Messieurs
Je viens de recevoir votre lettre du 18 Août, je mʼempresse dʼy répondre, et de Vous remercier de lʼaccueil que vous avez fait à ma proposition. Je considère cette affaire comme arrangée entre nous. Puisque Vous voulez que je fasse mes conditions, je propose de fixer lʼhonoraire de la traduction à 40 francs par feuille de lʼimpression françoise. Si vous trouvez que cela nʼest pas en proportion avec la force de lʼédition que Vous comptez faire et avec le débit présumable, Vous nʼavez quʼà me le dire et je mʼen remettrai à Vous. Car je vous le répète, cʼest lʼintérêt du sujet et ma reconnaissance envers lʼauteur qui me fait entreprendre cette traduction, aucun autre motif aurait pu mʼy engager. – Vous mʼobligerez beaucoup en mʼenvoyant au plutôt les bonnes feuilles sous bandes, je mʼy mettrai tout de suite. Veuillez aussi me faire connoître vos arrangemens concernant lʼimpression. Je fournirai un manuscrit très-lisible et soigneusement corrigé, de sorte quʼil ne sera pas nécessaire que je fasse moi même la revision des épreuves. Il seroit bon de faire insérer dans quelques unes de nos journaux, et peut-être, sʼil nʼest pas trop tard, dans le catalogue de la foire de Leipsic lʼannonce de ma traduction: je nʼai pas pu la faire en mon nom, parce que je ne suis pas informé, si lʼauteur sʼest nommé et quel est précisément le titre. Cette annonce préviendra les concurrence[s] si et vous pourrez ensuite fixer la publication de la traduction à lʼépoque qui Vous paroîtra la plus convenable. Je ne pense pas quʼelle puisse porter préjudice au débit de lʼoriginal. Les livres françois ne pénètrent pas partout en Allemagne, beaucoup de personnes nʼont pas assez de facilité pour en jouir, et le public qui veut avoir lʼoriginal est tout différent de celui qui préfère la traduction.
Veuillez agréer Messieurs, lʼassurance de la considération très distinguée avec laquelle jʼai lʼhonneur dʼêtre
Votre très humble & très obéissant serviteur
A. W. de Schlegel