• August Wilhelm von Schlegel to James Mackintosh

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Unknown · Date: 18.10.1829
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: James Mackintosh
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 18.10.1829
  • Notations: Absendeort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 343347008
  • Bibliography: Briefe von und an August Wilhelm Schlegel. Gesammelt und erläutert durch Josef Körner. Bd. 1. Zürich u.a. 1930, S. 486‒487.
  • Incipit: „[1] M.[y] D.[ear] S.[ir]
    [Bonn] 18 Oct. [18]29
    Je nʼessayerai pas dʼexcuser mon long silence. Toutefois le motif qui a toujours arreté ma [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-34292
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.15,Nr.11
  • Number of Pages: 3S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 21,2 x 12,8 cm
    Language
  • French
[1] M.[y] D.[ear] S.[ir]
[
Bonn] 18 Oct. [18]29
Je nʼessayerai pas dʼexcuser mon long silence. Toutefois le motif qui a toujours arreté ma plume ne saurait vous deplaire. Je ne pouvais me resoudre à donner une reponse negative à lʼinvitation si flatteuse que vous mʼavez faite dans
votre lettre du Août [18]28 de venir à Londres pour donner un cours extraordinaire dans la nouvelle université; et jʼy voyais cependant des difficultés insurmontables. Le printemps passé mes doctes labeurs ne mʼont laissé aucun loisir pour faire même le plus petit voyage. Vous aurez reçu ma preface du Ramayana, je Vous envoye maintenant celle du Hitopadesa. Vous verrez par là que je nʼai pas été désœuvré, puisque jʼai publié deux volumes de textes sanscrits, dans le cours dʼune seule année. Avant le printemps prochain je compte avoir donné le second volume du Râmayana et la traduction du premier. Je pourrai donc respirer un peu, mais il y a encore dʼautres difficultés. Pour passer la première moitié de lʼété à Londres il me faut obtenir un congé extraordinaire de notre ministre de lʼinstruction publique. Je demande sans scrupule et jʼobtiens facilement un tel congé pour un voyage littéraire, mais la chose devient plus délicate lorsque mon intention est dʼemployer mon temps à lʼenseignement dans une université étrangère.
Ensuite pour rendre mes leçons vraiment utiles, il faudrait les donner en Anglais. Car pour vos compatriotes Anglais, comme vous savez, notre Latin est de lʼHébreux, aussi bien que le leur pour nous. Lʼon ne peut supposer que les étudians de
Londres soyent assez familiarisés avec le Français pour suivre avec facilité un discours dans cette langue. [2] Mais il sʼen faut de beaucoup que je sois dans lʼAnglais maître de mes expressions et que jʼy aye la même facilité comme dans le français. Il faudrait donc sacrifier mon amour propre et baragouiner dans un pays où lʼon parle en public avec tant dʼélégance.
Enfin peut-on dans lʼAngleterre actuelle parler librement et en pleine securité sur tous les objets de la pensée humaine? Sur les systèmes philosophiques, lʼhistoire des religions, les recherches concernant lʼhistoire ancienne et primitive du genre humain? Nʼy a-t-il pas des sciences en odeur dʼhérésie? – Je pourrais parler sur différens sujets, mais je crois quʼun cours encyclopédique, une vue generale de lʼétat actuel des connaissances humaines, avec la perspective de leur accroissement futur, serait la chose la plus neuve et la plus utile.
En attendant je médite sérieusement votre proposition, et jʼespère en tout cas pouvoir venir à
Londres au printemps. Ce qui me tenterait le plus, ce serait un cours en langue française hors de lʼuniversité pour les gens du monde; par exemple lʼhistoire des beaux arts, ou un tableau général de lʼInde ancienne et moderne. Cela serait peut-être à propos dans un moment où lʼon va discuter les affaires de ce vaste empire. Vous pourriez juger par un essai imprimé dans lʼAlmanac de Berlin pour 1829 (sur lʼaccroissement graduel de nos connaissances de lʼInde depuis les temps les plus anciens) si je sais traiter un tel sujet dʼune manière en même temps instructive et amusante. Mais ce petit livre ne sera pas parvenu en Angleterre. Avez-vous vu le recueil de mes essais de critique littéraire, qui a paru lʼannée dernière en deux volumes?
[3] Dans mes préfaces Latines jʼai insisté sur lʼapplication de la critique philologique laquelle a été si fort négligée dans tout ce quʼon a imprimé en Sanscrit, soit à Serampore et à Calcutta, soit à Londres, si jʼexcepte lʼAmara-Cosha de Colebrooke et le Manou de Haughton. Il est bizarre que lʼAngleterre en possession des trésors littéraires de lʼInde comme des trésors matériels, doive recevoir de lʼétranger les bonnes éditions de livres Indiens. Et ces Directeurs de la Compagnie qui ne voyent pas que, sʼils nʼaccordent pas plus dʼencouragemens, cette étude va se perdre entierement en Angleterre! Ils ont souscrits pour dix exemplaires de mon Ramayana et ils ont cru peut-être faire quelque chose de beau, tandis quʼils prenaient dʼordinaire quarante exemplaires des ouvrages les plus médiocres. Au commencement on a prodigué lʼargent mal à propos. MM. Carey et Marshman du gouvernement de Calcutta ont reçu pour leur pitoyable édition dʼune partie du Ramayana, dont le contenu sera épuisé dans mes deux premiers volumes, au moins trois mille livres sterlings, outre le prix exorbitant de la souscription. Je vous envoye copie dʼune lettre que jʼai adressée à MM. les Directeurs. Elle est redigée en termes fort polis, mais jʼai eu soin de ne pas être pris pour un petitionnaire.
[4]
[1] M.[y] D.[ear] S.[ir]
[
Bonn] 18 Oct. [18]29
Je nʼessayerai pas dʼexcuser mon long silence. Toutefois le motif qui a toujours arreté ma plume ne saurait vous deplaire. Je ne pouvais me resoudre à donner une reponse negative à lʼinvitation si flatteuse que vous mʼavez faite dans
votre lettre du Août [18]28 de venir à Londres pour donner un cours extraordinaire dans la nouvelle université; et jʼy voyais cependant des difficultés insurmontables. Le printemps passé mes doctes labeurs ne mʼont laissé aucun loisir pour faire même le plus petit voyage. Vous aurez reçu ma preface du Ramayana, je Vous envoye maintenant celle du Hitopadesa. Vous verrez par là que je nʼai pas été désœuvré, puisque jʼai publié deux volumes de textes sanscrits, dans le cours dʼune seule année. Avant le printemps prochain je compte avoir donné le second volume du Râmayana et la traduction du premier. Je pourrai donc respirer un peu, mais il y a encore dʼautres difficultés. Pour passer la première moitié de lʼété à Londres il me faut obtenir un congé extraordinaire de notre ministre de lʼinstruction publique. Je demande sans scrupule et jʼobtiens facilement un tel congé pour un voyage littéraire, mais la chose devient plus délicate lorsque mon intention est dʼemployer mon temps à lʼenseignement dans une université étrangère.
Ensuite pour rendre mes leçons vraiment utiles, il faudrait les donner en Anglais. Car pour vos compatriotes Anglais, comme vous savez, notre Latin est de lʼHébreux, aussi bien que le leur pour nous. Lʼon ne peut supposer que les étudians de
Londres soyent assez familiarisés avec le Français pour suivre avec facilité un discours dans cette langue. [2] Mais il sʼen faut de beaucoup que je sois dans lʼAnglais maître de mes expressions et que jʼy aye la même facilité comme dans le français. Il faudrait donc sacrifier mon amour propre et baragouiner dans un pays où lʼon parle en public avec tant dʼélégance.
Enfin peut-on dans lʼAngleterre actuelle parler librement et en pleine securité sur tous les objets de la pensée humaine? Sur les systèmes philosophiques, lʼhistoire des religions, les recherches concernant lʼhistoire ancienne et primitive du genre humain? Nʼy a-t-il pas des sciences en odeur dʼhérésie? – Je pourrais parler sur différens sujets, mais je crois quʼun cours encyclopédique, une vue generale de lʼétat actuel des connaissances humaines, avec la perspective de leur accroissement futur, serait la chose la plus neuve et la plus utile.
En attendant je médite sérieusement votre proposition, et jʼespère en tout cas pouvoir venir à
Londres au printemps. Ce qui me tenterait le plus, ce serait un cours en langue française hors de lʼuniversité pour les gens du monde; par exemple lʼhistoire des beaux arts, ou un tableau général de lʼInde ancienne et moderne. Cela serait peut-être à propos dans un moment où lʼon va discuter les affaires de ce vaste empire. Vous pourriez juger par un essai imprimé dans lʼAlmanac de Berlin pour 1829 (sur lʼaccroissement graduel de nos connaissances de lʼInde depuis les temps les plus anciens) si je sais traiter un tel sujet dʼune manière en même temps instructive et amusante. Mais ce petit livre ne sera pas parvenu en Angleterre. Avez-vous vu le recueil de mes essais de critique littéraire, qui a paru lʼannée dernière en deux volumes?
[3] Dans mes préfaces Latines jʼai insisté sur lʼapplication de la critique philologique laquelle a été si fort négligée dans tout ce quʼon a imprimé en Sanscrit, soit à Serampore et à Calcutta, soit à Londres, si jʼexcepte lʼAmara-Cosha de Colebrooke et le Manou de Haughton. Il est bizarre que lʼAngleterre en possession des trésors littéraires de lʼInde comme des trésors matériels, doive recevoir de lʼétranger les bonnes éditions de livres Indiens. Et ces Directeurs de la Compagnie qui ne voyent pas que, sʼils nʼaccordent pas plus dʼencouragemens, cette étude va se perdre entierement en Angleterre! Ils ont souscrits pour dix exemplaires de mon Ramayana et ils ont cru peut-être faire quelque chose de beau, tandis quʼils prenaient dʼordinaire quarante exemplaires des ouvrages les plus médiocres. Au commencement on a prodigué lʼargent mal à propos. MM. Carey et Marshman du gouvernement de Calcutta ont reçu pour leur pitoyable édition dʼune partie du Ramayana, dont le contenu sera épuisé dans mes deux premiers volumes, au moins trois mille livres sterlings, outre le prix exorbitant de la souscription. Je vous envoye copie dʼune lettre que jʼai adressée à MM. les Directeurs. Elle est redigée en termes fort polis, mais jʼai eu soin de ne pas être pris pour un petitionnaire.
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