[1] Il est Monsieur des sentiments doux et flatteux dans la vie, qui vous reconcilient avec des moments de peine, et si on ne se sent consolé, au moins l’acreté de la douleur disparoit elle. Je vous dois monsieur cette jouissance, Votre bonté, Votre Interet pour notre pénible position, a Eté jusqu’au fond de mon ame. Recevez l’Expression de ma reconnoissance, et croyez que je n’oublierais jamais, les bontes que Vous avez eu pour mon fils, et les détails que vous avez bien voulu me transmettre sur ses relations. J’en ai profité. Et comme ma correspondance avec le docteur Adersbach [2] Est franche et amicale, que j’avois à lui réponder, à une lettre, qui renfermoit des plaintes sur le caractère de mon fils. J’ai profité de vos bienveillantes remarques, et ai surtout Insisté pour lui dire; que ses défauts n’existants que depuis sa maladie, il falloit extirper la cause, et moins s’arrêter aux conséquences; qui disparaitront avec le dérangement de son organisation. Je l’ai aussi engagé de Consulter avant son départ de bonn, Votre savant médecin, et de m’en rapporter l’avis. Enfin, Monsieur, j’ai profité de vos Conseils, et suis fière de les avoir reçu. Car je sais Ce que Vaut votre tems, et une lettre, si bonne, si détaillée, double de prix. lorsqu’on se dit, qu’elle main l’à Ecrite. [3] Mon fils va nous joindre sous peu, et quitte Bonn. Il ira, après avoir passé un tems à ma Campagne, avec sa soeur et son beau frère mr de montigny Jaucourt, passer son hyvert en Italie. Et nous chercherons à varier son séjour, en le partageant entre plusieurs Villes.
Permettez Monsieur, en finissant cette lettre, que j’Obtienne de vous l’Espérance, de ne plus Vous regarder comme étranger, dans notre famille, et de nous faire le sacrifice de quelques uns de vos moments, pour nous procurer l’avantage de faire personnellement Votre Connoissance. Nous Vivons l’Eté dans une belle campagne au pied des Voges. Nous sommes en peu de tems aux portes de la Suisse. C’est un pays, d’amitié et de souvenirs pour vous. Vous devez y retourner. rappelez Vous alors de la reconnoissance que je vous ai Voué, du désir que j’ai de vous recevoir chez moi, et veuillez nous Visiter, en [4] traversant notre pays. Et si vous allez Voir vos amis à paris, rappellez vous, que toute une famille sera heureuse d’y faire votre connoissance. nous y demeurons l’hyvert, et vous y receverons avec Empressement.
Veuillez agréer Monsieur l’Expression de la haute consideration que vous a Voué
Votre servante
Brnne Mathieu de Faviers
née de Franck
Kintzheim par Selestadt
13 7bre 1825