• François Gautier de Tournes to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Cologny · Place of Destination: Blois · Date: 10.09.1810 bis 14.09.1810
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: François Gautier de Tournes
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Cologny
  • Place of Destination: Blois
  • Date: 10.09.1810 bis 14.09.1810
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 162‒165.
  • Incipit: „[1] Cologny 10 7 [= septemb]bre 1810
    Dear Sir
    Jʼai eprouvé une espêce de soulagement et un sensible plaisir, en recevant lʼintéressante lettre, [...]“
    Manuscript
  • Provider: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden
  • OAI Id: APP2712-Bd-8
  • Classification Number: Mscr.Dresd.App.2712,B,30,2
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl. u. 3 S., hs. m. Paraphe u. Adresse
  • Format: 23,6 x 19,6 cm; 11,8 x 19,8 cm
[1] Cologny 10 7 [= septemb]bre 1810
Dear Sir
Jʼai eprouvé une espêce de soulagement et un sensible plaisir, en recevant lʼintéressante lettre, dont vous mʼavés favorisé et que je viens encore de relire. Je ne veux pas vous louer, mais je ne puis cependant mʼabstenir de vous dire, que ces feuilles oú votre ame fút epanchée dʼune manière si touchante, ajoutent fortement encore a la haute estime et au tendre attachement que vous mʼavés inspirés. – Me permettés-vous dʼajouter, en peu de mots, que les seules lignes de cette lettre qui, tout en touchant ma sensibilité, me font cependant une véritable humiliation sont celles qui manifestent une prévention, helas! si denuée de tout fondement a mon egard, ainsi que le jugeroient toutes les personnes qui ont quelque connoissance de moi.
Vous savés, mon cher Monsieur, que je ne crois pas que la discussion puisse jamais être utile, en fait de verités essentielles et, par lá, dʼune sphére supérieure a celle de la raison. – Je nʼessayerai donc pas de discuter les différents sujets, du plus haut intéret, que mʼoffre et traitte avec sagacité et profondeur lʼecrit que jʼai sous les yeux. – Seulement je prierai celui qui incline les cœurs a son gré, de disposer le votre en dirigeant ma plume, si malgré mon extrême infériorité de tous genres, a votre egard, et peut-être par cela même, il mʼappelloit a modifier vos idées sur quelques objets.
Vous témoignés quelque regret, de ce que les ecrits qui vous occupent actuellement, quelquʼestimable et louable quʼen soit le but, vous détournent de recherches et dʼexplorations Religieuses, plus estimables et louables encore, [2] et dont vous vous proposés de remplir, le plus tot quʼil vous sera possible et pour votre propre utilité, aussi bien que pour celle des autres, votre vie littéraire – qui ne respecteroit un tel projet, qui paroit si véritablement digne dʼun cœur et dʼun esprit, tels que les votres? – Cependant, je ne craindrois pas de dire que, si vous le realisés, vous êtes perdu. – oui, si vous entreprenés seulement Dom Calmet, votre vie nʼy suffira pas et vous aurés cependant eté detourné par ces etudes, infiniment utiles et louables, de la seule chose nécessaire, de celle a laquelle votre ame aspire sans cesse et a laquelle vous êtes continuellement invité. – Peu de mots, surtout sʼils viennent de Dieu, suffisent a un entendeur tel que vous. – Marthe, Marthe, vous vous occupés et vous travaillés pour beaucoup de choses; – cependant, – une seule chose est nécessaire et Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point otée. – Marthe sʼoccupoit de la reception de son sauveur et de reconnoitre la grace quʼil leur faisoit, en daignant les visiter: – quoi de plus juste, de plus louable? Cependant elle est reprise et celle-lá est louée, comme ayant choisi la bonne part, qui ne pensoit quʼa écouter la parole et se se laisser penetrer des salutaires influences de celui, aux pieds duquel elle se tenoit humblement assise et recueillie, dans un paisible repos. – Cʼest là la seule chose necessaire et dont il est malheureusement trop commun, que les ames le mieux intentionnées se laissent détourner par des choses, extrémement utiles et louables, mais qui néanmoins les privent du seul vrai bien, de la veritable vie, que Dieu seul peut opérer en nous. [3] Cʼest lá la veritable conversion, non a une Eglise extérieure et qui va bientȏt être détruite et renouvellée, mais a lʼEglise intérieure dont J.[ésus] C.[hrist] est le chef et a Dieu même; conversion qui, selon son sens étymologique, consiste a se tourner et a rester tourné, vers celui dont tous biens émanent sans cesse; conversion quʼil ne faut pas renvoyer, ni au lendemain, ni dʼun quart dʼheure, et qui est bien facile, puis quʼil ne sʼagit que dʼun acte de notre velonté et de chercher ainsi celui qui remplit tout de son auguste présence et de sa puissance et qui est plus, en nous, que nous mêmes. – Comment, denués que nous sommes, haletants sans cesse aprés un bonheur qui nous échappe de même, pouvons-nous, sous les prétextes même les plus spécieux et les plus beaux, négliger, eviter et nous séparer, pour ainsi dire, de celui qui nous invite continuellement et qui peut seul nous donner ce bonheur, objet de notre poursuite et de tous nos desirs?
Je suppose une legére nacelle, suivant le cours dʼune riviére peu profonde, pour arriver a la mer: elle peut être arrêtée par les racines dʼun saule antique, par des arbustes fleuris, comme par un amas dʼimmondices; – ces arbustes parfument lʼair et plaisent a tous les sens; mais ils nʼen arrêtent pas moins la faible nacelle et, si on ne lʼen dégage, elle nʼarrivera jamais a la mer, qui est sa destination. – Cʼest dans ce dégagement des choses, bonnes, ou mauvaises, belles ou défectueuses, qui nous arrêtent, que consiste le renoncement qui est exigé de nous, que le monde veut considérer comme sʼil [4] sʼagissoit de lʼécorcher tout vif, mais qui nʼest que lʼéchange de faux biens, contre des biens véritables.
Vous croirés aisément, Monsieur et cher ami, quʼen traçant faiblement ces lignes, jʼavais aussi et inévitablement en pensée, celle qui nous intéresse si tendrement lʼun et lʼautre, a qui tant de dons éminents et tant de moyens de bonheur ont eté accordés, qui nʼa pas trouvé ce bonheur dans les créatures et qui continue, cependant et quoique desabusée, a lʼy chercher, plûtot que dans celui, qui sʼest fait connoitre a elle et quʼelle nʼignore pas pouvoir seul le lui donner. – Cela est dʼautant plus déplorable, quʼil nʼest pas douteux, (car il est aussi des constellations spirituelles) que son arrêt ne soit dʼun effet trés facheux, pour plusieurs ames qui tiennent a la sienne et quʼelle entrave ainsi, aulieu de les porter et avancer vers Dieu. – Il est vrai et trop vrai aussi, quʼelle auroit dû être soutenue et poussée, vers ce grand but, par un homme... qui a fait et fait encore son malheur et le sien... –
Jʼécrirai donc a Albertine, puisque vous le voulés: jʼespére dʼécrire aussi incessamment a Mlle Randall. – Je crois que je pourrais encore recevoir ici une reponse de vous, mon cher Monsieur, si vous en aviés quelquʼune a me faire. – Je nʼai pas besoin de vous dire lʼintéret, que je mets aux determinations que lʼon prendra aux lieux que vous habités, determinations qui peuvent, selon lʼavis general, avoir des conséquences exclusives bien longues et peinibles.
Veuillés, Monsieur et cher ami, recevoir tous mes vœux les plus ardents pour votre véritable bonheur, ainsi que celui de mon invincible attachement.
G.[autier]

[5] P. S. Je rouvre ma lettre pour ajouter, en peu de mots, puis quʼil me semble quʼils ne sont quʼune repetition, que je suis bien loin de vouloir vous detourner, le moins du monde, dʼune vocation littéraire, qui me paroit en effet la votre et un juste emploi des talents éminents, que Dieu vous a donnés: mais cʼest en le cherchant lui-même, avant toutes choses, en se mettant, autant que notre foiblesse le comporte, en rapport avec cet Etre adorable, et sous lʼinfluence de ce soleil de justice, que lʼon est veritablement eclairé et que les done intellectuels ont toute leur extension et leur veritable application. – Cherchés prémierement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses etc. –
[6]
[7] Col[ogn]y 14 7 [= septem]bre [1810]
Je veux encore ajouter a ma lettre du 10 c.[ourant], Monsieur et cher ami, quʼil est tout simple que vous soyez attiré, par un culte qui vous fait sentir quelquechose dʼanalogue aux besoins de votre ame, tandis que vous ne trouvés rien dans lʼautre. – Mais si Dieu vous fait la grace de vous donner quelque gout, quelque sentiment de sa présence, en supposant que vous vous determiniés et consacriés a la chercher et ce Royaume, premiérement et avant toutes choses, je vous assure quʼayant la pulpe qui nourrit, vous ne rechercherés plus lʼecorce, qui importe peu; jouissant de la realité, vous ne desirerés plus ce qui nʼen est que la figure. – Cela sera, jʼose lʼespérer. – Quant aux ouvrages spirituels, oú nous pouvons trouver des conseils et de puissants secours, je ne nie point que lʼattrait, involontaire et degagé de propre esprit, ne puisse et ne doive même, être suivi: – je conviens aussi quʼil est des choses, dans M. de St Martin, St François de Sales, etc, de la plus grande verité et utilité; mais je [8] suis certain aussi que, quant a la seule chose nécessaire, ce sont surtout, principalement et éminemment, les ouvrages de Madame Guion qui peuvent en mettre sur la voye. – Jʼespére que vous connoissés du moins, en entier, les 2 volumes de discours spirituels. – Les 3 volumes intitules Justifications, vous offriroient la quintessence textuelle de ce quʼont ecrit les Péres de lʼEglise et les plus grands serviteurs de Dieu, depuis les apotres jusquʼà nous, – quant aux 20 volumes dʼexplications de la Bible, je vous assure que je crois que 12 pages, au hazard, peuvent être plus réellement utiles, a toute personne de bonne volonté et toujours sous le rapport de la seule chose nécessaire, que les 22 folios de Calmet et les plus admirables ouvrages de ce genre, inutiles aux incrédules et aux mondains, parce quʼils ne les lisent pas, et plus inutiles encore, graces a la munificence de Dieu, a ceux qui sachant que la foi est un don de lui, la demandent, la reçoivent, et ne desirent plus dʼautre science. – Je vous embrasse tendrement.
[1] Cologny 10 7 [= septemb]bre 1810
Dear Sir
Jʼai eprouvé une espêce de soulagement et un sensible plaisir, en recevant lʼintéressante lettre, dont vous mʼavés favorisé et que je viens encore de relire. Je ne veux pas vous louer, mais je ne puis cependant mʼabstenir de vous dire, que ces feuilles oú votre ame fút epanchée dʼune manière si touchante, ajoutent fortement encore a la haute estime et au tendre attachement que vous mʼavés inspirés. – Me permettés-vous dʼajouter, en peu de mots, que les seules lignes de cette lettre qui, tout en touchant ma sensibilité, me font cependant une véritable humiliation sont celles qui manifestent une prévention, helas! si denuée de tout fondement a mon egard, ainsi que le jugeroient toutes les personnes qui ont quelque connoissance de moi.
Vous savés, mon cher Monsieur, que je ne crois pas que la discussion puisse jamais être utile, en fait de verités essentielles et, par lá, dʼune sphére supérieure a celle de la raison. – Je nʼessayerai donc pas de discuter les différents sujets, du plus haut intéret, que mʼoffre et traitte avec sagacité et profondeur lʼecrit que jʼai sous les yeux. – Seulement je prierai celui qui incline les cœurs a son gré, de disposer le votre en dirigeant ma plume, si malgré mon extrême infériorité de tous genres, a votre egard, et peut-être par cela même, il mʼappelloit a modifier vos idées sur quelques objets.
Vous témoignés quelque regret, de ce que les ecrits qui vous occupent actuellement, quelquʼestimable et louable quʼen soit le but, vous détournent de recherches et dʼexplorations Religieuses, plus estimables et louables encore, [2] et dont vous vous proposés de remplir, le plus tot quʼil vous sera possible et pour votre propre utilité, aussi bien que pour celle des autres, votre vie littéraire – qui ne respecteroit un tel projet, qui paroit si véritablement digne dʼun cœur et dʼun esprit, tels que les votres? – Cependant, je ne craindrois pas de dire que, si vous le realisés, vous êtes perdu. – oui, si vous entreprenés seulement Dom Calmet, votre vie nʼy suffira pas et vous aurés cependant eté detourné par ces etudes, infiniment utiles et louables, de la seule chose nécessaire, de celle a laquelle votre ame aspire sans cesse et a laquelle vous êtes continuellement invité. – Peu de mots, surtout sʼils viennent de Dieu, suffisent a un entendeur tel que vous. – Marthe, Marthe, vous vous occupés et vous travaillés pour beaucoup de choses; – cependant, – une seule chose est nécessaire et Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point otée. – Marthe sʼoccupoit de la reception de son sauveur et de reconnoitre la grace quʼil leur faisoit, en daignant les visiter: – quoi de plus juste, de plus louable? Cependant elle est reprise et celle-lá est louée, comme ayant choisi la bonne part, qui ne pensoit quʼa écouter la parole et se se laisser penetrer des salutaires influences de celui, aux pieds duquel elle se tenoit humblement assise et recueillie, dans un paisible repos. – Cʼest là la seule chose necessaire et dont il est malheureusement trop commun, que les ames le mieux intentionnées se laissent détourner par des choses, extrémement utiles et louables, mais qui néanmoins les privent du seul vrai bien, de la veritable vie, que Dieu seul peut opérer en nous. [3] Cʼest lá la veritable conversion, non a une Eglise extérieure et qui va bientȏt être détruite et renouvellée, mais a lʼEglise intérieure dont J.[ésus] C.[hrist] est le chef et a Dieu même; conversion qui, selon son sens étymologique, consiste a se tourner et a rester tourné, vers celui dont tous biens émanent sans cesse; conversion quʼil ne faut pas renvoyer, ni au lendemain, ni dʼun quart dʼheure, et qui est bien facile, puis quʼil ne sʼagit que dʼun acte de notre velonté et de chercher ainsi celui qui remplit tout de son auguste présence et de sa puissance et qui est plus, en nous, que nous mêmes. – Comment, denués que nous sommes, haletants sans cesse aprés un bonheur qui nous échappe de même, pouvons-nous, sous les prétextes même les plus spécieux et les plus beaux, négliger, eviter et nous séparer, pour ainsi dire, de celui qui nous invite continuellement et qui peut seul nous donner ce bonheur, objet de notre poursuite et de tous nos desirs?
Je suppose une legére nacelle, suivant le cours dʼune riviére peu profonde, pour arriver a la mer: elle peut être arrêtée par les racines dʼun saule antique, par des arbustes fleuris, comme par un amas dʼimmondices; – ces arbustes parfument lʼair et plaisent a tous les sens; mais ils nʼen arrêtent pas moins la faible nacelle et, si on ne lʼen dégage, elle nʼarrivera jamais a la mer, qui est sa destination. – Cʼest dans ce dégagement des choses, bonnes, ou mauvaises, belles ou défectueuses, qui nous arrêtent, que consiste le renoncement qui est exigé de nous, que le monde veut considérer comme sʼil [4] sʼagissoit de lʼécorcher tout vif, mais qui nʼest que lʼéchange de faux biens, contre des biens véritables.
Vous croirés aisément, Monsieur et cher ami, quʼen traçant faiblement ces lignes, jʼavais aussi et inévitablement en pensée, celle qui nous intéresse si tendrement lʼun et lʼautre, a qui tant de dons éminents et tant de moyens de bonheur ont eté accordés, qui nʼa pas trouvé ce bonheur dans les créatures et qui continue, cependant et quoique desabusée, a lʼy chercher, plûtot que dans celui, qui sʼest fait connoitre a elle et quʼelle nʼignore pas pouvoir seul le lui donner. – Cela est dʼautant plus déplorable, quʼil nʼest pas douteux, (car il est aussi des constellations spirituelles) que son arrêt ne soit dʼun effet trés facheux, pour plusieurs ames qui tiennent a la sienne et quʼelle entrave ainsi, aulieu de les porter et avancer vers Dieu. – Il est vrai et trop vrai aussi, quʼelle auroit dû être soutenue et poussée, vers ce grand but, par un homme... qui a fait et fait encore son malheur et le sien... –
Jʼécrirai donc a Albertine, puisque vous le voulés: jʼespére dʼécrire aussi incessamment a Mlle Randall. – Je crois que je pourrais encore recevoir ici une reponse de vous, mon cher Monsieur, si vous en aviés quelquʼune a me faire. – Je nʼai pas besoin de vous dire lʼintéret, que je mets aux determinations que lʼon prendra aux lieux que vous habités, determinations qui peuvent, selon lʼavis general, avoir des conséquences exclusives bien longues et peinibles.
Veuillés, Monsieur et cher ami, recevoir tous mes vœux les plus ardents pour votre véritable bonheur, ainsi que celui de mon invincible attachement.
G.[autier]

[5] P. S. Je rouvre ma lettre pour ajouter, en peu de mots, puis quʼil me semble quʼils ne sont quʼune repetition, que je suis bien loin de vouloir vous detourner, le moins du monde, dʼune vocation littéraire, qui me paroit en effet la votre et un juste emploi des talents éminents, que Dieu vous a donnés: mais cʼest en le cherchant lui-même, avant toutes choses, en se mettant, autant que notre foiblesse le comporte, en rapport avec cet Etre adorable, et sous lʼinfluence de ce soleil de justice, que lʼon est veritablement eclairé et que les done intellectuels ont toute leur extension et leur veritable application. – Cherchés prémierement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses etc. –
[6]
[7] Col[ogn]y 14 7 [= septem]bre [1810]
Je veux encore ajouter a ma lettre du 10 c.[ourant], Monsieur et cher ami, quʼil est tout simple que vous soyez attiré, par un culte qui vous fait sentir quelquechose dʼanalogue aux besoins de votre ame, tandis que vous ne trouvés rien dans lʼautre. – Mais si Dieu vous fait la grace de vous donner quelque gout, quelque sentiment de sa présence, en supposant que vous vous determiniés et consacriés a la chercher et ce Royaume, premiérement et avant toutes choses, je vous assure quʼayant la pulpe qui nourrit, vous ne rechercherés plus lʼecorce, qui importe peu; jouissant de la realité, vous ne desirerés plus ce qui nʼen est que la figure. – Cela sera, jʼose lʼespérer. – Quant aux ouvrages spirituels, oú nous pouvons trouver des conseils et de puissants secours, je ne nie point que lʼattrait, involontaire et degagé de propre esprit, ne puisse et ne doive même, être suivi: – je conviens aussi quʼil est des choses, dans M. de St Martin, St François de Sales, etc, de la plus grande verité et utilité; mais je [8] suis certain aussi que, quant a la seule chose nécessaire, ce sont surtout, principalement et éminemment, les ouvrages de Madame Guion qui peuvent en mettre sur la voye. – Jʼespére que vous connoissés du moins, en entier, les 2 volumes de discours spirituels. – Les 3 volumes intitules Justifications, vous offriroient la quintessence textuelle de ce quʼont ecrit les Péres de lʼEglise et les plus grands serviteurs de Dieu, depuis les apotres jusquʼà nous, – quant aux 20 volumes dʼexplications de la Bible, je vous assure que je crois que 12 pages, au hazard, peuvent être plus réellement utiles, a toute personne de bonne volonté et toujours sous le rapport de la seule chose nécessaire, que les 22 folios de Calmet et les plus admirables ouvrages de ce genre, inutiles aux incrédules et aux mondains, parce quʼils ne les lisent pas, et plus inutiles encore, graces a la munificence de Dieu, a ceux qui sachant que la foi est un don de lui, la demandent, la reçoivent, et ne desirent plus dʼautre science. – Je vous embrasse tendrement.
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