisses à Lausanne, et de prier Mr Demoulin de se charger de lʼexpédition ultérieure pour Basle et pour Mannheim. Je désire surtout que cela ne traîne pas en chemin. Le transport sur le Rhin devroit être naturellement aussi rapide ou plus rapide que par les rouliers – mais jʼignore sʼil nʼy a pas entre Basle et Mannheim des octrois et des étapes qui arrêtent la navigation. Si le transport par eau étoit sujet à de grandes lenteurs, et que le transport ne fût pas beaucoup plus couteux, il faudroit prendre des rouliers. Je désire aussi que Mr Demoulin et ses correspondants mʼadressent des lettres dʼavis à Heidelberg aussi-tôt que les caisses leur seront arrivées. On pourra tirer sur moi ou sur Auguste pour tout ce qui aura été déboursé.
Cʼest bien à regret que je fais partir ma bibliothèque de Coppet – si ma destination étoit pour une ville où il y a de grandes bibliothèques publiques jʼaurois peut-être différé encore long-temps. Mais à Bonn cʼest indispensable. Dʼailleurs il y a tant de livres dʼun usage journalier, quʼil faut avoir soi-même, et puis jʼen ai dʼautres quʼon ne trouve pas.
Je vous prie de donner à Cachet un louis pour sa surveillance. Les frais de lʼemballage qui seront déboursés à Coppet, vous seront remboursés par Auguste.
Adieu, chere amie – je vous demande mille pardons dʼune lettre aussi sêche, et je tacherai de vous en écrire une plus intéressante. Je vous entretiendrai prochainement vous et Madame de Broglie de mon voyage etc. Mille tendres amitiés.
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Stuttgart 1 Oct. 1818
Chere amie, votre lettre du 15 Sept. ne mʼest parvenue quʼici, et depuis peu, parce que jʼai été en course depuis le 9 du mois passé. Jʼai été de nouveau, dans différents buts à Francfort, à Coblence et à Bonn. Sophie est partie en même temps pour Stuttgart avec son pere et sa mere pour voir ici leur famille. Je suis venu ici seulement pour les prendre et pour retourner ensemble à Heidelberg, après avoir employé quelques jours à voir ce que cette ville peut offrir de remarquable. Mais il se trouve que la rougeole est épidémique en ce moment, malgré toutes les précautions Sophie lʼa prise, et nous voilà retenus pour quinze jours. Cʼest notre première calamité domestique. Cela mʼa fort troublé pendant les premiers jours, mais le pire est déjà passé, la maladie sʼest developpée dʼune manière si douce et si benigne quʼil ne faut plus que de la persévérance dans les précautions pour en sortir heureusement. Nous avons dʼabord eu pour médecin un frere de ma belle-mere qui étoit venu nous voir – il a été obligé de retourner à son poste, il a cédé sa place à un frère du célèbre Schelling. Sophie a été dʼune patience admirable dans son état de souffrance – elle est même dʼune sérénité et dʼune gaité charmante, pour peu quʼelle se sente soulagée. Toutefois cet accident est fort contrarieux – nous sommes ici chez des étrangers quoique dans une maison très hospitaliere. Ce qui mʼinquiette surtout cʼest ce voyage de 28 lieues quʼil nous faudra faire encore dans une saison avancée – je serois plus tranquille si nous étions déjà chaudement nichés à Heidelberg. De mon coté je devrois travailler toute la journée pour me préparer à mon nouvel emploi, et je ne puis rien faire ici. Enfin cʼest une fatalité.
Je vous raconterai une autre fois ce qui concerne ma situation personelle – jʼai déjà manqué un courier parce que jʼavois lʼesprit trop préoccupé pour écrire, et je suis pressé de vous parler dʼune affaire. Cʼest le transport de ma bibliothèque que mes incertitudes mʼont toujours fait différer. À présent quʼil est décidé que je debuterai par Bonn, où il nʼy a pas encore de bibliothèque publique, il est fort important pour moi de lʼavoir. Vous mʼobligeriez donc infiniment, si vous vouliez donner des ordres, pour quʼelle soit emballée et expédiée sans aucun délai. Je vous demande mille pardons, chere Fanny, de vous importuner de cette commission; je ne puis mʼadresser quʼà vous, puisquʼ Auguste est déjà parti. Je joins à ma lettre une instruction particuliere pour Cachet. Je pense que le mieux sera de faire dʼabord passer les caisses à Lausanne, et de prier Mr Demoulin de se charger de lʼexpédition ultérieure pour Basle et pour Mannheim. Je désire surtout que cela ne traîne pas en chemin. Le transport sur le Rhin devroit être naturellement aussi rapide ou plus rapide que par les rouliers – mais jʼignore sʼil nʼy a pas entre Basle et Mannheim des octrois et des étapes qui arrêtent la navigation. Si le transport par eau étoit sujet à de grandes lenteurs, et que le transport ne fût pas beaucoup plus couteux, il faudroit prendre des rouliers. Je désire aussi que Mr Demoulin et ses correspondants mʼadressent des lettres dʼavis à Heidelberg aussi-tôt que les caisses leur seront arrivées. On pourra tirer sur moi ou sur Auguste pour tout ce qui aura été déboursé.
Cʼest bien à regret que je fais partir ma bibliothèque de Coppet – si ma destination étoit pour une ville où il y a de grandes bibliothèques publiques jʼaurois peut-être différé encore long-temps. Mais à Bonn cʼest indispensable. Dʼailleurs il y a tant de livres dʼun usage journalier, quʼil faut avoir soi-même, et puis jʼen ai dʼautres quʼon ne trouve pas.
Je vous prie de donner à Cachet un louis pour sa surveillance. Les frais de lʼemballage qui seront déboursés à Coppet, vous seront remboursés par Auguste.
Adieu, chere amie – je vous demande mille pardons dʼune lettre aussi sêche, et je tacherai de vous en écrire une plus intéressante. Je vous entretiendrai prochainement vous et Madame de Broglie de mon voyage etc. Mille tendres amitiés.
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