• August Wilhelm von Schlegel to Auguste Louis de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Coppet · Date: 18.07.1819
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 18.07.1819
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 338‒339.
  • Incipit: „Bonn ce 18 Juill. 1819
    Mon cher Auguste, jʼai écrit dernièrement à Madame Necker – jʼaurois voulu vous repondre plutôt, mais jʼai [...]“
    Language
  • French
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Bonn ce 18 Juill. 1819
Mon cher Auguste, jʼai écrit dernièrement à Madame Necker – jʼaurois voulu vous repondre plutôt, mais jʼai été fort occupé, et ces derniers jours jʼai été distrait par un événement qui a causé une émotion générale. En recevant ma lettre vous en serez probablement déjà informé par les gazettes. Une commission spéciale est venue en grande diligence de Berlin par ordre du ministère de la police – elle est composée dʼun colonel et de deux majors de gendarmes, dʼun assesseur et dʼun commissaire de police. Ils étoient accompagnés de six gendarmes. Le 15 de grand matin ils sont entrés simultanément dans le domicile de trois professeurs, MM. Arndt, et les freres Welker, ils ont posté à chaque porte deux gendarmes, et ils ont fait une saisie rigoureuse de tous leurs papiers. Ces messieurs cependant nʼont point été arrêtés, ils ne sont pas même gardés à vue. Il est dit dans lʼordre exhibé par la commission au recteur que ces professeurs sont fortement suspects dʼaprès des renseignemens reçus du dehors de complicité dans des associations secrètes et menées politiques qui ont lieu en Allemagne. Lʼopinion unanime des jurisconsultes et magistrats de ce pays est que les formes prescrites par les lois en vigueur nʼont pas été observées, quʼune telle saisie ne devoit être faite que dʼaprès la decision dʼune cour de justice, et avec lʼassistance du magistrat local. En conséquence on a protesté de tous les cotés, mais la commission va toujours son train, dans lʼexamen des papiers. Le sénat académique a envoyé par estafette un mémoire au ministère qui lui est préposé, cʼest à dire au ministère du culte et de lʼinstruction publique. Les étudians ont témoigné un grand intérêt – cependant ils se sont tenus tranquilles – les inculpés eux-mêmes les y ont exhortés – le lendemain nous avons pu reprendre nos cours.
Je ne veux pas différer lʼenvoi de cette lettre – ainsi je ne puis vous écrire tous les détails. Vous savez que jʼaime avant tout la tranquillité et lʼétude, mais il faut en conscience remplir ses devoirs dans une situation quelconque oû la providence vous a placés. Je vous épargne les reflexions – vous les ferez pour moi. Mille tendres amitiés, mille choses à votre sœur, Mr de Br.[oglie] et Mlle R[andall].
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Bonn ce 18 Juill. 1819
Mon cher Auguste, jʼai écrit dernièrement à Madame Necker – jʼaurois voulu vous repondre plutôt, mais jʼai été fort occupé, et ces derniers jours jʼai été distrait par un événement qui a causé une émotion générale. En recevant ma lettre vous en serez probablement déjà informé par les gazettes. Une commission spéciale est venue en grande diligence de Berlin par ordre du ministère de la police – elle est composée dʼun colonel et de deux majors de gendarmes, dʼun assesseur et dʼun commissaire de police. Ils étoient accompagnés de six gendarmes. Le 15 de grand matin ils sont entrés simultanément dans le domicile de trois professeurs, MM. Arndt, et les freres Welker, ils ont posté à chaque porte deux gendarmes, et ils ont fait une saisie rigoureuse de tous leurs papiers. Ces messieurs cependant nʼont point été arrêtés, ils ne sont pas même gardés à vue. Il est dit dans lʼordre exhibé par la commission au recteur que ces professeurs sont fortement suspects dʼaprès des renseignemens reçus du dehors de complicité dans des associations secrètes et menées politiques qui ont lieu en Allemagne. Lʼopinion unanime des jurisconsultes et magistrats de ce pays est que les formes prescrites par les lois en vigueur nʼont pas été observées, quʼune telle saisie ne devoit être faite que dʼaprès la decision dʼune cour de justice, et avec lʼassistance du magistrat local. En conséquence on a protesté de tous les cotés, mais la commission va toujours son train, dans lʼexamen des papiers. Le sénat académique a envoyé par estafette un mémoire au ministère qui lui est préposé, cʼest à dire au ministère du culte et de lʼinstruction publique. Les étudians ont témoigné un grand intérêt – cependant ils se sont tenus tranquilles – les inculpés eux-mêmes les y ont exhortés – le lendemain nous avons pu reprendre nos cours.
Je ne veux pas différer lʼenvoi de cette lettre – ainsi je ne puis vous écrire tous les détails. Vous savez que jʼaime avant tout la tranquillité et lʼétude, mais il faut en conscience remplir ses devoirs dans une situation quelconque oû la providence vous a placés. Je vous épargne les reflexions – vous les ferez pour moi. Mille tendres amitiés, mille choses à votre sœur, Mr de Br.[oglie] et Mlle R[andall].
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