• Ernst zu Münster to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: London · Place of Destination: Unknown · Date: 02.07.1813
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Ernst zu Münster
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: London
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 02.07.1813
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 343347008
  • Bibliography: Briefe von und an August Wilhelm Schlegel. Gesammelt und erläutert durch Josef Körner. Bd. 1. Zürich u.a. 1930, S. 295‒297.
  • Incipit: „[1] a Londres ce 2 Juillet 1813
    Monsieur
    Jʼai lu avec le plus grand intérêt la lettre que Vous mʼavéz fait lʼhonneur de [...]“
    Manuscript
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: DE-1a-34292
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.15,Nr.78
  • Number of Pages: 7S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 22,9 x 18,7 cm
[1] a Londres ce 2 Juillet 1813
Monsieur
Jʼai lu avec le plus grand intérêt
la lettre que Vous mʼavéz fait lʼhonneur de mʼadresser le 5 Juin. Heureusement que le point principal, qui sʼy trouve traité, avec autant de franchise que de vérité, a été applani. Mon Seigneur le Prince Royal, aura été content de la manière dont le Gouvernement Britannique a défendu Ses procédes, et Ses raports avec la Suede en général, contre les attaques de lʼopposition. Les éclaircissemens, qui ont eu lieu, entre lʼEmpereur de Russie et Le Prince Royal, font le plus grand honneur a ces deux Princes. Je crois que la Diplomatie ne saurait produire deux plus bons monumens de franchise et de loyauté que les lettres échangées entre Eux sur la question de la cooperation mutuelle de leurs armées.
[2] Les assurances que nous recevons du quartier général des Alliés sont satisfaisantes: mais jʼavoue quʼelles ne sauraient me tranquiliser. On sʼest trop fié a lʼAutriche dont le principal ministre trahit maintenant un dégré effrayant de faiblesse et de duplicité. Le cabinet de Vienne après avoir fait dépendre de succès de la campagne, la mesure des conditions, quʼil se proposait de faire agréer par Sa médiation armée, nʼa rien fait pour rendre les chances de la guerre plus avantageuses pour les Alliés, au contraire, en demandant du tems pour achever ses armemens, il a laissé à lʼennemi celui de completter les siens. En reprimant lʼInsurrection du Tyrol ses renforts de lʼItalie ont pu lui arrivér; en permettant au Roi de Saxe dʼabandonner le Systême de lʼAutriche et de retourner avec ses troupes et ses trésors auprès de Bonaparte, lʼAutriche a donné un Ennemi de plus aux Alliés, et leur a fait perdre la ligne de lʼElbe. En accordant à Poniatowsky le passage par Ses États Elle [3] sʼest montré de nouveau, dans le rôle dʼAllié de la France, a la quelle ce corps de trouppes servira pour reunir les Polonais que lʼarmistice lui laisse le tems dʼexcitér a la revolte. Peu de jours suffiront a dévoiler le mystère, si la confiance quʼelle a su inspirér aux Alliés – confiance qui a décidée leur marche sur Schweidnitz et la conclusion de cet omineux armistice, ne devra pas aussi se compter au nombre de Ses complaisances pour lʼennemi! Le Comte de Metternich ne saurait se tromper sur les résultats que sa politique prépare. Plus B[ona]p[ar]te montre de facilité a cedér sur les propositions de lʼAutriche, et plus il devrait le se douter. Sa foi politique nʼest plus douteuse. Sa marche ordinaire, dʼenfreindre graduellement ses engagemens; de manière a ne provoquer de nouvelles hostilites quʼaprès que Ses Ennemis ont perdu les moyens de les repousser, trouvera dʼautant plus de facilité quʼIl sait parfaitement que la Russie et la Prusse, ne pouvant recourir aux moyens revolutionaires dont lui se sert ne sauraient plus maintenir leurs armées quʼavec lʼassistance de [4] lʼAngleterre. Et ce secours ne saurait sʼacccordér au moment que la paix serait faite – et les armées alliées devraient par conséquent se retirer. Mais cʼest inutile de Vous entretenir sur un objet sur lequel nos principes ne sauraient que sʼaccorder; si la guerre se fait de nouveau cʼest sur lʼarmée du Prince Royal que nous devons surtout compter; car les Alliés, supposant même que leur renforts fussent plus nombreux, que ceux de lʼennemi, ne sauront pas se défaire de tant dʼautres inconveniens qui jusquʼici ont entravé le succes de leurs operations militaires.
Je compte pour beaucoup les Principes quʼon a suivi relativement aux affaires dʼAllemagne. Je suis infiniment flatté de voir que les Principes
de Son Altesse Royale M[on]s[eigneu]r Le Prince de Suede sʼaccordent avec ceux que jʼai cru devoir proposer sur ce sujet. Celon moi le B[a]r[on] Stein a fait du mal mais je lʼestime néanmoins beaucoup et je reste persuadé que cʼest un homme que nous devons tàcher de conservér. Sa fermeté et Son esprit sont dʼautant plus précieux quʼIl a réussi a [5] Se procurer lʼestime et la confiance de lʼEmpereur Alexandre. Lorsque les députés du Prince Régent de la Grande Bretagne, et celui de Suede, prendront part aux delibérations du conseil central il y aura moyen de donner une nouvelle tournure aux affaires. Mr. de Bremer, qui se procurera sans doute la confiance de Mr. Thorrelon, sera a même de donner de très bons conseils sur tous les points, concernant lʼAllemagne. Au cas que M[on]s[ei]g[neu]r, Le Prince Royal se décidera de passer lʼElbe, avec Son armée, je me rendrai moi même dans le pays dʼHannover, muni des pleins pouvoirs nécéssaires du Prince Regent, pour activér les ressources que lʼennemi aura laissé à notre malheureuse patrie. Je me flatte que ce voyage me procurera lʼhonneur de me presentér auprès du Prince Royal de Suede pour Lui temoigner le Respect quʼIl mʼinspire et la reconnaîssance du Prince Regent pour la manière dont ce Prince sʼintéresse pour Ses intérèts en Allemagne.
[6] Nous possedons depuis quelques jours Madame de Stael. Je dois sa connaissance a une lettre que Mr. le Comte de Medwigk mon ancien ami a bien voulu lui donner pour moi. Jusquʼici je [ai] peu vu cette femme celebre. Elle a tellement excitée la curiosité de la société quʼil faudrait la disputer au public.
Je Vous prie Monsieur de vouloir excuser la hâte avec laquelle jʼai été obligé dʼécrire et agréer lʼassurance de lʼEstime particulière avec laquelle jʼai lʼhonneur dʼêtre
Monsieur
Votre
très humble et très
obeissant Serviteur
Le C[omte] de Münster
[7]
P. S. Il nous est arrivé tant de raports sur les gaspillages et sur la conduite du
général Tettenborn a Hambourg que Le Prince Regent doit désirer quʼil nʼait plus rien a faire avec les levées Hannoveriennes surtout si lʼarmée se partira en avant.
[8]
[1] a Londres ce 2 Juillet 1813
Monsieur
Jʼai lu avec le plus grand intérêt
la lettre que Vous mʼavéz fait lʼhonneur de mʼadresser le 5 Juin. Heureusement que le point principal, qui sʼy trouve traité, avec autant de franchise que de vérité, a été applani. Mon Seigneur le Prince Royal, aura été content de la manière dont le Gouvernement Britannique a défendu Ses procédes, et Ses raports avec la Suede en général, contre les attaques de lʼopposition. Les éclaircissemens, qui ont eu lieu, entre lʼEmpereur de Russie et Le Prince Royal, font le plus grand honneur a ces deux Princes. Je crois que la Diplomatie ne saurait produire deux plus bons monumens de franchise et de loyauté que les lettres échangées entre Eux sur la question de la cooperation mutuelle de leurs armées.
[2] Les assurances que nous recevons du quartier général des Alliés sont satisfaisantes: mais jʼavoue quʼelles ne sauraient me tranquiliser. On sʼest trop fié a lʼAutriche dont le principal ministre trahit maintenant un dégré effrayant de faiblesse et de duplicité. Le cabinet de Vienne après avoir fait dépendre de succès de la campagne, la mesure des conditions, quʼil se proposait de faire agréer par Sa médiation armée, nʼa rien fait pour rendre les chances de la guerre plus avantageuses pour les Alliés, au contraire, en demandant du tems pour achever ses armemens, il a laissé à lʼennemi celui de completter les siens. En reprimant lʼInsurrection du Tyrol ses renforts de lʼItalie ont pu lui arrivér; en permettant au Roi de Saxe dʼabandonner le Systême de lʼAutriche et de retourner avec ses troupes et ses trésors auprès de Bonaparte, lʼAutriche a donné un Ennemi de plus aux Alliés, et leur a fait perdre la ligne de lʼElbe. En accordant à Poniatowsky le passage par Ses États Elle [3] sʼest montré de nouveau, dans le rôle dʼAllié de la France, a la quelle ce corps de trouppes servira pour reunir les Polonais que lʼarmistice lui laisse le tems dʼexcitér a la revolte. Peu de jours suffiront a dévoiler le mystère, si la confiance quʼelle a su inspirér aux Alliés – confiance qui a décidée leur marche sur Schweidnitz et la conclusion de cet omineux armistice, ne devra pas aussi se compter au nombre de Ses complaisances pour lʼennemi! Le Comte de Metternich ne saurait se tromper sur les résultats que sa politique prépare. Plus B[ona]p[ar]te montre de facilité a cedér sur les propositions de lʼAutriche, et plus il devrait le se douter. Sa foi politique nʼest plus douteuse. Sa marche ordinaire, dʼenfreindre graduellement ses engagemens; de manière a ne provoquer de nouvelles hostilites quʼaprès que Ses Ennemis ont perdu les moyens de les repousser, trouvera dʼautant plus de facilité quʼIl sait parfaitement que la Russie et la Prusse, ne pouvant recourir aux moyens revolutionaires dont lui se sert ne sauraient plus maintenir leurs armées quʼavec lʼassistance de [4] lʼAngleterre. Et ce secours ne saurait sʼacccordér au moment que la paix serait faite – et les armées alliées devraient par conséquent se retirer. Mais cʼest inutile de Vous entretenir sur un objet sur lequel nos principes ne sauraient que sʼaccorder; si la guerre se fait de nouveau cʼest sur lʼarmée du Prince Royal que nous devons surtout compter; car les Alliés, supposant même que leur renforts fussent plus nombreux, que ceux de lʼennemi, ne sauront pas se défaire de tant dʼautres inconveniens qui jusquʼici ont entravé le succes de leurs operations militaires.
Je compte pour beaucoup les Principes quʼon a suivi relativement aux affaires dʼAllemagne. Je suis infiniment flatté de voir que les Principes
de Son Altesse Royale M[on]s[eigneu]r Le Prince de Suede sʼaccordent avec ceux que jʼai cru devoir proposer sur ce sujet. Celon moi le B[a]r[on] Stein a fait du mal mais je lʼestime néanmoins beaucoup et je reste persuadé que cʼest un homme que nous devons tàcher de conservér. Sa fermeté et Son esprit sont dʼautant plus précieux quʼIl a réussi a [5] Se procurer lʼestime et la confiance de lʼEmpereur Alexandre. Lorsque les députés du Prince Régent de la Grande Bretagne, et celui de Suede, prendront part aux delibérations du conseil central il y aura moyen de donner une nouvelle tournure aux affaires. Mr. de Bremer, qui se procurera sans doute la confiance de Mr. Thorrelon, sera a même de donner de très bons conseils sur tous les points, concernant lʼAllemagne. Au cas que M[on]s[ei]g[neu]r, Le Prince Royal se décidera de passer lʼElbe, avec Son armée, je me rendrai moi même dans le pays dʼHannover, muni des pleins pouvoirs nécéssaires du Prince Regent, pour activér les ressources que lʼennemi aura laissé à notre malheureuse patrie. Je me flatte que ce voyage me procurera lʼhonneur de me presentér auprès du Prince Royal de Suede pour Lui temoigner le Respect quʼIl mʼinspire et la reconnaîssance du Prince Regent pour la manière dont ce Prince sʼintéresse pour Ses intérèts en Allemagne.
[6] Nous possedons depuis quelques jours Madame de Stael. Je dois sa connaissance a une lettre que Mr. le Comte de Medwigk mon ancien ami a bien voulu lui donner pour moi. Jusquʼici je [ai] peu vu cette femme celebre. Elle a tellement excitée la curiosité de la société quʼil faudrait la disputer au public.
Je Vous prie Monsieur de vouloir excuser la hâte avec laquelle jʼai été obligé dʼécrire et agréer lʼassurance de lʼEstime particulière avec laquelle jʼai lʼhonneur dʼêtre
Monsieur
Votre
très humble et très
obeissant Serviteur
Le C[omte] de Münster
[7]
P. S. Il nous est arrivé tant de raports sur les gaspillages et sur la conduite du
général Tettenborn a Hambourg que Le Prince Regent doit désirer quʼil nʼait plus rien a faire avec les levées Hannoveriennes surtout si lʼarmée se partira en avant.
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